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AGENCE INTERNATIONALE FIDES - N° 4179 - 21 septembre 2001 - NF 557
DOSSIER FIDES
ARMENIE: 17 siècles de Christianisme

 

 

Du 25 au 27 septembre, le Pape Jean-Paul est en Arménie pour un voyage apostolique, à l'occasion des 1700 ans du Christianisme dans le Pays. Le Saint-Père, venant de Astana au Kazakhstan, arrivera à Erevan, qu'il visitera, ainsi que Khor Virab et Etchmiadzin où il sera l'hôte du Catolicos.

Le Pays
L'Arménie est une République asiatique du Caucase ; elle a une superficie de 29.743 km². Elle a ses frontières au nord avec la Géorgie, à l'est et au sud-est avec l'Azerbaïdjan, au sud avec l'Iran, et à l'ouest avec la Turquie. Le territoire n'a pas d'accès sur la mer, et comprend des chaînes de montages, des hauts-plateaux volcaniques, et des fosses dues à un effondrement (Lac Sevan. L'altitude moyenne est de 1.800 mètres.
L'Arménie a une population de 3.800.000 habitants, auxquels il faut ajouter 4.000.000 d'Arméniens qui vivent dispersés dans le monde. Elle comprend différents groupes ethniques : Arméniens (93,3%), Azéris (2,6%), Kurdes (1,7%), Russes (1,6%). La langue officielle est l'arménien, mais on y parle aussi le russe et le kurde. La Capitale est Erevan, qui compte 1.250.000 habitants.

Ancienne République fédérée dans le cadre des Républiques Socialistes Soviétiques , l'Arménie a proclame son indépendance le 23 septembre 1991, et, le 21 décembre suivant, elle entra dans la Communauté des Etats Indépendants. La Constitution, approuvée en1995, a renforcé les pouvoirs présidentiels. Le Mouvement National Pan-arménien (HHSh) détient 119 sièges à l'Assemblée Nationale, sur un total de 190. Le Président de la République est M. Robert Kotcharian, élu le 29 mars 1998 avec 59,49% des suffrages.

L'économie
L'agriculture et l'élevage sont les principales ressources économiques. On trouve aussi des gisements d'or, d'argent, de fer, de cuivre, de charbon, de gaz naturel. L'industrie est active dans le domaine chimique, textile, alimentaire, mécanique, et dans les matériaux de construction.
PNL : 2.112 millions de dollars US ; PNL/hab. : 560 dollars US ; force de travail : 41% du secteur primaire, 22% du secteur secondaire, 37% du secteur tertiaire. Chômage : 9,3% (1997), Dette extérieur : 666 millions de dollars US (1997).


L'Histoire
L'Arménie, dont une partie était l'ancien Royaume d'Urartu (du 9° au 7° siècle avant Jésus-Christ), un haut-plateau au nord de la Mésopotamie qui comprenait le massif volcanique des Monts Ararat sur lequel, selon la Bible, se serait arrêtée l'Arche de Noë, et où il aurait cultivé la vigne (Gen, 8, 4 ss), est peuplée depuis l'âge de la pierre. Les Arméniens sont descendants des populations indo-européennes arrivées dans ces régions à la fin du VII° siècle avant Jésus-Christ. Tout au long de son histoire tourmentée, l'Arménie a subi la domination perse, romaine et byzantine, les invasions des Turcs, des Seldjoukides (dynastie turque), des Mongols, des Tartares. Elle fut soumise aux Ottomans en 1473. Au XVII° siècle les Persans occupèrent le régions orientales, et, dans les régions occidentales, les Turcs procédèrent à de grands massacres (1894-1918), en amenant une grande partie des Arméniens à l'exil. La 1° République indépendante d'Arménie fut proclamée en 1918. Face à la poursuite des hostilités avec la Turquie, le 29 novembre 1920, elle adhère à la république Soviétique, en échange d'aides. Après l'écroulement du régime communiste, l'Arménie proclame son indépendance au mois de septembre 1991.

Le conflit du Haut-Karabakh
La province du Haut-Karabakh est habitée à 80% par des Arméniens, et faisait partie historiquement de l'Arménie. En 1921, elle fut annexée par Staline à l'Azerbaïdjan. En 1988, l'Azerbaïdjan s'oppose aux revendications arméniennes sur la Haut-Karabakh, revendications menées par le Mouvement National Pan-arménien qui demande son unification avec l'Arménie. Le nationalisme azéri se développe et des pogroms anti-arméniens se produisent. Après l'accession à l'indépendance de l'Arménie et de l'Azerbaïdjan, les combats s'intensifient, et les Arméniens du Haut-Karabakh y proclament unilatéralement une République (1991). En 1993, leurs forces armées prennent le contrôle du sud-ouest de l'Azerbaïdjan. Les combats font 30.000 morts, des foules de réfugiés et la fermeture des frontières. Depuis 1994, un cessez-le-feu a été déclaré et la présence militaire arménienne se poursuit. En 1997, la Province du Haut-Karabakh a obtenu son autonomie, et un couloir la relie à l'Arménie. Mais la situation reste " ouverte " au plan politique. (21/9/2001)

ARMENIE - Le Royaume chrétien le plus ancien du monde
Erevan (Fides) - L'Arménie a été le premier Royaume chrétien de l'histoire. L'évangélisation du Royaume d'Arménie a été l'oeuvre des missionnaires, venus les uns des régions orientales de langue syriaque, les autres de l'Asie hellénisée. Mais l'apôtre de l'Arménie est surtout saint Grégoire l'Illuminateur (257-332); Arménien, descendant la famille royale parthe des Arsacides qui régna sur la Perse de 256 avant Jésus-Christ à 224 après Jésus-Christ, il passa sa jeunesse à Césarée de Cappadoce, à cause d'une persécution déclenchée par les Perses contre les Arméniens. C'est là qu'il fut baptisé. De retour dans sa patrie, vers 288, il évangélisa le Pays, et il convertit tout d'abord le Roi Tiridate II né en 314, et le baptisa. La famille du Roi se convertit ensuite, puis toute la population d'Arménie.Il semblerait toutefois que la première annonce chrétienne remontât aux Apôtres Thaddée et Barthélémy, au I° siècle donc.

L'Eglise Apostolique Arménienne
En 390, le Catholicos Sahag le Grand rompt les liens de dépendance avec l'Eglise-mère de Césarée de Cappadoce. Il confie à une équipe dirigée par le moine Masrob, inventeur de l'alphabet arménien, la tâche de traduire les Livres Saints et les grands écrits patristiques. Pour des difficultés internes, la guerre entre Arméniens et Perses zoroastriens, les Evêques arméniens n'avaient pas participé au Concile Oecuménique de Chalcédoine en 451 (IV° Concile Oecuménique). L'Eglise Arménienne a pris une position christologique différente de celle de l'Eglise de Byzance et de Rome au VI° siècle. Après avoir ainsi lutté tout au long du V° siècle pour reconquérir sur les Perses son indépendance, l'Arménie en arriva à consommer la rupture religieuse en 491 (Concile de Vagarchapat). Le premier Concile de Dvin condamna en 506 la doctrine de Chalcédoine. Le deuxième Concile de Dvin (qui commença au mois de juillet 552 et dura plusieurs années) condamna à nouveau solennellement la doctrine de Chalcédoine. Le nom officiel est " Eglise Apostolique Arménienne ". Les " Anciennes Eglise Orientales "sont distinctes des Eglises Orthodoxes, même si elle on les appelle parfois " Eglises Orthodoxes Orientales. Par Anciennes Eglises Orientales, on désigne : l'Eglise Assyrienne Orientale, appelée anciennement Nestorienne ; l'Eglise Apostolique Arménienne ; l'Eglise Copte Orthodoxe, Les Ethiopiens Orthodoxes, l'Eglise Syrienne Orthodoxe (appelée souvent Jacobites), l'Eglise Syro-malankare Orthodoxe d'Inde, qui n'acceptent que les trois premiers Conciles Oecuméniques.

Le Catholicos d'Etchmiadzin est le chef de toute l'Eglise Arménienne ; après des déplacements fréquents, dus aux circonstances politiques, c'est à Etchmiadzin en effet que s'installe définitivement en 1441, sur le Siège originaire, le Catholicat de l'Eglise de l'Eglise Arménienne. L'actuel Catholicos est S.S. Karékine II Nersissian, qui est le 132° Patriarche Suprême de tous les Arméniens, élu le 26 octobre 1999. L'Eglise Arménienne. La hiérarchie comprend un autre Catholicos qui réside à Antélias au Liban, et deux Patriarches, à Jérusalem et à Constantinople. Sur l'ensembles des Arméniens vivant dans le Pays ou répandus dans le monde (on évalue leur nombre à 8 millions), la grande majorité appartient à l'Eglise Apostolique Arménienne.

La communauté catholique
10% environ de l'ensemble des Arméniens (habitants du Pays et membres de la diaspora) sont catholiques romains. Les émigrés arméniens de Galicie (depuis le XIV° siècle) sont unis à Rome depuis 1630 . Mais le premier grand ralliement avec Rome s'est fait avec Abraham Ardzivian en 1740. Les catholiques arméniens ont un Patriarche depuis 1742 résident à Bzommar au Liban (Patriarche de Cilicie des Arméniens). Le Patriarche catholique actuel est S.B. Nerses Bedros XIX Tarmouni (résident à Jeitaoui, Beyrouth au Liban) élu le 7 octobre 1999.

Les communautés catholiques d'Arménie et de Géorgie sont nées des émigrations du XIX° siècle, après le traité russo-turc d'Adrianopoli en 1829, quand une grande partie de la population arménienne, échappant aux conditions désastreuses de vie dans l'Empire Ottoman, préféra chercher asile sous la protection chrétienne de l'Empire russe. Ils s'établirent surtout dans les Provinces de Shirak, Tashir et Lori (l'actuelle Arménie), Djavakhk (l'actuelle Géorgie), Akhaltsikhe, Akhalkalaki, Bagdanovka-Ninodzminda.

Les Arméniens construisirent des villages, des églises, des écoles, des hôpitaux, et s'organisèrent avec leurs propres prêtres et paroisses. Ils apportèrent à la hiérarchie arménienne des prêtres diocésains et des moines qui devinrent célèbres, formés par les Pères Mékhitaristes (Congrégation de moines bénédictins arméniens fondée en 1701 par un théologien catholique arménien, Mékhitarh. Face à la persécution de 1917, ils se réfugièrent à Venise et à Vienne), sans oublier le Couvent Patriarcal de Bzommar au Liban.

Vers la moitié du XIX° siècle, on créa les premières structures et organisations ecclésiastiques dans la région. En 1909, le Pape nomme le premier Administrateur Apostolique pour l'ensemble du Caucase, Mgr Sarghis Der-Abrahamian, qui exerça ses fonctions jusqu'à la venue du régime soviétique communiste. En 1916, L'Eglise catholique d'Arménie comprenait 7 Régions ecclésiastiques (Shirak ; Akhalkalak, Akhaltsekha, Ardwin, Karin, et Crimée), 86 paroisses, 71 curés pour 172 villages. Dans ces territoires , on avait construit 70 églises ; il y avait plus de 60.000 fidèles (plus de 200.000 si on leur ajoute les Arméniens catholiques de Géorgie et de Russie). Mais avec l'installation du régime soviétique, les Arméniens catholiques furent persécutés : pendant la période stalinienne, une quarantaine de prêtres furent tués de 1936 à 1939, et de nombreuses églises furent détruites ou destinés à des usages profanes.

Une nouvelle époque
En 1991, après la chute du régime soviétique, le Pape Jean-Paul II a reconstitué la hiérarchie catholique de l'Arménie, en nommant comme Ordinaire pour les Arméniens d'Europe Orientale (Arménie, Géorgie, Ukraine et Russie) le Père Nerses Der-Nersessian, Mékhitariste de Venise, qui fut consacré Evêque le 17 novembre 1992.

En octobre 1991, on inaugura aussi l'hôpital " Redemptoris Mater " de Ashotsk, don du Pape au peuple arménien, dans le but de soulager les souffrances provoquées par le tremblement de terre du mois de décembre 1988 qui fit 25.000 morts et 700.000 sans-abri. L'hôpital est dirigé par les Pères Camilliens.

L'Eglise Arménienne Catholique est officiellement enregistrée en Arménie depuis 1992, et a son propre règlement reconnu par l'Etat. Le Siège officiel de l'Ordinaire est à Gumri (Ghiumri) en Arménie. Un deuxième enregistrement a été fait le 30 mai 2000 avec une nouvelle élaboration de son Statut. Les églises de la région de Shirak ont été restaurées et travaillent en toute légalité. De nombreuses églises, celles situées notamment dans les Provinces de Tashir et de Ashotsk, attendent encore d'être restaurées. De nombreux villages n'ont pas encore d'église et attendent leur construction.

A côté de l'Ordinaire pour les Arméniens Catholiques de l'Europe Orientale, S. Exc. Mgr Nerses Der-Nersessian, Archevêque titulaire de Sébaste des Arméniens, et de son Coadjuteur S. Exc. Mgr Vartan Kechichian, Archevêque titulaire de Mardin des Arméniens, il y a peu de prêtres : 4 en Arménie et 4 en Géorgie,. On compte aussi quelques religieuses : 9 religieuses de la Congrégation Arménienne de l'Immaculée Conception, 3 Soeurs de l'Eucharistie, 6 Salésiennes, 6 Missionnaires de la Charité (Mère Teresa de Calcutta) ; elles se consacrent activement à l'éducation chrétienne des enfants, et s'occupent des orphelins et des handicapés ; 2 Petites Soeurs de Jésus se consacrent aux malades et aux pauvres, à l'hôpital de Ashotsk. La foi est très vivante chez les catholiques. Les personnes âgées racontent les souvenirs terrifiants du passé, et les fruits amers du régime athée, et remercient Dieu d'avoir rouvert les portes des églises et de pouvoir ainsi écouter de nouveau les paroles de l'Evangile en toute liberté, et d'assister au Saint Sacrifice de la Messe.
Un des problèmes les plus urgents est la formation des prêtres. Le petit séminaire de Gumri a été inauguré en 1994 ; il accueille actuellement une dizaine de séminaristes. Les grands séminaristes suivent les cycles de philosophie et de théologie à Rome, et logent au Collège Pontifical Arménien.

Au temps de Vasken I° (mort en 1994), Catholicos de l'Eglise Arménienne Apostolique, les relations avec les communautés catholiques arméniennes étaient placées sous le signe de l'amitié et du respect. Il y eut de nombreux gestes amicaux entre les dirigeants et les membres des deux communautés. Rappelons notamment, au mois de septembre 1996, les cérémonies à l'occasion du 1° Centenaire de la naissance du Cardinal arménien Grégoire Pierre Agagianian, Patriarche des Arméniens Catholiques, puis Préfet de la Congrégation de Propaganda Fide. Pour la première fois, la figure du Cardinal Agagianian, qui avait été diffamé pendant la période communiste athée, a été publiquement louée. Il faut souligner aussi les effets positifs des rapports d'amitié fraternelle existant entre le Pape Jean-Paul II et le Catholicos Karékine I°. Le Saint-Père l'avait notamment invité à composer les méditations pour le Chemin de Croix au Colisée, du Vendredi Saint 1999.

Le rite arménien
L'Eglise arménienne, Catholique, ou Apostolique, se sert d'un rite liturgique propre, le rite arménien, considéré comme un rameau indépendant dans l'ensemble des cinq principaux rites d'Orient chrétien. Sa formation remonte au V° siècle, quand on assista à la floraison de la littérature arménienne. En 407, en effet, le jeune moine Masrob, face à des nécessités missionnaires, créa l'alphabet arménien.
La liturgie arménienne a connu l'influence syrienne, byzantine et latine ; elle a un déroulement choral, se sert d'ornements splendides, et sa musique est parmi les plus belles de l'Orient.

Parmi les caractéristiques du rite arménien, il y a la célébration de la Messe avec du pain azyme cuit le jour même de la célébration, l'absence de la " commixtio " (mélange) du vin et de l'eau dans le calice. La liturgie comprend aussi des rites suggestifs : la bénédiction de l'eau baptismale ("Djrorhnekh) le jour de l'Epiphanie, le rite de l'Ouverture de la Porte (Drnbatsekh) après les Vêpres du Dimanche des rameaux, la bénédiction des champs et des quatre points cardinaux du monde (Andastan). (21/9/2001)

ARMENIE - Le génocide est toujours une plaie ouverte
Erevan (Fides) - " Le vingtième siècle a été marqué pour nous tous par une violence extrême. Le génocide arménien, au début du siècle, a constitué un prologue aux horreurs qui auraient suivi ". C'est ce que déclare le communiqué commun, signé par le Pape Jean-Paul II et par le Patriarche Karékine I°, Patriarche Suprême et Catholicos de tous les Arméniens, le 9 novembre 2000, au cours de sa visite à Rome. C'est une des plaies les plus douloureuses de l'histoire de l'Arménie, et elle continue à saigner : par le génocide de 1915, les Turcs éliminèrent plus 1.500.000 Arméniens.

Avec le déclin de l'Empire Ottoman, sur la fin du XIX° siècle, se développe en Turquie un mouvement nationaliste, le mouvement des " Jeunes Turcs " qui prend le pouvoir en1908, et le conservera pendant dix ans. Le but de ce mouvement est la création d'un grand Empire pan-turc qui s'étende de la Mer Egée aux frontières avec la Chine. Les Arméniens, situés au milieu des Turcs de l'Anatolie et ceux du Caucase, étaient un obstacle pour la réalisation de cet projet : il fallait donc les éliminer.
L'occasion pour réaliser ce plan se présente en 1915, quand les Puissances européennes engagées dans la Première Guerre Mondiale ne risquaient pas de s'occuper des affaires intérieures de la Turquie. Tous les Arméniens valides sont appelés sous les armes, et, séparés de leurs détachements, ils sont massacrés. On arrête ensuite tous les intellectuels, les prêtres, les dirigeants politiques. Dans les villes et dans les villages habités par des Arméniens, il ne reste que les femmes, les personnes âgées et les enfants. Leur sort est la déportation, réalisée sous le prétexte de la proximité avec les régions en guerre. Beaucoup meurent de faim, de soif, de maladies et d'épuisement. Il y a un million et demi de victimes, la presque totalité des Arméniens de Turquie.

Au terme de la Première Guerre Mondiale, avec la défaite de la Turquie, le régime des " Jeunes Turcs " s'effondre. Le nouveau gouvernement institue une Cour martiale pour juger les responsables du massacre. Mais de nombreux coupables s'enfuient ou vivent tranquilles dans le Pays ; la Cour martiale est dissoute sans avoir terminé ses travaux. L'Etat Turc cesse de poursuivre les responsables, et adopte une attitude de silence, en en arrivant même à nier le génocide.
A la différence de l'Holocauste juif, reconnu et condamné par les Allemands, le génocide arménien n'a été ni reconnu ni condamné par le Gouvernement turc. A une époque récente, les Institutions nationales et internationales l'ont fait : le tribunal Permanent des Peuples, la Commission de l'ONU pour les Droits de l'Homme, le Parlement Européen, les Parlements de plusieurs pays : Russie, Bulgarie, Chypre, Grèce, Liban, Belgique, Argentine, France, Suède. Les victimes du génocide arménien sont commémorées le 24 avril. Le 7 octobre prochain, pendant le Synode des Evêques, le Pape béatifiera Mgr Ignatius Maloyan, prêtre arménien, Archevêque de Mardin, martyrisé en 1915 pendant le génocide. (21/9/2001)

ARMENIE - Une terre à vocation oecuménique
Erevan (Fides) - L'oecuménisme en Arménie fait des pas de géants : la visite du Pape pourrait être un événement décisif pour la communion entre catholiques et arméniens. C'est ce qui se dit dans la communauté chrétienne arménienne, heureuse d'accueillir le Pape dans un voyage à grande signification oecuménique.

L'esprit oecuménique était déjà vivant à la moitié du V° siècle, quand les Princes des trois nations du Caucase (Arménie, Géorgie et Albanie Caucasienne) se réunirent autour de saint Vartan Mamikonean et se rebellèrent contre la domination sassanide en défendant leur foi chrétienne. Les arméniens ne considéraient pas comme étrangers dans l'arménien classique, ni les chrétiens orientaux ni les chrétiens occidentaux. La parole aylazgi, qui désignait l'étranger, en arménien classique, ne fut jamais utilisée pour désigner un chrétien. En arménien moderne, son usage est restreint aux personnes de foi musulmane. Les controverses sur les questions christologiques, après le Concile de Chalcédoine, n'interrompirent jamais les contacts des arméniens avec les chrétiens de Perse, de Byzance, de Syrie, et plus tard, de Rome.

Le Caucase et l'Arménie ont été réceptifs pour l'oecuménisme grâce à la pluralité culturelle qui caractérisait la civilisation arménienne antique et médiévale. Durant les premiers siècles du christianisme, la culture dominante en Arménie était une fusion de traditions occidentales helléniques et romaines, et de traditions orientales anatoliennes et iraniennes. Le Pays fut la croisée des chemins de tribus émigrantes, de peuples, de religions et de cultures. Le christianisme lui-même fut introduit en Arménie par différents milieux. Il vint du sud-est et de l'ouest. L'Adiabene, l'Osroene, et la Cappadoce étaient les terres d'où sont venus les premiers missionnaires pour se rendre en Arménie

Pendant le Moyen-Age et au début de l'ère moderne, les arméniens ne renoncèrent pas à l'esprit oecuménique, pour une autre raison encore : après la perte totale de leur souveraineté nationale, (en 428, sous l'empire perse), ils considérèrent l'Empire byzantin comme un rempart du christianisme. Par la suite, sous les califes Abassides, alors que les prélats discutaient de questions théologiques, le peuple arménien , entouré de musulmans, considérait la foi chrétienne comme signe distinctif de sa propre identité.

L'esprit oecuménique a refleuri aussi à l'époque moderne. Au XVIII° siècle, on traduisit d'importantes oeuvres exégétiques et religieuses, du latin en arménien, et les Pères Mékhitaristes arméniens de Venise y participèrent. Cette tendance s'est poursuivie jusqu'à nos jours, en sorte que le clergé arménien n'est pas étranger aux contenus culturels et théologiques occidentaux. Dans les dernières années du 19° siècle, on reprit la tradition antique d'envoyer en Occident les étudiants licenciés pour leur permettre d'obtenir le doctorat.
Après les difficultés de la première moitié du 20° siècle (le génocide de 1915, et l'installation du régime soviétique), à partir de 1950 les prêtres et les étudiants arméniens recommencèrent à fréquenter les Universités en Europe et en Amérique. Dans les années 1950, l'Eglise arménienne entra au Conseil Mondial des Eglises et au Conseil National des Eglises, où elle travaille toujours activement. Le Concile Vatican II, auquel l'Eglise arménienne avait envoyé des observateurs, eut un impact positif sur les rapports entre l'Eglise de Rome et l'Eglise arménienne. Le dialogue, qui piétinait depuis plusieurs siècles, recommença et déboucha sur la visite officielle du Catholicos Vasken I° au Pape Paul VI.
Après la chute de l'Union Soviétique, les rapports entre Rome et Etchmiadzin devinrent plus étroits. L'esprit oecuménique entre le Pape Jean-Paul II et Karékine I° fut une contribution décisive : chaque Eglise reconnut officiellement l'orthodoxie de l'autre, et accepta la validité de ses sacrements. Rome a célébré le 1700° anniversaire de la conversion du peuple arménien au christianisme, tout d'abord avec une exposition sur l'art arménien dans les Palais du Vatican, et puis, à la fin de 2000, avec la restitution par le Pape de reliques de Saint Grégoire l'Illuminateur.

Dans un entretien publié en 2000, après sa mort, le Catholicos Karékine I° déclarait : " Dans le cours de notre histoire, l'esprit oecuménique n'a jamais fait défaut dans l'expérience de la foi chrétienne en Arménie, et surtout avec l'Eglise catholique romaine ". D'après le Père Jean Corbon, " dans l'histoire du mouvement oecuménique, Karékine I° est sans aucun doute un des serviteurs fraternels et désintéressés qui a contribué le plus à vivifier la communion entre les Eglises ". La Déclaration commune signée à Rome le 13 décembre 1996 par lui et par le Pape Jean-Paul II, est historique ; elle avait pour but de dissiper les malentendus hérités du passé, sur la foi des deux Eglises dans la Sainte Trinité et dans le Verbe de Dieu fait chair. (21/9/2001)

ARMENIE - Le Pape sera l'hôte du Catholicos : exemple de fraternité oecuménique (Entretien avec Mgr Claudio Gugerotti, Sous-secrétaire de la Congrégation pour les Eglises Orientales)
Rome (Fides) - " Le Pape et le Catholicos dormiront sous le même toit, ils passeront ensemble des journées entières, des moment publics et privés, ils prononceront des discours, et donneront en commun des bénédictions : c'est une nouveauté absolue, un modèle de fraternité oecuménique sans précédent ". C'est en ces termes que Mgr Claudio Gugerotti, Sous-Secrétaire de la Congrégation pour les Eglises Orientales, qui connaît très bien la langue et la culture arméniennes, explique à Fides la signification du voyage du Pape en Arménie du 25 au 27 septembre. Il a bien voulu répondre aux questions de Fides.

Quels sont les buts et la signification du voyage du Pape ?
Le voyage avait été prévu pour 1999. L'amitié personnelle qui liait Karékine I° au Saint-Père, avait permis de préparer ce qui pouvait être le premier voyage du Pape dans un Pays à majorité non-catholique de l'Orient chrétien.
L'aggravation de la santé du Catholicos ne permit pas la réalisation du voyage, mais une lettre du Pape fut toutefois déposée dans les mains du Catholicos reposant dans son cercueil. Son successeur, Karékine II tint à reprendre aussitôt le projet de voyage du Pape. Sa visite à Rome au mois de novembre 2000, eut un grand retentissement dans le monde arménien. Le voyage actuel se déroule en cette année où l'on fête les 1700 ans du baptême de l'Arménie.
La visite a une grande importance oecuménique. Pendant tout le voyage, le Pape sera accompagné du Catholicos. Il ne va pas simplement lui rendre une visite ; mais il sera son hôte chez lui pendant tout le temps de son séjour, passant ensemble des moments publics et privés. Tous deux prononceront des discours et donneront des bénédictions à la population, à l'exception de la célébration de l'Eucharistie, parce qu'il manque la pleine communion. Le Pape célébrera la Messe sur l'autel principal en dehors du complexe de Etchmiadzin, où l'Eglise Arménienne Apostolique célèbre habituellement la Messe. Tout cela représente une nouveauté absolue, et est un exemple de rapport oecuménique qui, nous l'espérons, pourra s'étendre à d'autres Eglises.

Que devons-nous en attendre ? Quels pourront être les fruits ?
On en attend que la voix de ces deux Chefs de deux Eglises redonne espérance à un peuple désespéré, en grave difficulté économique, avec une émigration déchirante, et avec un manque total de confiance d ans l'avenir. Le Pape et le Catholicos indiqueront dans le Christ la réponse à ces attentes. La trace laissée par le communisme athée ne s'efface pas en peu de temps, et il s'agit surtout de la destruction du système de référence morale. Nous espérons que ce peuple pourra se relever et se sentir protagoniste de sa propre histoire. Au plan oecuménique, la visite montre comment l'on peut vivre la fraternité, et fait sentir le souffle commun.

Quelles différence y a-t-il actuellement entre l'Eglise Catholique et l'Eglise Apostolique Arménienne ?
Pour différentes raisons, l'Eglise Apostolique Arménienne n'a pas accepté le Concile de Chalcédoine qui indiquait les deux natures de la personne du Christ. Mais, dans la déclaration signée par Paul VI et Vasken I° en 1967, les deux Eglises reconnaissent la même Christologie, même si elle s'exprime en des termes différents. Le désaccord réside dans la question de la Primauté du Pape, que l'Eglise Arménienne n'accepte pas, au moins dans sa formulation actuelle. Au-delà de tout cela, il y a une grande proximité : Karékine I° me disait qu'il était personnellement d'accord avec toutes les Encycliques du Pape, et qu'il était prêt à les signes toutes.

Comment l'Eglise Apostolique Arménienne s'est-elle préparée à cet événement
Il y a un climat d'attente et de prière. Depuis longtemps on se prépare à la célébration solennelle de l'anniversaire du baptême de l'Arménie. La visite du Pape est le point culminant de cet événement. Une délégation du Saint-Siège, présidée par le Cardinal Kasper, sera présente durant les jours qui précèdent l'arrivée du Pape, quand le Catholicos consacrera le Saint Chrême. C'est une cérémonie solennelle, qui se fait tous les sept ans, et à laquelle sont invités tous les Patriarches orthodoxes, ainsi que le Patriarche Arménien Catholique du Liban. Et puis, il y aura l'inauguration de la nouvelle cathédrale à Erevan, dédiée à saint Grégoire l'Illuminateur. Le fait qu'elle soit construite dans la Capitale de l'Etat est le signe que le Pays a retrouvé les racines chrétiennes de la civilisation et de l'identité arméniennes, détruites pendant le temps du communisme.

Quelle Arménie trouvera le Pape ? Comment est la situation économique, sociale, politique ?
Le Pays a des problèmes graves, liés à l'écroulement de l'ancienne URSS : le Pays manque d'infrastructures et de matières premières ; en dix ans, il y a eu la chute vertigineuse du niveau économique de la Nation, et la pauvreté qui en a résulté pour la population ; il y a une émigration massive qui épuise le Pays. Actuellement, il y a seulement deux millions de personnes en Arménie, sur plus de sept millions d'Arméniens dans le monde. Au début, la diaspora s'en alla vers le Moyen-Orient ; après la crise de 1915, le but principal fut la Grèce, puis la France, les Etats-Unis, le Canada, l'Australie. Ces derniers temps, l'émigration se tourne vers la Russie, et est plus facilement réversible. La population est découragée : et ceci enlève l'espérance et entache la crédibilité des institutions. Plusieurs groupes économiques ont de fortes influences négatives. On respire un climat général d'instabilité (il faut se rappeler l'attentat au Parlement au mois d'octobre 1999). A tout cela s'ajoutent les séquelles de la guerre du Haut-Karabakh, qui s'est terminée dans une stagnation difficile à résoudre au plan international. Et puis, il y a eu les effets désastreux du tremblement de terre de 1988. Depuis lors, de nombreuses personnes vivent toujours dans des baraques.

Pouvez-vous nous donner un aperçu de la communauté chrétienne ? Quels sont les principaux problèmes que rencontre l'Eglise ?
Les rapports entre les deux communautés, la communauté catholique et la communauté apostolique arménienne, sont d'une grande cordialité . Il est difficile de dire combien il y a de catholiques, étant donné le manque des registres des Baptêmes au temps du communisme. La division se fait surtout par villages. L'Evêque, Mgr Der-Nersessian, essaie de faire un recensement précis. Pour la présence de l'Eglise dans la société, je parlerais de " problèmes communs " pour les chrétiens. On se trouve aujourd'hui face à la pénétration des sectes, qui ont un impact violent sur les gens. Il faut donner le témoignage de fraternité et d'union pastorale, sans faire de prosélytisme. Un autre problème est la connaissance des contenus de la foi : une formation plus profonde est nécessaire, parce que, dans le passé, la réflexion théologique et culturelle était l'apanage de quelques intellectuels. Il est urgent aussi de lancer des initiatives concrètes dans le domaine social : les institutions ecclésiastiques doivent substituer l'Etat qui ne parvient pas à faire face à la pauvreté et à la marginalisation souvent des enfants, des orphelins, des familles.

Et les jeunes ?
Le problème le plus grand est l'évangélisation des jeunes qui sont fortement prédisposés à recevoir le message chrétien. Le risque est l'infiltration du modèle de la vie occidentale, qui véhicule des schémas de laïcisation et de société de consommation, qui sont peut-être plus dangereux que le communisme. Ce dernier a tenté de déraciner la religion dans une lutte de front ; le système capitaliste en revanche est sournois, et vide de l'intérieur les contenus de toute dimension spirituelle véritable. (21/9/2001)

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