20 Juin 2008
Mme Angela MERKEL
Chancelier de la République fédérale allemande
M. Stephen Joseph HARPER
Premier ministre du Canada
M. Nicolas SARKOZY
Président de la République française
M. Yasuo FUKUDA
Premier ministre du Japon
M. Dmitry Anatolyevich MEDVEDEV
Président de la Fédération russe
M. Gordon BROWN
Premier ministre du Royaume Uni
de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord
M. George W. BUSH
Président des Etats-Unis d’Amérique
M. Silvio BERLUSCONI
Premier ministre de la République italienne
À l’approche du Sommet du G8, qui
doit se tenir au Japon, nous vous adressons cette lettre, de la
part des Conférences épiscopales catholiques, à
vous qui êtes les responsables de nos nations respectives,
pour vous appeler à renforcer vos engagements et vos actions
en faveur de la lutte contre la pauvreté dans le monde et
à aborder résolument la question des transformations
climatiques planétaires.
Comme l’a dit le Saint-Père, le pape
Benoît XVI, lors de sa visite aux Nations-Unies en avril dernier
: « Les questions de sécurité, les objectifs
de développement, la réduction des inégalités
au niveau local et mondial, la protection de l’environnement,
des ressources et du climat, requièrent que tous les responsables
de la vie internationale agissent de concert et soient prêts
à travailler en toute bonne foi, dans le respect du droit,
et à promouvoir la solidarité dans les zones les plus
fragiles de la planète. Je pense en particulier à
certains pays d’Afrique qui restent encore en marge d’un
véritable développement, et qui risquent ainsi de
n’expérimenter que les effets négatifs de la
mondialisation. »
Notre responsabilité religieuse et morale
en matière de protection de la vie humaine et de promotion
de la dignité des êtres humains, nous conduit à
nous soucier particulièrement des membres les plus pauvres
et les plus vulnérables de la famille humaine, notamment
de ceux qui vivent dans les pays en voie de développement.
Du fait de son expérience au service des pauvres, l’Église
catholique salue le fait que ce sommet porte particulièrement
sur les questions du développement et de l’Afrique.
Il est en effet capital que vous réaffirmiez
et repreniez les engagements fondamentaux contractés à
Gleneagles en 2005 et à Heiligendamm en 2007. En 2005, les
pays les plus riches du globe ont promis de consacrer 50 milliards
de dollars supplémentaires par an à l’aide au
développement d’ici à 2010, dont la moitié
à l’Afrique. Cet engagement doit être tenu et
il faudrait en prendre d’autres dans les domaines de la santé,
de l’éducation et de l’aide humanitaire. Le sommet
des Nations-Unies de septembre 2008, sur les Objectifs du Millénaire
pour le Développement, sera une occasion unique de mobiliser
plus largement la communauté internationale.
La crise alimentaire mondiale qui ébranle
principalement les pays les plus pauvres, et les terribles fléaux
du VIH/SIDA, de la malaria et d’autres maladies, rend une
action concertée encore plus nécessaire. Nous vous
demandons de faire des propositions concrètes pour atténuer
les effets de la crise mondiale sur les pays pauvres, améliorer
la couverture sociale et l’investissement éducatif,
et orienter vers des politiques commerciales équitables qui
respectent la dignité de la personne humaine et son travail.
Pour que ces mesures soient productives à long terme, il
faut que les pauvres soient acteurs de leur propre développement.
La promotion de ce qui peut leur permettre d’améliorer
leur propre sort et de participer aux domaines économique,
social, politique et culturel, fait donc partie des conditions préalables
au développement.
L’ordre du jour de votre Sommet comporte,
une fois encore, le problème de la transformation climatique
planétaire, question particulièrement importante qui,
pour nous, hommes de foi, se fonde sur l’engagement à
sauvegarder la création divine. En tant qu’évêques
catholiques, nous sommes particulièrement soucieux des incidences
que les évolutions climatiques peuvent avoir sur les pauvres.
Ce sont les pauvres - c’est-à-dire ceux qui ont le
moins contribué aux activités humaines aggravant l’évolution
du climat mondial - qui risquent d’en supporter les effets
les plus désastreux tels que les conflits mondiaux potentiels,
l’augmentation des coûts énergétiques
et les problèmes de santé. Ceci vaut en nos propres
pays tout comme en Afrique et dans les autres pays en voie de développement.
Il faudrait que le coût des mesures visant à éviter
et à s’adapter aux terribles conséquences du
changement climatique repose davantage sur les personnes et nations
les plus riches qui ont le plus profité des effets nuisibles
au développement, et ne soit pas supporté injustement
par les pauvres. Des moyens adéquats devraient être
mis en œuvre pour aider les personnes et les nations pauvres
à s’adapter aux effets de la transformation climatique,
et à adopter des technologies qui n’aient pas d’incidences
sur l’évolution climatique.
Le Sommet du G8 abordera beaucoup de questions
capitales pour la vie et la dignité humaines. Nous prions
pour que votre rencontre soit empreinte d’un esprit de collaboration
qui vous mette au service du bien commun et vous amène à
prendre des mesures concrètes pour réduire la pauvreté
et traiter la question de l’évolution climatique.
Veuillez croire, Madame, Messieurs, en notre très respectueuse
considération.
Mgr Robert ZOLLITSCH
Archevêque de Fribourg
Président de la Conférence des Évêques
d’Allemagne
Mgr James Vernon WEISGERBER
Archevêque de Winnipeg
Président de la Conférence des Évêques
du Canada
Cardinal André VINGT-TROIS
Archevêque de Paris
Président de la Conférence des Évêques
de France
Mgr Peter Takeo OKADA
Archevêque de Tokyo
Président de la Conférence des Évêques
du Japon
Mgr Joseph WERTH
Évêque du diocèse de la Transfiguration
du Seigneur à Novossibirsk
Président de la Conférence des Évêques
catholiques de la Fédération russe
Cardinal Francis GEORGE
Archevêque de Chicago
Président de la Conférence des Évêques
catholiques des Etats-Unis
Cardinal Angelo BAGNASCO
Archevêque de Gênes
Président de la Conférence des Évêques
d’Italie
|