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Dossiers spéciaux



Note doctrinale
I. Histoire et foi
II. Les lieux théologiques : Ecriture et Tradition
III. Unité des dogmes mariaux
IV. Le rôle du Magistère
 

Commission doctrinale
Le dogme catholique et Marie de Nazareth :
Note doctrinale de l’analyse critique au sujet du livre
de Monsieur Jacques Duquesne,
Marie, Paris, Plon, 2004.

I. Histoire et foi
Marie de Nazareth, tout autant que Jésus, appartient à l’histoire des hommes. Elle appartient à la suite des générations, ni plus ni moins que n’importe quelle autre femme. A ce titre, les historiens peuvent chercher à la connaître, selon les méthodes et avec les instruments qu’ils peuvent utiliser pour connaître tout être humain appartenant au passé. Les documents dont ils disposent sont minces, mais à la réflexion plus abondants que pour la presque totalité de l’humanité qui nous a précédés. Les hommes et les femmes dont les historiens peuvent atteindre quelque chose de la particularité sont une part microscopique de tous les hommes.
L’Eglise, elle, affirme plusieurs faits à propos de Marie, qui la font apparaître comme une personne singulière au milieu de la vaste humanité. Ce qu’elle déclare ainsi, avec audace, l’Eglise sait qu’elle ne le connaît que par la Révélation que Dieu en fait, par la Parole adressée par Dieu et que l’Eglise accueille, qu’elle prend au sérieux, qu’elle médite et scrute, dont elle tire sa vie. C’est donc dans la foi que l’Eglise parle de Marie elle-même, c’est la foi seule qui lui permet de savoir ce qu’elle prétend savoir.

Le lecteur non averti du livre de Jacques Duquesne est impressionné par l’abondance des sources mentionnées. L’auteur semble pouvoir identifier l’origine de chaque affirmation concernant Marie. Il fait le partage entre le très-peu que les évangiles donnent à connaître et le surcroît qu’ajoutent les apocryphes et autres légendes dont il explique la constitution. Concernant les évangiles eux-mêmes, l’auteur sait distinguer entre ce qui est le plus ancien et ce qui a pu être introduit un peu après (47-48, 55-56, reprenant une hypothèse du Père Boismard ; un correctif en 173).
Mais le lecteur attentif remarque que Jacques Duquesne passe très volontiers d’un silence des textes qu’il considère comme sûrs à une affirmation qu’il sait remplir de sa facilité de conteur (30 ; 50 : "L’idée de la conception virginale n’interviendra que plus tard." ; 99 ). De façon plus réfléchie, on constate que l’auteur n’explique jamais pourquoi certains textes ont été reconnus comme canoniques et d’autres classés apocryphes, pas plus qu’il ne souligne le décalage qui existe entre la sobriété de l’enseignement de foi à propos de Marie et l’abondance de détails dans certains récits.
Il sait dire que si certaines parties des textes évangéliques sont des textes poétiques ou théologiques et non pas historiques, ces textes n’en cherchent pas moins à dire le Vrai (48). Mais il n’aide guère son lecteur à réfléchir ce que cela veut dire. On peut en tout cas espérer qu’en écrivant à propos des récits de l’enfance, qu’ "à leur lecture, il importe moins de s’attacher à la précision des faits qu’à leur sens" (27), parce que ces textes "tiennent plus de la littérature que de l’histoire", il ne veut pas dire que le rapport des évangiles avec l’histoire est du même type que celui du roman avec la réalité sociale. Au total, l’auteur voit bien que les évangiles ne fonctionnent pas comme des articles de correspondants de presse, rapportant ce qu’ils voient ou ce qu’on leur a raconté et dont l’honnêteté consiste à décrire les faits tels qu’ils peuvent être vus au plus près de l’événement et par quelqu’un qui n’a pas d’intérêt direct dans ce qui se passe. Mais il ne les traite pas autrement : cette attitude l’amène à chercher en eux des réponses à des questions qu’ils ne se posent pas, et à ne pas chercher à comprendre d’abord ce qu’ils veulent transmettre aux croyants.
L’auteur met en lumière ce que le goût du merveilleux ou le mépris de la chair qu’il prête à certaines générations ont ajouté au donné des évangiles, et ce travail est bénéfique, mais il ne voit pas comment dans le même temps la méditation des croyants, se nourrissant des évangiles, les a conduit vers "la vérité tout entière". Il reste prisonnier de l’illusion que le plus vrai est au commencement, alors que tout homme peut faire l’expérience, concernant les réalités les plus intérieures, que c’est seulement le travail de la mémoire qui permet que vienne au jour ce qui s’est joué.

De ce point de vue, le XXe siècle a connu l’entrecroisement de deux courants. L’un tendait à maximiser ce qui pouvait être dit de Marie, non pas, précisons-le, en se livrant aux fantaisies de l’imagination et de l’affectivité en ses archaïsmes, mais en cherchant le sens plein de ce qui pouvait être dit d’elle à l’intérieur de la structure précise du mystère de la foi. L’autre voulait plutôt mettre en lumière l’appartenance de Marie à l’humanité commune du Peuple de Dieu, son inscription réelle dans le peuple élu par Dieu pour être son peuple saint.
La rencontre de ces deux mouvements a abouti à la décision historique du deuxième concile du Vatican de faire du texte prévu à propos de la Vierge Marie le dernier chapitre de la constitution dogmatique consacrée à l’Eglise. Cette décision invite, c’est manifeste, plutôt à la sobriété dans les énoncés concernant Marie ; elle n’appelle cependant en rien à la relativisation de ces énoncés : bien au contraire, elle pousse à ce que le sens entier de ces affirmations soit recherché dans l’ensemble de l’histoire du salut et dans l’unité de l’Ecriture sainte.
Ainsi sont mis en lumière les deux lieux principaux où l’Eglise puise ce qu’elle peut connaître, de Marie comme de toutes les personnes qui constituent l’objet de la foi.

II. Les lieux théologiques : Ecriture et Tradition

1. La suffisance de l’Ecriture

Certains chrétiens, même catholiques, sont déroutés d’entendre l’Eglise affirmer de Marie bien des qualités que l’Ecriture sainte ne mentionne pas directement. Les mentions de la Mère de Jésus sont peu nombreuses, trop peu, paraît-il, pour soutenir l’imposant édifice des dogmes mariaux. En réalité, l’importance des quelques passages décrivant l’action ou signalant la présence de Marie ou de la mère de Jésus, ne tient pas à la somme des informations qu’ils fournissent, mais à leur place stratégique et à l’arrière-fond qu’ils mobilisent d’une lecture de la Bible méditée au long des siècles d’Israël.
L’exégèse contemporaine a apporté de ce point de vue des éclaircissements précieux : elle apprend à reconnaître dans telle notation très fine d’un des évangiles la figure constituée par les prophètes et par la prière de la synagogue de la Fille de Sion ou de l’Epouse ; elle rend attentif aux détails retenus par les auteurs du Nouveau Testament qui invitent à considérer Marie dans la série des femmes qui ont joué un rôle dans l’histoire du salut ; elle oblige à considérer la mère de Jésus non pas seulement selon ce qui est commun à toutes les femmes mais à l’intérieur de la figure de la femme que dessinent l’unité de l’Ecriture sainte d’Israël et la pratique cultuelle et rituelle du peuple de l’Alliance.
Ainsi, les traits épars fournis par le Nouveau Testament à propos de Marie, si éparpillés qu’ils paraissent au regard de l’historien qui voudrait reconstituer la biographie de la mère de Jésus, représentent un tracé très précis et très dense aux yeux rendus attentifs au fonctionnement de l’Ecriture où est donnée la Révélation de Dieu.

2. L’Eglise et Marie

L’attention à l’Ecriture conduit d’elle-même à l’autre lieu concret où l’Eglise apprend à connaître qui elle doit connaître dans la foi. Ce que l’unité du Nouveau et de l’Ancien Testament invite à reconnaître de la place de Marie, mère de Jésus, dans l’œuvre du salut, renvoie à la vie du peuple de Dieu en son intégralité. La présentation de Marie que donnent les écrits néotestamentaires se nourrit de la lecture de l’Ancien Testament ; elle se réfère tout autant à ce que la grâce du Christ donne aux croyants de tous temps et de tous lieux de recevoir et de déployer. Puisque Marie est la croyante en qui éclôt pleinement la foi d’Abraham et des pères, l’Eglise se doit de reconnaître en elle la plénitude de l’expérience et de la foi et de la grâce qu’elle fait à travers les siècles.
Les dogmes de l’Eglise à propos de Marie ne naissent évidemment pas d’une enquête historique visant à reconstituer ce que Marie disait ou pensait d’elle-même et pas davantage sur l’opinion des Apôtres ou de quelque autre contemporain ; ils naissent de la reconnaissance par l’Eglise de l’œuvre de Dieu en elle et à travers elle, de l’expérience de la grâce qui brille dans les saints de tous genres, aussi bien les martyres que les vierges, les pasteurs et les docteurs que les héros de la charité, les consacrés que les laïcs. La sainteté ainsi vécue au long de l’histoire porte bien sûr des traits que l’historien peut repérer et analyser ; elle n’en est pas moins aussi et plus fondamentalement le fruit de l’œuvre de Dieu en chacun, et ces voies mystérieuses de l’Esprit ne sont vraiment connaissables que selon une logique spirituelle qui suppose la foi.
Cette simple remarque jointe à la précédente permet de comprendre que l’Eglise a, en raison de sa foi, autre chose à dire sur Marie que ce que l’historien le plus honnête et consciencieux peut avancer. Elle permet au croyant de faire un pas supplémentaire en reconnaissant en Marie une œuvre singulière de la grâce, liée au choix de Dieu et à la mission particulière qui lui est confiée. Sur ce point, catholiques et protestants ne sont pas d’accord, il faut en être conscient, un travail d’explicitation et de recherche est encore nécessaire, mais la différence ne tient pas seulement à ce qui peut ou ne peut pas être affirmé de Marie, elle vient beaucoup plus largement de la compréhension de la vie de grâce et de l’action de l’Esprit-Saint.

III. Unité des dogmes mariaux

La racine des dogmes concernant Marie est l’affirmation de sa maternité divine. Ce point, s’il a pu ne pas être clair, a été aujourd’hui suffisamment réaffirmé pour ne pouvoir être mis en doute. L’affirmation première concerne donc le Christ. Ceux qui s’inquiéteraient de transporter dans la vérité de la foi un énoncé qui rappelle plusieurs traits des mythologies, doivent se souvenir de deux choses.
Tout d’abord, que bien des générations chrétiennes se sont émerveillées de trouver dans le cœur de la foi des motifs transportés déjà dans les religions et les cultures natives ; elles ont vu dans ce fait un signe de l’unité de la nature humaine toute entière appelée par Dieu au salut et travaillée par Lui à cette fin. Ensuite, que les Pères de l’Eglise et les conciles qui ont été reconnu comme oecuméniques ont fourni un travail conceptuel formidable pour dégager l’affirmation de l’incarnation du Verbe de Dieu et de la maternité divine de la mère de Jésus de toute faiblesse de pensée aboutissant à traiter le monde divin comme un double du monde humain. De ce travail a résulté la mise au jour de la dignité de la nature humaine et de la grandeur inaliénable et insubstituable de chaque personne humaine. L’effort nécessaire pour dire la vérité de l’incarnation du Verbe de Dieu a obligé à réviser en les approfondissant considérablement les catégories mises au point par la philosophie grecque pour penser l’étrange fait de l’homme.
Les dogmes de la virginité perpétuelle de Marie, de sa conception immaculée et de son assomption troublent certains encore, qui y devinent l’affleurement de réactions archaïques devant l’énigme de la sexualité, de la mort et du mal. Là encore : que de telles nostalgies existent ne prive pas les affirmations de foi de leur vérité. Au contraire : il convient, et à ce travail les théologiens s’attellent et doivent s’atteler toujours, de relier ces affirmations à l’ensemble du dogme chrétien, notamment à l’affirmation de la bonté et de la sacramentalité du mariage, à la résurrection du Christ Jésus et à la nôtre, âme et corps, à celle du péché en son origine et en ses effets et du salut procuré par la mort par amour du Fils fait homme.

Le livre de Jacques Duquesne cherche moins à établir ce qui peut être dit de Marie au titre de l’histoire (il serait plus mince encore) qu’à démontrer l’impossibilité de la conception virginale de Jésus et de la virginité perpétuelle de Marie. La démonstration est essentiellement menée de la façon suivante : au long du livre, l’auteur s’emploie à dénoncer le mépris de la chair et de la sexualité dont ont souffert ceux qui ont été les promoteurs ou les défenseurs de la foi en la virginité de Marie.
Deux arguments s’y ajoutent, pour affermir chacun des deux pans de la thèse : la génétique vient assurer l’impossibilité de la conception virginale de Jésus (56) ; l’étude minutieuse de la mention des "frères de Jésus" dans le Nouveau Testament aussi bien que dans la littérature qui l’entoure celle de la virginité perpétuelle de Marie (l’ensemble du chapitre ).
Dans la manière dont l’auteur traite le premier argument, on craint d’entendre qu’il soupçonne les tenants de la conception virginale d’avoir pensé ou de penser que l’Esprit-Saint aurait fécondé Marie, comme l’époux son épouse (54-55), idée, faut-il le préciser, que nul ne peut lire chez quiconque a un peu de sens spirituel, quoi qu’il en soit des "poètes romantiques". Mais, surtout, l’auteur oublie que la foi d’Israël et de l’Eglise est que le Dieu qui envoie le Messie est aussi le Dieu créateur, à moins qu’il ne trahisse ainsi une conception bien pauvre, mécanique, de la création.
La discussion menée à propos des "frères et soeurs de Jésus" est faite avec précision ; une chose y est prouvée : qu’aucun document, aucune analyse philologique n’oblige à décider dans un sens ou dans l’autre. La décision ne peut venir que d’autres éléments de réflexion. Dans le cas de Jacques Duquesne, de sa conviction que l’affirmation de la virginité relève du refus de la sexualité ; dans le cas de l’Eglise, qu’il s’agit de bien autre chose, et notamment du fait que quiconque fait la volonté de Dieu est pour Jésus "un frère, une sœur et une mère" (Mc 3, 31-35).
Concernant l’attitude face à la sexualité, l’histoire de la pensée humaine porte, c’est évident, la marque double de la fascination et du mépris. Jacques Duquesne a beau jeu de signaler que Tertullien et saint Augustin, hérauts de la virginité, de celle de Marie surtout, ne furent pas moralement exemplaires dans leur jeunesse. Il comprend leur exaltation de la virginité, après leur conversion, comme une sorte de réaction de compensation, dont l’excès viendrait contrebalancer leurs excès antérieurs. On peut aussi reconnaître que s’est opéré dans l’histoire de l’humanité, notamment à travers eux, un travail, lent et complexe, d’appropriation de la sexualité. La virginité de Marie indique à la sexualité humaine une autre destinée que l’anarchie des pulsions et la moralisation du mariage.

Dans son essai d’explication de la foi en la virginité perpétuelle de Marie, il est regrettable que Jacques Duquesne, jamais, ne mentionne ce que des milliers de religieux et de religieuses ayant voué la virginité ou des milliers d’époux et d’épouses ayant vécu la chasteté du mariage, permettent à l’Eglise de connaître de la beauté, de la délicatesse, de la justesse des relations humaines possibles, qui reflètent déjà ce que la charité éternelle nous donnera. Le titre même d’un de ses chapitres : "Marie, mère de famille nombreuse » indique comme construire de toutes pièces un idéal est délicat. Dans tout ce que la tradition chrétienne a concentré en Marie, l’Eglise puise quelques ressources pour penser ce que l’on appelle parfois « le mystère du Féminin".
La tentation constante de l’esprit humain consiste à ramener toute la réalité à ce qu’il en comprend, à tel moment de l’histoire où l’on se trouve, tandis que l’effort de la foi consiste à reconnaître ce que Dieu fait au delà de toute espérance et qui renouvelle notre regard sur le réel qui est à notre portée. On peut chercher à ramener la maternité de Marie à l’expérience commune de la maternité, on peut accepter que la maternité divine de cette vierge-là, choisie par Dieu pour donner naissance au Messie d’Israël, nous fasse regarder d’une autre manière ce que sont la maternité et la paternité humaines.

IV. Le rôle du Magistère

1. Le caractère définitif de la grâce

Mais le principal obstacle pour beaucoup à accepter les dogmes mariaux vient de leur proclamation par le Magistère de l’Eglise. Même en considérant leur enracinement dans l’unité de l’Ecriture sainte et dans la vie de foi et de grâce du Peuple de Dieu, on peut s’interroger sur l’étrange capacité qu’auraient quelques-uns de décider, à un moment de l’histoire, de la vérité pour tous. On voit que le dogme naît de la recherche et de la réflexion des exégètes et des théologiens conjointes avec la vie globale des croyants dans l’Eglise, avec ce qu’elle comporte de dévotions, de révélations particulières, mais avant tout de vie sacramentelle et liturgique et de méditation de la Parole de Dieu. Mais comment et pourquoi, à un moment donné, fixer dans des formules qui veulent s’imposer à tous, ce qui aurait pu rester à la libre disposition de chacun, dans l’unité d’une foi concentrée sur son essentiel ?
La question du Magistère de l’Eglise, de son institution, de son autorité et de son fonctionnement, ne peut être abordée dans un note si restreinte, mais l’interrogation que suscitent les dogmes mariaux permet de souligner le fait suivant : le Magistère de l’Eglise relève du caractère eschatologique de l’Eglise, de son appartenance à ce que le Christ mort et ressuscité a opéré de manière définitive. Par lui, assurance est donnée aux croyants qu’ils peuvent dire des choses vraies de Dieu et de son œuvre, que dans la faiblesse des mots humains et la relativité des concepts, ils atteignent par la grâce du Sauveur ce dont ils vivront dans la gloire éternelle.

2. Dogmes mariaux et Magistère

Les dogmes mariaux peuvent sembler toucher des objets seconds, voire secondaires, du fait du salut ; en réalité, ils manifestent la capacité promise aux hommes grâciés de contempler vraiment l’œuvre de Dieu et de pouvoir, au bout du compte, au terme de l’histoire, en admirer l’architecture globale et les détails qui contribuent à la beauté de l’ensemble. Ce que l’Eglise enseigne de Marie de Nazareth annonce ce que Dieu veut donner à ceux qu’Il appelle à sa joie.
Trop facilement, le Magistère est perçu comme exerçant la fonction d’un garde-fou - ce serait la vue optimiste -, ou celle du tuteur veillant sur des adolescents, - c’est la vue pessimiste. On manque ainsi ce qui est essentiel aussi dans cette tâche héritée des Apôtres : la louange de Dieu suscitée par la connaissance de l’œuvre de son amour.
Mais qui comprend cela doit se garder alors de recevoir le dogme comme un savoir enfermé dans une formule. Pris ainsi, les dogmes mariaux risqueraient de surcharger le donné de la foi, d’augmenter encore le poids des choses à croire. En réalité, comme les autres dogmes, ils doivent orienter le regard vers les autres affirmations de la foi, obliger les croyants à chercher plus haut en Dieu et plus profondément dans la conversion de leur vie l’unité de tous les dogmes, inviter à recevoir de Dieu et de la destinée finale où Il nous conduit plus de lumière pour vivre les réalités les plus simples de notre existence terrestre : le fait d’être engendré et d’engendrer, le fait d’avoir un corps et de mourir, le fait d’être chacun un être singulier et d’être uni à tous les autres et si dépendants d’eux.

Chacun de nous sait ce qu’est être un homme ; à mesure qu’il grandit en âge et en grâce, il découvre qu’être homme est un mystère. Le croyant qui consent que Dieu le mène où il ne peut aller seul se réjouit de trouver dans le dogme, et notamment dans le dogme marial, de quoi contempler la gloire où Dieu nous conduit.