Nous voici a la veille de la période de l'Avent, qui marque,
pour nous chrétiens, le commencement de l'année liturgique.
Ce temps est également celui de la préparation à Noël qui
nous rappellera la présence de Dieu au monde, sa proximité
et son amour pour chacun, fut-il le plus éloigne.
Cette année, l'Avent s'ouvre dans le monde, sur une grande
incertitude. La tragédie du 11 septembre aux USA a connu une
ampleur mondiale. La crise se prolonge et demeure incertaine.
L'Afghanistan, le Proche-Orient, le Soudan...
Les conditions de la vie quotidienne pèsent de plus en plus
lourdement sur une grande partie des populations en voie de
paupérisation.
Et chez nous, autour de nous, nous pouvons chercher les étoiles
qui brillent discrètement dans le brouillard : le combat de
certains contre la résignation et le fatalisme, la solidarité
dans le chômage, l'entraide dans les pénuries. Nous ne devons
pas nous nourrir d'espoir facile et d'illusions. La crise
est profonde et durable. Plus que d'économie ou de politique,
nous souffrons d'une certaine dégradation de l'humain.
Et ne nous y trompons pas. Nous sommes, nous aussi, impliques
dans cette dégradation des valeurs que nous opérons trop souvent
en bafouant ou en reniant la justice, la vérité, la liberté,
la dignité morale, l'honnêteté et la conscience dans nos comportements
et dans nos relations avec les autres.
Mais qui dit « crise », dit « choix ».
Il est encore possible que naisse un « Homme nouveau »
des dépouilles de l'ancien. Notre foi nous donne de croire
que la « création gémit dans les douleurs de l'enfantement »,
comme le dit saint Paul (Rm 8,22).
Dans la nuit de la foi, il nous reste la patience, la ténacité
et la compassion.
Notre Avent cette année prendra une allure austère, car on
ne plaisante pas avec la souffrance et on ne doit pas tricher
avec l'espérance en l'entretenant a bon marche. L'espérance
du couple qui se rendait a Bethléem dans l'hiver de Palestine
tenait a un enfant encore dans le ventre de sa mère; il n'y
avait pas de quoi pavoiser dans la nuit de l'étable.
Seuls quelques bergers salueront la naissance de l'Homme
nouveau qui devait porter le péché du Cosmos.
Il est venu. Il vient encore : patience, il reviendra.
Mgr Claude Schockert
Évêque de Belfort Montbéliard
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