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Dossiers spéciaux



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Jésus, fondateur ou fondement de l'Église ?
Réflexion de Mgr Francis Deniau, évêque de Nevers sur l'émission diffusée le 3 avril 2004

"Jésus n'a pas fondé l'Église". C'est la première phrase de Daniel Marguérat, exégète protestant dans le premier épisode de la série diffusée par Arte sur les Origines du Christianisme. Mais la parole lui est coupée très vite, alors qu'il allait s'expliquer là-dessus. Et c'est Jean-Pierre Lemonon, un bibliste catholique, qui enchaîne : "Jésus propose de relire la tradition d'Israël, avec le visage d'un Dieu Père ; Jésus a donné quelques signes d'ouverture aux païens (représentés par les publicains e les pécheurs), mais il a d'abord voulu le renouveau d'Israël".

Ce début est caractéristique de la méthode de Mordillat et Prieur dans la série d'émissions d'Arte. Cela donne une apparence de dialogue. Mais les intervenants ont été filmés séparément. Et les auteurs des émissions ont découpé leurs interventions en rondelles qui sont ensuite juxtaposées. Le premier intervenant n'a pas le temps d'aller au bout de sa démarche. Le second semble lui répondre ou continuer sa pensée, mais c'est un fragment d'une autre intervention que les auteurs ont placé là. Avec des juxtapositions de rondelles, et avec la voix off qui rythme les interventions et indique ce qu'on peut penser, on peut faire dire aux intervenants n'importe quoi. Au bout du compte c'est la pensée de Mordillat et Prieur qui est exposée grâce aux intervenants, tandis que ceux-ci sont utilisés sans avoir le temps de développer leurs hypothèses et leurs arguments.

"Jésus n'a pas fondé l'Église"  : beaucoup seront choqués par cette phrase. Nous touchons pourtant là quelque chose d'important, non seulement d'un point de vue historique, mais dans la théologie chrétienne. L'Église n'est pas la continuation de l'activité de Jésus prêchant dans les synagogues, sur les routes de Galilée ou de Judée, guérissant les malades et enseignant les disciples. Entre ces actes de Jésus et la naissance de l'Église, il ne s'est rien produit de moins que la Passion et la Résurrection. L'Église est fondée sur Jésus Christ mort et ressuscité. Elle naît avec la foi de ceux qui reconnaissent la résurrection du Crucifié, et qui deviennent témoins de la résurrection de Celui qui, depuis son baptême par Jean-Baptiste, avait annoncé la bonne nouvelle, manifesté l'amour gratuit du Père, invité à un changement de vie - puis qui avait donné sa vie sur la croix.

Cette foi se propage à partir de la résurrection et grâce au don de l'Esprit qui va donner aux disciples l'intelligence des paroles et des actes de Jésus, la relecture de la passion selon les Écritures, et le courage du témoignage.

La fondation de l'Église repose sur les jours de la Passion, de la Résurrection et de la Pentecôte . Jésus n'est plus le maître qui enseigne ou qui organise la communauté. Il est le Vivant dont la communauté vit en annonçant sa mort, en proclamant sa résurrection, en attendant sa venue dans la gloire, comme nous le chantons dans les anamnèses de nos Eucharisties, comme les premiers chrétiens en avaient l'expérience très forte. Jésus y est reconnu comme Christ (Messie) et Seigneur, comme le Fils de Dieu, comme il n'a pu l'être que dans la lumière de la résurrection et le don de l'Esprit Saint.

Jésus n'est pas le fondateur de l'Église. Il en est le fondement . Le Christ ressuscité demeure à jamais présent à la vie de son Église. Et l'Église n'a pas d'autre raison d'être que de proclamer partout dans le monde : "Jésus est Seigneur", autrement dit, il est le fondement de l'espérance, pas seulement des chrétiens, mais finalement de toute l'humanité, même si peu encore le reconnaissent. Je dis cela dans ma foi.

L'approche historique ne nous donne pas de certitudes définitives, mais une série d'hypothèses dont certaines obtiennent aujourd'hui le consensus des exégètes et des historiens, dont d'autres sont objet de discussion et de débats. Les émissions ne le laissent pas assez sentir, à mon avis, si bien que le téléspectateur, trop guidé par les auteurs, ne perçoit plus les hypothèses et les visions de l'histoire différentes selon les intervenants.

Un consensus entre historiens et exégètes s'exprime dans la première émission : l'extrême diversité du judaïsme au temps de Jésus. Il y a des courants, dont certains sont bien présents dans les évangiles : pharisiens, sadducéens, zélotes, disciples de Jean-Baptiste... ; et le courant essénien, connu par l'historien de la fin du premier siècle Flavius Josèphe et par les découvertes des manuscrits de la Mer Morte.

Dans cette grande diversité, Jésus et ses disciples font entendre leur voix. Et il en sera ainsi de l'Église naissante après Pâques : elle sera d'abord perçue, par les autres juifs et par les chrétiens eux-mêmes, comme un courant juif parmi d'autres, courant qui reconnaît Jésus comme Enseignant et comme Messie.

Mais qui est Jésus pour la foi chrétienne ? Et est-il possible de donner sa foi à un Messie crucifié ? Sous la conduite de l'Esprit Saint, la réponse chrétienne va découvrir peu à peu l'ampleur du don que Dieu nous fait en Jésus, jusqu'à le reconnaître comme le Fils Unique et la Parole de Dieu, présent de toute éternité auprès du Père, dans l'unité du mystère de Dieu.

Nous en revenons là à l'expression de la foi, dont nos intervenants vont chercher le développement et les péripéties dans l'histoire. Ici, les hypothèses sont diverses. Emmanuelle Main, historienne, note justement que les documents dont nous disposons ne nous permettent pas de nous faire une idée d'ensemble de cette époque. Mais pour notre foi, c'est l'Esprit Saint qui est à l'oeuvre, et, il n'y a pas de rupture ni de nouveauté radicale au cours de ce développement dans l'histoire, simplement un approfondissement de la découverte du matin de Pâques.