Quatre
cardinaux interrogés par une présentatrice
connue de la télévision autrichienne, voilà le
spectacle inhabituel auquel ont pu assister dans la matinée
du jeudi 29 mai, fête de l’Ascension, les participants
Congrès international pour la Nouvelle Evangélisation
qui se tient à Vienne en Autriche du 23 mai au 1er
juin 2003.
Le cardinal Christoph Schönborn, le cardinal Jean-Marie
Lustiger, le cardinal José da Cruz Policarpo, le cardinal
Godfried Danneels ont dû répondre au feu nourri
des questions de l’animatrice Barbara Stoeckl. Pas
de sujets tabous dans cet entretien. De la question de la
proximité de l’Eglise avec l’homme
moderne jusqu’à celle de la place des femmes
en passant par l’ouverture de l’Europe vers l’Est,
les cardinaux ont répondu pendant une heure trente
avec une franchise et une simplicité qui ont marqué l’assemblée.
Les quatre cardinaux ont pris position pour une Eglise
résolument ouverte sur le monde, proche des gens.
"Vous semblez avoir changé ces derniers temps,
a demandé Barbara
Stoeckl au cardinal Schönborn. Vous allez dans la rue,
dans les cafés, dans les prisons… Que se passe-t-il
?" "Il est vrai qu’il y a là un
changement, a répondu le cardinal. La fonction de
cardinal crée des distances par rapport aux hommes.
Il faut l’accepter, mais cela ne doit pas être
le dernier mot. Je n’oublierai pas ce que le propriétaire
d’un grand centre commercial m’a dit en m’accueillant
dans son établissement : "Vous devez aller au-devant
des gens.” Cette parole vaut pour toutes nos communautés
!" Les personnes qui sont ici à Vienne peuvent
attester que la mission urbaine et le Congrès de Vienne
sont une illustration de ce nouveau mouvement de l’Eglise
vers le monde.
Le cardinal Lustiger n’a pas hésité à affirmer
que l’Eglise doit avoir recours aux moyens modernes
de communication pour faire connaître l’Evangile.
"Si vous voulez faire pénétrer la foi
dans la culture d’aujourd’hui, il faut remettre
l’Evangile
dans les mains des spécialistes de marketing, relation
publique, a-t-il déclaré. Notre civilisation
remonte peut-être aux origines du Christianisme, mais
l’Evangile reste jeune dans notre vieille civilisation."
L’assemblée a éclaté de rire
lorsque les différents cardinaux ont fait mine de
vouloir de se débarrasser sur leurs confrères
de la question sur le sacerdoce des femmes. "La question
est mal posée, mais cela ne résout pas le problème,
a répondu le cardinal Danneels. Il faut en revenir à ce
qu’a fait Jésus. Il s’est choisi une mère.
Les hommes ne comprendront jamais pourquoi, mais il l’a
fait (applaudissements). La première personne qui
a vu Jésus après la résurrection est
Marie-Madeleine (applaudissements). Je ne suis pas une femme,
a confessé le cardinal, mais je pense qu’il
fallait une femme pour être la première à accueillir
le mystère et le secret de la résurrection.
Les hommes arrivent toujours un peu en retard…" "Voici
ce que j’attends de la femme dans l’Eglise,
a continué le cardinal Policarpo : l’Eglise
a un cœur ; ce cœur de l’Eglise doit s’exprimer
très fortement à travers la tendresse de votre
cœur de femmes. Et si vous tenez vraiment à être
prêtres, a-t-il ajouté en s’adressant
aux femmes dans l’assemblée, dites-le à Dieu, à l’Esprit
Saint. Ce n’est pas à nous de résoudre
ce problème. C’est au Saint Esprit !"
La table ronde s’est terminée sous les applaudissements
de la foule lorsque le cardinal Schönborn a conclu :
"Nous avons traversé une période dure
en Autriche. Nous avons été critiqués à juste
tire ou non. Récemment j’ai eu le sentiment,
de ressentir un regain de confiance, une remontée
de courage. Je crois que ce congrès va nous permettre
de faire face à l’avenir de manière nouvelle
!"
Cinq évêques français, Mgr Dominique
Rey, évêque de Toulon, Mgr Jean-Pierre Cattenoz, Archevêque
d'Avignon, Mgr Pierre d’Ornellas, évêque
auxiliaire de Paris, Mgr Guy Gaucher, évêque
auxiliaire de Bayeux-Lisieux, Mgr Thierry Brac de la Perrière, évêque
auxiliaire de Lyon, ont concélébré la
messe de l’Ascension, avec les 4 cardinaux, et plus
de 150 prêtres. Dans son homélie, le cardinal
Schönborn a rappelé l’invitation que Jean-Paul
II a lancée à Cracovie le 17 août dernier
: "Le message de la miséricorde, a-t-il rappelé,
est cette étincelle qui va préparer le monde à l’avènement
du Seigneur. Notre monde a besoin de la miséricorde.
Dans cette miséricorde, l’homme trouvera le
bonheur. Je confie ce devoir à tous les croyants,
a-t-il conclu : Soyez des témoins de la miséricorde
!"
La journée de vendredi est consacrée à la
mission et à la culture. Les congressistes vont visiter
des hauts lieux de l’histoire de Vienne et se joindre à des
Viennois dans leurs actions d’évangélisation.
Samedi, l’archevêque Peter Erdö de Budapest
s’adressera aux participants ainsi que la sœur
Elvira Petrozzi, fondatrice de la Communauté Cenacolo
qui obtient des résultats étonnants dans l’accompagnement
des personnes dépendantes de la drogue.
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