60e festival d’Avignon : nous fêtons cette année les noces de diamant d’Avignon et de son festival.

En 1947, à l’époque où le pays libéré est en pleine reconstruction, où tout ce qui bouillonne dans les cœurs explose au grand jour, se réalise une rencontre d’artistes avec cette ville riche de son patrimoine religieux. Yvonne et Christian Zervos organisent une exposition d’art contemporain à la grande chapelle du Palais des papes, "une extraordinaire présence de la peinture moderne", écrira Jean Vilar. Ils invitent ce jeune metteur en scène recommandé par René Char. Jean Vilar écrit : "Le festival est né de l’idée d’un poète" .

Des années plus tard, Jean Vilar, soucieux de rencontrer le public, se rend un mardi, conduit par Paul Puaux, à la Maison des Œuvres et de l’Action Catholique, l’actuel Centre Magnanen . Chaque mardi une petite équipe, autour de Mgr Polge, se réunissait pour préparer les Dimanches du Festival : liturgie, homélie, prière pour les artistes. Ainsi sont nées les rencontres de la communauté chrétienne avec les artistes.
Cette année, les rencontres du mardi après-midi se tiendront en ce même lieu, retour aux sources, dans le vieux cellier rénové des Cordeliers.

Pour ce festival 2006, nous nous retrouverons sous le signe d’une belle formule : "À la rencontre de l’autre", qui est explicitement le titre de notre colloque, mais qui nous guidera aussi dans tous nos partages, largement ouverts sur l’altérité et sur l’échange. Déjà Jean Vilar appelait Avignon "terre de rencontre". Cette année, la programmation nous le manifeste de façon encore plus évidente.

De nombreux spectacles nous font faire le tour du monde. Nous irons à la rencontre de l’autre sous la forme de l’artiste inconnu, du comédien, du musicien, du danseur, du photographe, du peintre, du festivalier. Nous nous mettrons à l’écoute de nouveaux langages artistiques, de nouveaux espaces de dialogues, et de diverses cultures du monde. Nous irons au cœur de l’aventure humaine : souffrance-espérance; violence-paix. Ces rencontres éclairent le mystère de l’homme et nous aident à approcher ce qui est à nos yeux le plus précieux, le mystère de notre propre foi.

Notre démarche sera ainsi une offre d’amitié dans la gratuité : faire connaissance, écouter, échanger, sourire ; montrer au comédien, à l’artiste qu’il est le bienvenu, que son travail a du prix, pour tout ce qu’il y a investi de lui-même, de son humanité, de son travail, de ses espérances, et cela, même si le public attendu n’est pas aussi nombreux que souhaité au rendez-vous toujours hasardeux des représentations. En gardant présentes à l’esprit ces paroles de notre archevêque inscrites dans le petit livret "Présence chrétienne au cœur du festival" :
"Le dialogue avec les artistes rencontrés au Centre Magnanen (Foi et Culture) est l’occasion de mettre en lumière les misères, les joies, les besoins et les énergies des hommes, pour s’interroger sur la place de l’homme dans l’histoire et dans l’univers, et pour présenter l’ébauche d’une destinée humaine plus heureuse."

Père Robert Chave