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Réflexion et communiqué de Mgr Alain Planet, évêque de Carcassonne et de Narbonne.
19 septembre 2006



 


« Le 12 septembre dernier, à l’université de Ratisbonne, le pape Benoît XVI a prononcé une conférence devant les représentants du monde scientifique. Il s’est d’emblée situé en universitaire parlant à des universitaires (« c’est un moment émouvant pour moi de me trouver encore une fois à l’université, et encore une fois de pouvoir y donner une conférence »). Sa conférence portait sur les relations entre la foi et la raison : « En profondeur ce dont il s’agit c’est la rencontre entre foi et raison, entre une pensée authentiquement éclairée et la religion. ». C’est là, on le sait, un thème constant de la réflexion du professeur Ratzinger. Après avoir montré que le divorce entre raison et foi avait été initié par des penseurs catholiques de la fin du Moyen Age (Dun Scot et ses disciples), le pape montre comment à partir du XVI° siècle on va aboutir aux positions de Kant (la foi ne fait pas partie du savoir), puis d’Harnack (la foi est réductible à la morale) puis aux positions contemporaines : « seul le type de certitude qui découle de la synergie entre mathématique et empirisme nous permet de parler de scientificité. Ce qui prétend être science doit se conformer à ce critère (…) le problème de Dieu [est] un problème ascientifique ou préscientifique ». Positions qui apparaissent au pape comme une « réduction de la science et de la raison qui doit être questionnée ». Pour Benoît XVI, cette conception est un obstacle au dialogue entre les cultures et les religions « un dialogue dont nous avons un besoin urgent ». Or : « une raison qui est sourde face au divin et repousse la religion au niveau des sous-cultures est incapable de s’insérer dans le dialogue des cultures ». Si le pape trouve légitime l’autonomie des sciences de la nature, il affirme que « la question du pourquoi (…) doit être confiée par les sciences de la nature (…) à la philosophie et à la théologie ».

Selon un procédé universitaire courant il part d’un texte : le dialogue de l’empereur Manuel II Paléologue avec un intellectuel persan. Il prend soin de faire la critique du texte en montrant que « c’est probablement l’empereur qui retranscrivit le dialogue durant le siège de Constantinople (…) cela explique pourquoi ses raisonnements sont restitués beaucoup plus en détails que ceux de son interlocuteur persan ». Il explique qu’il n’entrera pas dans le débat religieux soulevé par ce colloque mais qu’il voudrait « s’arrêter sur un point plutôt marginal dans la construction du dialogue ». Et il va de fait développer l’affirmation de l’empereur : « agir de manière déraisonnable est contraire à Dieu ». Il ne prend jamais à son compte la controverse de l’empereur sur le djihad et rappelle même la sourate du Coran (II, 256) : « Aucune contrainte dans les choses de la foi ». S’il cite la mise en cause du Prophète par l’empereur, il ne se l’approprie pas. S’il cite la doctrine musulmane c’est, de fait, à partir d’un penseur zahirite, l’andalou Ibn Hazm (994-1064), qui, dans sa controverse avec les mutazilites, s’oppose aux curiosités indues de la raison humaine. Mais Ibn Hazm est précisément un penseur marqué par la philosophie d’Aristote qui, pourtant, va contester que la volonté de Dieu soit liée à quelque catégorie que ce soit, fût-ce la raison.

Si l’on peut comprendre que des gens peu familiers des formes universitaires et informés par un media indigent comme la télévision aient pu être blessés par une citation dont ils avaient du mal à comprendre le statut, l’attitude d’intellectuels reconnus, le jeu de certains journalistes est plus difficile à saisir. Il serait regrettable (et sans doute redoutable) qu’une conférence appelant au dialogue entre les cultures et les religions et voulant appuyer ce dialogue serve de prétexte à la promotion de la haine et de la violence ».

Mgr Alain Planet,
évêque de Carcassonne et de Narbonne