Si l’expression peut
surprendre – nous n’en sommes pas à un
néologisme près – elle mérite attention
dans la mesure où elle rend l’ensemble du champ
social indissociable de l’annonce de l’Evangile.
Evidence pour beaucoup ? Peut-être. Encore faut-il le
rappeler à tous ceux qui souhaiteraient la privatisation
des convictions religieuses ou de la foi, éloignant
ainsi les chrétiens des grands débats de société.
Dans l’expression de « social-évangélisation
», il n’est pas question, bien sûr, de privilégier
le premier terme par rapport au second. Pas plus que lorsque
nous parlons de « pensée sociale de l’Eglise
», nous ne perdons de vue la priorité radicale
de la Bonne Nouvelle du Christ et la mission de l’Eglise.
Mais, sauf à croire que l’Evangile est destiné
aux anges ou à nourrir la piété individuelle,
nous nous devons de rappeler que son premier champ d’application
est la vie de l’homme en société. Dans
tous les registres de l’existence humaine - famille,
travail, culture, politique, brassage interreligieux, relations
internationales et autres - la Parole du Christ interpelle
et ouvre des perspectives renouvelées.
J’ai souvenir de cette étonnante réaction,
suite à une conférence précisément
sur la pensée sociale de l’Eglise : « La
doctrine de l’Eglise est avant tout spirituelle et dogmatique»…
Loin de moi l’idée de dévaloriser l’armature
doctrinale ou la structure théologique de la tradition
de l’Eglise. Mais comment ne pas affirmer, en prenant
appui sur nombre de théologiens – en tête
desquels nos guides dans la foi que sont les Pères
de l’Eglise - que le socle de cette doctrine est évangélique
et que son premier champ d’application est bien la société
actuelle, dans toutes ses dimensions tant humaines que spirituelles
?
Il existe bien un « trésor caché au cœur
de l’Evangile », comme le rappellera Mgr Jean-Charles
Descubes - archevêque de Rouen et président du
Conseil pour les questions familiales et sociales de la Conférence
des évêques de France – lors de la prochaine
session d’initiation à la pensée sociale
de l’Eglise, proposée aux jeunes. Un trésor
d’amour, de réconciliation, de justice et de
paix, que nous portons dans nos mains fragiles et malgré
notre faiblesse et nos limites, mais qui n’en reste
pas moins un trésor, comme le rappelle saint Paul (2
Co 4,7).
Parler de « social-évangélisation »,
c’est affirmer, sans réserve et sans complexe,
que le message du Christ est aujourd’hui un ferment
de liberté et de développement équilibré
à tous les niveaux de notre société.
Mgr André Dupleix, secrétaire
général adjoint de la Conférence des
évêques de France
Billet paru dans le Courrier français, octobre 2007
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