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Journées du Patrimoine et Patrimoine spirituel

Le 11 juin 2003




 

Juillet 2003
Aux curés et aux équipes d'animation paroissiale du diocèse de Clermont

Chers amis,

Permettez-moi d’attirer votre attention sur les prochaines "Journées européennes du Patrimoine" qui se dérouleront les 20 et 21 septembre prochains. Ces Journées sont une proposition du Ministère de la Culture et de la Communication, et elles s’adressent à toute la population. Elles connaissent un succès qui ne se dément pas d’année en année.

Cette année 2003, elles auront pour thème : " Le patrimoine spirituel". Il est donc évident, même si elle ne va pas être seule concernée, que l’on va demander beaucoup à l’Église catholique pour cette occasion.

Il me semble que ce thème, qui a été retenu par le Ministère, offre une occasion à saisir, plus encore que d'habitude, dans toutes les paroisses du diocèse, pour engager une réflexion de fond sur l’articulation entre patrimoine, spiritualité et vie chrétienne. A priori, nous n’avons pas à être surpris de la demande qui nous est adressée. Comme catholiques, nous avons vocation à l’universel, et donc à accueillir tous ceux qui s’adressent à nous. En les recevant, nous nous montrons disciples du Christ, lui qui est venu proposer l’Alliance à tous les hommes. Ceci étant, il convient de rester lucides, car la demande peut aussi comporter quelques ambiguïtés.

Il y a d’abord une manière de valoriser nos monuments qui tend à les considérer comme le témoignage d’un passé révolu, et qui revient donc à dire que les communautés chrétiennes n’existent pratiquement plus. Il faut démentir cette interprétation grâce à la qualité de l’accueil que nous pourrons réaliser ce jour là.

Ensuite, il y a une façon de parler du patrimoine spirituel qui tend à gommer toute référence explicitement chrétienne. Pour ne prendre qu’un seul exemple, on fait parfois comme si le nombre d’or était plus important que la Croix du Christ pour expliquer la disposition de nos églises. Il convient donc de faire apparaître la spiritualité chrétienne inscrite dans notre riche patrimoine religieux et qui continue d’être vécue par nos Communautés chrétiennes. Il s'agit d'un patrimoine vivant et qui porte une signification libératrice, aussi bien pour nos contemporains que pour nos ancêtres.

Ceci étant, et même si nous ne pouvons pas empêcher toutes ces ambiguïtés, nous avons un devoir d’accueil envers tous les visiteurs qui se présenteront, en particulier lors de ces journées du patrimoine.

En France, nous vivons sous un régime particulier, que vous connaissez aussi bien que moi. Mais j’attire votre attention sur un point. Il est clair que nous, catholiques, sommes affectataires, de par la loi, de ces édifices cultuels. Et nous tenons à ce que cela soit clairement maintenu. Mais nous devons reconnaître aussi que les travaux effectués par l’État, par les communes et les autres collectivités, nous rendent bien service. Il me semble donc que nous devons avoir une attitude a priori bienveillante envers tous les visiteurs, car, en tant que contribuables, ils participent tous à l’entretien de nos églises. Il me paraît donc correct d’en tenir compte dans notre manière de les recevoir. Ces journées sont une occasion de manifester notre gratitude envers nos concitoyens qui sont un peu chez eux dans les églises. Alors que nous approchons du centenaire de la loi de 1905, c’est sur cette base que nous pourrons le mieux faire valoir nos droits d’affectataires. Et il peut être bon de manifester ainsi à tous les Français qu’ils sont peut-être plus proches qu’ils ne le pensent de ceux qui ont construit toutes ces églises, et dont ils sont les héritiers !

Nous devons essayer d’être disponibles à tous, et nous situer d’abord sur le registre de l'information. Mais nous pouvons aussi, très respectueusement, nous situer sur le registre du témoignage, et sur celui du signe qui suggère une interprétation chrétienne de notre patrimoine commun. Nous pouvons aussi rappeler, comme le Pape Jean-Paul II vient de le dire récemment : "Pour comprendre l'art chrétien, on ne peut pas séparer l'esthétique de l'objectif religieux poursuivi par les œuvres". Ceci demande peut-être quelques explications et informations données aux visiteurs. Cela demande surtout que la présentation et la disposition matérielles des œuvres soient significatives. Il s'agit de "laisser parler" ou de "faire parler" ce patrimoine, plutôt que de parler du Patrimoine.

Nous n'avons pas à imposer une catéchèse, même si nous n’avons pas à refuser cette perspective, en cas de demande explicite ou de questionnement de la part des visiteurs. Mais nous devons, en toute hypothèse, et par divers moyens, faciliter la compréhension des œuvres d’art et des objets, pour toute personne qui vient les admirer.

Je souhaite donc que dans chacune de nos paroisses des initiatives soient prises pour ouvrir le plus grand nombre possible d’églises. Ces journées peuvent être l’occasion de remettre à l’honneur celles qui sont peut-être moins connues et moins visitées habituellement, afin de les présenter au public sous leurs meilleurs atours. Il ne s’agit pas que vous-mêmes ou votre E.A.P. soyez chargés de tout. Il me semble, au contraire, que c’est l’occasion de susciter des initiatives, au plus près des églises, des chapelles, des croix de chemins, etc. dans les différentes communes concernées. On peut penser à organiser un temps très simple de prière au cours de l’après-midi. Il ne faut pas négliger non plus l’art floral ou la musique pour marquer la destination de l’édifice. L’expérience montre qu’il ne faut pas hésiter à appeler à cette occasion des personnes peu investies dans nos communautés, mais qui peuvent se montrer très intéressées par notre démarche.

Par ailleurs, un certain nombre de catholiques va sans doute s'engager également dans des initiatives prises par des Municipalités, des Offices du Tourisme, des Syndicats d'initiative, etc. Ce sont des lieux de rencontres et de dialogue à ne pas négliger. C’est une occasion de se manifester personnellement comme citoyens, désireux de servir le Bien commun, en même temps que porteurs d'une spiritualité chrétienne.

Enfin, n’oublions pas, réciproquement, que nous pouvons aussi, à notre tour, devenir des visiteurs. Eventuellement, nous pouvons nous intéresser à d'autres lieux de spiritualité que les lieux religieux ou chrétiens ! Ce sont des lieux où nous pouvons découvrir ce qui anime d'autres personnes, et dans lesquels il nous est donné d'entrer en dialogue avec d'autres spiritualités, dans le respect de ces personnes.

La Commission diocésaine d'Art Sacré et la Commission de la Pastorale du Tourisme et des Loisirs se tiennent à votre service pour vous aider et vous conseiller dans la mise en œuvre de ces initiatives. Il me paraît souhaitable que, lors de ces Journées du patrimoine, compte tenu du thème proposé par les Pouvoirs publics, nous nous manifestations autant que nous le pourrons, "sans complexes et sans triomphalisme", selon l’expression utilisée par le Cardinal Decourtray à propos de RCF. Nous sommes invités à nous situer collectivement, comme communauté de croyants catholiques, dans un événement public national. Et je pense que c’est heureux. A nous de nous situer, discrètement mais positivement, dans une logique de proposition de la Foi, car la culture religieuse et artistique est, plus que jamais, l’une des portes d’entrée dans l’expérience chrétienne.

En espérant ne pas trop vous importuner avec cette invitation, je vous souhaite de bonnes et reposantes vacances, si du moins vous pouvez vous libérer un peu. Je vous remercie de tout ce que vous avez déjà fait pour la mise en place des nouvelles paroisses et de tout ce que vous ferez pour la vitalité de l’Eglise diocésaine.

Bien fraternellement.

+ Hippolyte Simon
Evêque de Clermont