Le Père Gabriel Matagrin, qui vient de décéder, n'était pas seulement un vieil ami des Semaines Sociales de France au Comité desquelles il a siégé jusqu'à son décès. Il fut l'un des inspirateurs de leur renouveau depuis vingt ans. Il avait participé à la plupart de leurs sessions depuis les années trente. Il y apportait le reflet des pensées qui ont fécondé le christianisme social en France: celles de Charles Péguy, Emmanuel Mounier, Jean Lacroix, François Perroux, Henri de Lubac, Pierre Teilhard de Chardin et tant d'autres.
Très lucide sur les changements de monde et d'époque qui secouaient l'Eglise, il accordait plus d'importance à la futaie qui renaît qu'au chêne qui tombe, pour reprendre le titre d'un des meilleurs livres qu'il a écrit sur le christianisme dans le monde d'aujourd'hui ( "Le chêne et la futaie", entretiens avec Charles Ehlinger, aux Editions Bayard).
Le Père Matagrin était resté un militant à travers ses responsabilités d'Eglise, notamment comme évêque de Grenoble. Il voyait grandir le christianisme en dehors d'Europe et se multiplier les formes nouvelles de spiritualité. Il appelait de ses voux un renouvellement de l'organisation de l'Eglise, plus décentralisée. Le Concile Vatican II, pour lui, n'avait été qu'un point de départ. Il nous laisse une formidable leçon d'énergie et d'espérance.
Michel Camdessus et le Conseil des Semaines Sociales de France
le 2 février 2004 |
|