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Dossiers spéciaux
 


POUR UN NOËL DE PAIX

Par Mgr Olivier de Berranger
Evêque de Saint-Denis

 

«C’est Noël, l’Occident s’empiffre ». Qui se souvient de ce mot de Mauriac ? Que dire, 40 ans plus tard, après une entrée dans le nouveau millénaire marquée par cette impuissance de l’humanité à vivre dans la fraternité et la paix ? Faut-il, qu’au-delà des réveillons à 20.000 euros par tête, il nous soit possible de songer encore «au gui, l’an neuf », en regardant l’avenir avec espoir ? Je me propose ici d’offrir deux pistes de renouveau possible. Distinctes l’une de l’autre, elles ne sont pas sans rapport l’une avec l’autre. La première concerne les échéances électorales de 2002. La seconde certaines leçons à méditer après les attentats du 11 septembre.

Le goût de la démocratie

Notre vieille démocratie montre à l’évidence des signes de lassitude. Elle est usée, malade. Et pourtant, jusqu’à plus ample informé, n’est-elle pas le moins mauvais des régimes ? Les élections sont une opportunité pour lui redonner un peu de souffle. Avant d’élire un nouveau Président de la République, puis un Parlement, quelques questions méritent d’être posées. A nos candidats d’abord, puis à nous autres, les électeurs. Mais au fait, les candidats, en démocratie, sont aussi des électeurs.

Mesdames, Messieurs, qui vous présentez à nos suffrages, soyez félicités pour votre courage. A court ou à moyen terme, nous écouterons vos promesses avec attention. Le long terme n’est-il pas cependant encore plus important ? Que nous dites-vous de la France, dans l’Union européenne et dans le monde ? Quelle lecture faites-vous de son histoire, de son tissu humain, des valeurs qui lui ont permis de se hisser à son rang, de sa capacité de médiation entre civilisations et cultures ? Nous avons certes besoin de vos compétences techniques pour nous aider à résoudre les difficiles problèmes du quotidien. Mais, las du prêt à penser, nous serons plus vigilants encore sur votre hauteur de vue.

Nous, vos électeurs, nous sommes prêts à remplir notre devoir. Mais nous ne voulons pas être considérés comme de simples consommateurs. Nous avons notre expérience propre de la vie individuelle, familiale, associative, et celle-ci, dans sa substance, échappe aux paramètres des instituts de sondage. Nous ne boudons ni le débat ni l’action. Mais est-ce pour en rester à la défense de nos acquis catégoriels ? Ou bien, croyons-nous encore qu’il existe un bien commun, supérieur au seul partage équitable de «la cagnotte » ? Par-delà leurs divergences légitimes, qu’est-ce qui unit les membres d’un même pays ? Quelle est la note qu’il leur faut faire entendre ensemble dans le concert de l’Europe et du monde ? Sans réponse sur ces points, toute politique est condamnée à l’insignifiance. La question sécuritaire est grave, c’est vrai. Le sens de l’autorité, que ce soit à l’école ou aux divers échelons de l’Etat, l’est davantage.

Faire face au défi du terrorisme

Dans son message de Paix pour le 1er janvier, Jean-Paul II évoque le combat de sa vie pour préserver la dignité de la personne face aux totalitarismes. Il condamne sans appel le terrorisme. Artisanal ou techniquement très sophistiqué, comme lors des attentats du 11 septembre, celui-ci prétend faire justice au moyen d’une violence absolue dont les premières victimes sont des innocents. Mais deux choses intriguent dans ce phénomène. D’abord, son rapport caché, à l’échelle planétaire, avec les réseaux de l’argent sale. Ensuite, son utilisation de la religion.

Les totalitarismes du siècle passé, eux aussi, avançaient masqués. Le nazisme prétendait défendre les prérogatives d’une race et le marxisme se disait le porte-parole des pauvres : ils ont semé des millions de morts. Mais après tout, ces totalitarismes-là niaient Dieu. Le terrorisme, lui, va plus loin. Il tue au nom de Dieu ! Il prend des populations entières en otage sous prétexte de les libérer du «modèle occidental » et sème le chaos en quelques minutes, au prix de la vie de ces «kamikazes », pauvres jeunes entraînés sur la voie d’un sectarisme fermé à tout dialogue.

Comme l’affirme le Pape, «c’est une profanation de la religion que de se proclamer terroriste au nom de Dieu ». Mais nous devons nous interroger sur la persistance d’inégalités qui alimente les frustrations, terreau possible du terrorisme : «Il n’y a pas de paix sans justice. Il n’y a pas de paix sans pardon ». Il ne suffira donc pas de débusquer le terrorisme et de le combattre. Il est nécessaire de réfléchir sur ses causes et sur les paradis fiscaux où se réfugient ses commanditaires. Il est au moins aussi urgent de redonner sens à l’aventure humaine.

Dans mon cœur d’évêque, je prierai, la nuit de Noël, pour que se lèvent d’autres chercheurs de Dieu. Le Dieu de Pascal et de Bach, de Martin Luther King et Mère Teresa. Un Dieu de vérité, de beauté et d’amour. Jésus-Christ. Le «modèle occidental », dans le respect des consciences et le dialogue des religions, y perdra en arrogance. Mais il y gagnera en humanisme pour des temps nouveaux. Il ne se satisfera pas d’une compétition entre le dollar, le yen et l’euro. Il puisera dans ses sources pour donner à la fraternité un Visage capable de mobiliser des libertés au service de la famille humaine.

+ Olivier de Berranger, évêque de Saint-Denis
décembre 2001