Déclaration
du cardinal Etchegaray à l’issue de sa rencontre
avec le président Saddam Hussein
Je comprends que vous attendez l’instant présent
avec grand intérêt, étant donnée
l’importance de la rencontre dont je sors. De votre
côté, vous comprenez que le caractère
spirituel de ma mission donne à ma parole une tonalité
particulière à laquelle vous n’êtes
sans doute pas habitués. L’Église, en
effet, a sa manière propre de parler de la paix, de
faire la paix, au milieu de ceux qui, à des titres
divers, s’y emploient aujourd’hui avec tant de
ténacité. L’Église, selon le mot
du Pape Jean Paul II, se fait le porte-parole de la "conscience
morale de l’humanité à l’état
pur, d’une humanité qui désire la paix,
qui besoin de la paix".
C’est dans ce sens que ma rencontre avec le Président
Saddam Hussein a tourné autour de questions concrètes
que je ne peux mentionner par respect pour celui qui m’a
envoyé et celui qui me reçoit: il s’agissait
de voir si tout a été fait pour garantir la
paix en rétablissant un climat de confiance qui permette
à l’Iraq de retrouver sa place dans la communauté
internationale. Au cœur de notre entretien, était
présent tout le peuple iraquien dont j’ai pu,
de Bagdad à Mossoul, mesurer à quel point il
aspire à une paix juste et durable après tant
d’années de souffrances pour lesquelles le Pape
et l’Eglise universelle se sont montrés depuis
toujours solidaires.
Au nom du Pape, j’ose faire appel à la conscience
de tous ceux qui, en ces journées décisives,
pèsent sur l’avenir de la paix. Car, en définitive,
c’est la conscience qui aura le dernier mot, plus forte
que toutes les stratégies, toutes les idéologies,
et même toutes les religions.
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Discours du cardinal Roger Etchegaray à son départ
de Bagdad
Je viens de vivre en Iraq des journées d'une intensité
extraordinaire en communion avec celui qui m’y a envoyé,
le Pape Jean Paul II. Rarement j’ai autant senti que
je n'étais pas seulement porteur de son message de
paix, mais qu'il était lui même présent.
Je n'ai fait que le suivre au milieu des communautés
chrétiennes, de tout le peuple iraquien, auprès
du Président Saddam Hussein qui if a manifesté
une longue et profonde écoute d'une parole vive qui
vient de Dieu et que tout croyant, descendant d’Abraham,
accueille comme le ferment le plus sûr de la paix.
En quittant cette terre injustement coupée des autres,
je voudrais être plus que le simple écho, l'amplificateur
d'une aspiration d'un pays qui a un besoin pressant de paix.
Parmi les gros nuages qui se sont amoncelés ces temps-ci,
il se fait une petite éclaircie. Mais que nul ne baisse
les bras. Le nouveau et bref répit qui est donné,
doit être utilisé par tous à plein temps
et dans un esprit de confiance réciproque pour répondre
aux exigences de la communauté internationale. Le moindre
pas de ces prochains jours a valeur d'un grand saut vers la
paix.
Oui la paix est encore possible en Iraq et pour l'Iraq. Je
repars à Rome en le criant plus fort que jamais.
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