Logo cef.fr Eglise catholique en France - Conférence des évêques de France Trouver les horaires de messes en France avec MessesInfo
ActualitésParoles d'EgliseGuide de l'EgliseEspace presseAgendaDiocèsesLiens
Vivre en ChrétienPrier   CélébrerArt Culture LoisirsSaint du jourGlossaireForumsRechercher
Actualité
Archives
Dossiers spéciaux
Chroniques
Nominations

En bref
Désolé le fichier n'est pas valide
 
Ecrivez-nous
les sites en .cef.fr
Ajoutez CEF à
   vos favoris
Ouvrez votre navigateur sur cef.fr
Plan du site
Mentions légales
Eglise Catholique
UADF © 1996-2006












 

Vous êtes ici : Accueil > Actualités > Archives > 2001

Archives Retour à la liste
 

A la cathédrale Saint Pierre de Rabat.
Célébration Inter Religieuse du 16 Septembre 2001

 

 

Devant les événements tragiques de New York et de Washington, la communauté chrétienne au Maroc, qui comprend de nombreux anglophones et en particulier de nombreux américains, a voulu célébrer une messe en la cathédrale de Rabat le samedi 15 septembre.
Cette célébration pleine de ferveur et de recueillement se déroula dans une cathédrale archi pleine. C'était notre manière de vivre devant le Seigneur ces événements, lui demandant la force de prendre notre part à la construction " d' un monde sans violence, un monde qui aime la vie, et grandit dans la justice et la solidarité " (Jean-Paul II)

Le lendemain, juste après la messe dominicale, le Gouverneur de la ville avertit le curé de la cathédrale que, en fin d'après midi, se déroulerait une célébration de prière dans cette même cathédrale où seraient invités des personnalités musulmanes, juives et chrétiennes. Ce fut un grand moment d'écoute, de réflexion, de prière entre musulmans, juifs et chrétiens, dans la cathédrale catholique " lieu où le nom de Dieu est invoquée " (S.M. Mohammed VI), à la demande de nos amis musulmans.
Dans l'assemblée, à côté de l'ambassadrice des USA, le Premier Ministre, des Conseillers de Sa Majesté le Roi, pratiquement tous les membres du Gouvernement, en djellabas blanches, de nombreux membres du corps diplomatique et de nombreux amis musulmans, israélites et chrétiens de toutes nationalités : là encore une cathédrale pleine.
Dans le chœur, un Conseiller du Roi, un représentant du Conseil Supérieur des oulémas, le Nonce Apostolique, le grand Rabbin de Casablanca, le Vicaire général représentant l'Archevêque absent du pays, un pasteur protestant, un laïc anglican et le curé de la cathédrale qui essaya de faire un lien entre tout ce qui allait être vécu.
Après le mot d'accueil en arabe, anglais, et français, fait par le curé de la cathédrale, un Conseiller du Roi lut le message, en arabe, adressé par Sa Majesté le Roi pour cet événement ; message qui, à l'aide de versets du Coran et du Hadith, condamnait, au nom de l'Islam, l'assassinat d'innocents et la violence aveugle. " L'islam est une religion qui prône le droit et le bien, la justice et l'égalité, la sécurité et la quiétude, tout comme il recommande la communication et la connaissance mutuelle entre l'ensemble des humains…….L'Islam appelle au dialogue et au débat par la bonne parole. " (S.M. Mohammed VI)

Puis le Nonce Apostolique lut en Anglais l'intervention de Jean-Paul II à l'audience du mercredi 12 septembre, élevant une prière pour que cesse la spirale de la haine et de la violence . " Mardi a été un jour sombre dans l'histoire de l'humanité, un affront terrible à la dignité de l'homme " (Jean-Paul II)
Ensuite, le Secrétaire général du Conseil Supérieur des Oulémas, le Grand Rabbin de Casablanca et un Pasteur américain de Casablanca prononcèrent des allocutions condamnant la violence et prônant le dialogue, la cohabitation et la bonne intelligence entre les religions et les hommes et principalement entre descendants d'Abraham. " Nul n'ignore que les religions révélées et leurs lois qui émanent de la même source divine ne peuvent diverger sur les grandes questions fondamentales qui se rapportent à l'Homme, à l'univers et à la vie…..L'islam considère que toute l'humanité est issue d'un même père et d'une même mère et que l'humanité est faite de peuples, de tribus et de nations qui coexistent ensemble sans rivalité ni conflits, ni haine et ont vocation à s'entre connaître, à coopérer et à se prêter assistance " ( Conseil Supérieur des Oulémas) .
" La création du monde n'a de sens que si elle est destinée à l'homme. Le Talmud nous enseigne que sauver une vie c'est sauver le monde et détruire une vie humaine c'est participer à l'anéantissement du monde …..On ne dira jamais assez la nécessité absolue de rappeler que l'humanité est une grande famille…" (Grand Rabbin)
A la fin de son allocution, le grand Rabbin demanda à toute l'assemblée de se lever, et de s'unir à lui, tandis qu'il récitait , en hébreu, une prière au Dieu puissant et miséricordieux pour les victimes des attentats

Des gestes symboliques furent posés ; ceux qui le voulaient, pouvaient venir déposer une bougie allumée, en souvenir de ceux qui étaient disparus ; les dignitaires et tous les membres de l'assemblée participèrent à ce geste. Puis pendant un long moment, ce fut pour chacun le temps de la prière silencieuse. Et avant un chant final en anglais, chacun fut invité à donner la paix à son voisin, quelle que soit sa religion.
Une grande partie de la cérémonie fut retransmise à la télévision et même sur des chaînes étrangères, tandis que durant deux jours sur plusieurs pages, beaucoup de journaux reprenaient les textes avec des interviews des plus hautes autorités politiques. Depuis le passage de Jean-Paul II au Maroc(19 Août 1985), on n'avait jamais autant parlé, publiquement, de rencontre possible entre des membres des trois religions monothéistes.
Ce fut un moment fort, il était important de le vivre ; mais tout le monde, peut-être, ne partageait pas la même analyse des événements, tout en s'insurgeant de l'horreur des faits, y compris parmi les membres de la communauté chrétienne, multinationale de notre pays..

Ce fut un moment fort, il était important de le vivre, même si nous n'avions pas eu toute la responsabilité de l'organisation et de la préparation.
Une rencontre en vérité, est-elle à cadrer ? Pouvons-nous toujours la prévoir, pouvons-nous toujours en maîtriser les conséquences ?
Sur la route d'Emmaüs, la rencontre avec " Jésus lui-même qui les rejoignit et fit route avec eux " (Lc 24/15), plus qu'imprévue, permit, à deux hommes, de comprendre le sens de beaucoup d'événements. Une telle célébration, inédite, dans ce pays qui nous accueille, n'est-elle pas riche de sens et ne doit-elle pas être source de beaucoup d'espérance ?

Vincent Landel s.c.j.
Archevêque de Rabat