Les 26 et 27 juin prochains,
le Comité du patrimoine cultuel invite les historiens d’art
et les conservateurs du patrimoine à partager avec les représentants
de l’Église catholique en France leurs réflexions
autour du thème « Églises des villes, églises
rurales, un héritage en partage ».
« Christine Albanel, ministre de la Culture,
a interpellé le Comité national du patrimoine cultuel*
pour organiser un colloque qui articule les dimensions cultuelles
et culturelles des églises et envisage leurs avenirs »,
indique le P. Norbert Hennique, directeur du département
national d’Art sacré et vice-président du comité
du patrimoine cultuel. Près de 300 personnes sont attendues
ce 26 et 27 juin à la Cité de l’architecture
et du patrimoine, où experts de la Culture et représentants
de l’Église échangeront sur l’intitulé
« Églises des villes, églises rurales, un héritage
en partage ». Les cadres historiques, juridiques et canoniques
seront exposés. Des ateliers approfondiront la question des
églises non protégées et du mobilier, l’intégration
dans la cité, les données pastorales.
« L’an dernier, la destruction de
quelques rares édifices religieux a suscité une véritable
émotion et une interrogation du public, avec l’impression
que toutes les églises non inscrites à l’inventaire
des monuments historiques étaient condamnées »,
rappelle Bruno Foucart, président du Comité du patrimoine
cultuel. D’où l’idée d’étudier
la réalité du phénomène de façon
apaisée et en donnant la parole à tous les acteurs.
Le groupe de travail « Usage et devenir des bâtiments
d’églises », mis en place par la conférence
épiscopale et présidé par Mgr Roland Minnerath
archevêque de Dijon, s’est également saisi de
la question.
Une église, c’est…
Pour Bruno Foucart, « une église est fondamentalement
un lieu sacré, à jamais marqué depuis sa consécration,
et un lieu de qualité architecturale vénérable
qui mérite attention ». Si le bâtiment a une
valeur plus ou moins artistique et entre par ses pierres dans la
sphère culturelle, il n’en reste pas moins en premier,
de manière permanente et perpétuelle, dédié
au culte. « Lors du rituel de la dédicace, l’évêque
consacre un édifice fait de mains d’homme pour une
fonction liturgique, pour permettre à la communauté
chrétienne de se rassembler autour de la Parole et de vivre
les sacrements. . La dédicace, à la fois, confère
à l’édifice sa destination et définit
sa nature », précise le P. Hennique.
Exception française, la loi de 1905 fait
de l’État et des collectivités locales les propriétaires
des lieux de cultes construits avant cette date, soit 90 à
95 % des cathédrales, églises et chapelles, que la
nation se charge d’entretenir. Elle met ces édifices
à la disposition des fidèles et des pasteurs qui en
sont les « affectataires ». Le nombre de clochers à
restaurer face à la création d’une seule nouvelle
paroisse pour parfois tout un canton, place les maires dans des
options budgétaires délicates. Si, depuis l’an
2000, les cas de « désaffectations » ne se comptent
que sur les doigts d’une main, des églises ont néanmoins
été détruites.
Des architectures vivantes
« Le sujet ne laisse personne indifférent. Nous comptons
tout mettre en œuvre pour que les églises restent vivantes,
conformes à leurs destinations. L’affectation au culte
est à comprendre de manière plus large », explique
Mgr Minnerath. Encourager d’autres manifestations cultuelles
que la messe, comme le chapelet, la liturgie des heures…,
est une première piste. L’archevêque de Dijon
poursuit : « Nous souhaitons une ouverture culturelle. Il
est possible, au coup par coup, d’accueillir dans une église
un concert, une exposition, une conférence, si l’activité
est compatible avec la nature du lieu. » L’accord du
curé affectataire, le caractère ponctuel de l’animation
et le respect du site encadrent cette deuxième piste. Quant
à la valorisation du patrimoine auprès des touristes,
« c’est la meilleure introduction au mystère
que l’Église incarne. La statuaire, les tableaux illustrent
la foi célébrée dans le lieu », assure
Mgr Minnerath.
La défense des églises dépasse
largement le cercle des pratiquants. Toutes ne peuvent être
classées monuments historiques, mais de nombreuses associations
citoyennes s’organisent. « Le bâtiment fait partie
de la vie locale, il est une sorte d’âme dans le village,
la mémoire collective, le témoin de grands moments
», note le P. Hennique. Il insiste : « Nous avons tous
à le faire vivre, l’entretenir et le transmettre. »
*Le comité national du patrimoine cultuel
dépend du ministère de la Culture. La moitié
de ses membres sont des représentants des différents
cultes.
En savoir plus:
Le
programme du colloque « Églises
des villes, églises rurales, un héritage en partage
»
L’Église
Catholique veut-elle encore de ses églises par Mgr Claude
Dagens, évêque d’Angoulême
Le
site de la Cité
de l’architecture et du patrimoine
Le Comité du Patrimoine
Cultuel du Ministère de la Culture et de la Communication
L’organisation de ce colloque a été confiée
au Comité du Patrimoine Cultuel du Ministère
de la Culture et de la Communication dont la mission est de
faire avancer la compréhension et la collaboration
réciproques des autorités culturelles et cultuelles
dans la connaissance, la sauvegarde, l’enrichissement,
l’usage et la promotion de ce patrimoine. La moitié
de ses membres sont des représentants des différents
cultes (Juifs, musulmans, Eglises chrétiennes…)
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