CITE DU VATICAN, 17 FEV 2005 (VIS). Ce matin, près
la Salle-de-Presse du Saint-Siège, Mgr.Elio Sgreccia,
Président de l'Académie pontificale pour
la Vie, a présenté les travaux de l'Assemblée
générale de l'institution, qui se déroulera
du 21 au 23 février: "Qualité de la
vie et éthique de la santé".
La réunion s'articulera, a d'emblée précisé Mgr.Sgreccia,
autour de deux sujets "de grande actualité et de grande importance,
la qualité de la vie et ce que l'on entend par santé. Les sociétés
développées tendent à une qualité de vie optimale,
et les organisations internationales veulent assurer à tous la meilleure
santé possible... Mais l'opinion publique, ni même la classe politique,
ne sait pas encore précisément ce que l'on entend par qualité de
la vie".
Le Président de l'Académie a ensuite abordé la question
des paramètres définissant le concept, c'est-à-dire la qualité des
soins médicaux, de l'état social et économique, et de l'accès
aux biens de consommation, y compris écologiques. Puis il a indiqué qu'il
y avait une définition très différente, "au caractère
extrêmement réductif", selon laquelle "là où son
niveau qualitatif n'est pas acceptable, la vie perdrait toute valeur et ne mériterait
même pas d'être vécue... En substance, on absolutise en l'occurrence
la qualité au détriment de la sacralité, qui est relativisée".
Il est donc délicat de définir la santé, a affirmé Mgr.Sgreccia. "Si
la santé n'est pas la valeur suprême de la personne, elle constitue
toutefois un bien de la plus grande importance, impliquant le devoir moral de
la préserver et de la retrouver... Or, depuis que l'OMS a défini
la santé comme 'un bien-être complet de nature physique, psychique
et sociale', cette valeur est devenue utopique et mythique puisqu'elle porte à un
concept édoniste dont les conséquences risquent d'être mortelles...
Au nom de la santé de la femme, n'a-t-on pas légalisé l'avortement?..
Jusqu'où pourrait aller ce que l'on appelle le droit à la santé!
Existe-t-il un droit à la santé à tout prix, ou bien un
droit aux soins médicaux?".
Ensuite, M.Jean-Marie Le Méné, qui est magistrat, a traité de
la gestion sanitaire des pays riches qui évolue, a-t-il souligné,
vers une demande effreinée de bien-être. Les coûts sont ainsi
de plus en plus élevés "et mal régulés par le
marché" tandis que "dans les pays pauvres, la gestion de la
santé est pénalisée par une offre inadaptée".
Dans les pays développés, a-t-il ajouté, "de nouveaux
besoins sont promus...obéissant au seul critère du désir",
tel avoir ou non des enfants, être physiquement beaux, toujours performants
et jeunes, etc. On en arrive ainsi à exiger l'assistance à la procréation
pour qui veut des enfants, l'élimination des nouveaux-nés anormaux
ou handicapés, ou encore la clonation thérapeutique devant conduire à l'éternelle
jeuness.
Les systèmes sanitaires de ces pays, a précisé M.Le Méné,
sont "victimes des idéologies", mais aussi de véritables "pirateries,
telle la piraterie biologique consistant en la privatisation du patrimoine biologique
des pays du sud". On enregistre aussi une "piraterie juridique dans
les tentatives d'autoriser le clonage à l'ONU...alors même que la
majorité des états membres est favorable à cette interdiction
générale".
Le P.Maurizio Faggioni, théologien et moraliste, a ensuite dit que la
santé "ne se réduit pas à l'absence de maladie, car
elle comprend l'harmonie entre les diverses énergies de la personne, physiques,
psychiques et spirituelles, dans la perspective da chaque projet de vie".
Puis il a rappelé que le droit à la santé ne se limite pas
non plus "à qui jouit d'un cadre de vie préfixé. Il
dérive du droit à la vie, qui appartient à chaque individu...
Tandis que se développent des courants de pensée estimant la valeur
de la vie individuelle et le droit aux soins de santé en fonction de l'état
ou des perspectives de vie, la morale catholique souligne la valeur absolue de
toute vie humaine, ainsi que le devoir de prendre soin d'autrui. Ce devoir est
d'autant plus exigent qu'il répond à la protection due aux existences
les plus fragiles et menacées".
Ensuite, M.Manfred Lütz, psychiatre et neurologue, a indiqué que "l'on
vit désormais dans l'ère de la religion de la santé...la
santé étant devenue un bien social à l'instar des autres,
envisagée comme un produit que l'on peut fabriquer".
"Si la santé représente la valeur suprême -a-t-il ajouté-,
l'homme sain devient l'homme vrai. Par conséquent, qui n'est pas en bonne
santé et pire ne peut la retrouver, devient automatiquement un individu
de seconde ou troisième catégorie".
Monsieur Lütz a ensuite rappelé que, "selon la foi chrétienne,
le salut ne réside pas avant tout dans la bonne santé, mais dans
des situations de crise de l'existence, dépréciées par la
religion de la santé comme cas de figure à éviter ou déficit à éliminer.
Or, plutôt que dans un état de bonne santé permanent et sans
accrocs, la vérité de la vie se manifeste dans le handicap, la
maladie, la souffrance, la vieillesse et la mort".
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