Le président de la Conférence des évêques
de France a présenté les principaux points
du motu proprio et expliqué les raisons profondes
qui ont conduit le Pape à publier ce document. Il
a également évoqué la mise en oeuvre
pratique de ces décisions en contexte français.
Au cours de son exposé,
le cardinal Ricard a tout particulièrement insisté
sur les motivations du Saint-Père : Benoît
XVI porte le souci de l’unité des catholiques.
Il veut favoriser la réconciliation entre catholiques
et réconcilier l’Eglise avec son passé
liturgique. Le Pape souhaite une réconciliation avec
les disciples de Mgr Lefebvre. Il fait un geste dans leur
direction mais il sait que les différends ne sont
pas seulement liturgiques. De plus, ce qu’il dit dans
sa lettre sur l’autorité du concile Vatican
II et sur le bien-fondé de la réforme liturgique
risque de rendre le dialogue un peu plus difficile. Si le
Pape tend la main, il ne transige pas avec les convictions
de fond. De fait, le motu proprio s’adresse en premier
lieu à ces catholiques fidèles au pape et
respectueux de l’autorité du Concile qui souhaitent
pratiquer avec les livres liturgiques de 1962.
Les points les plus importants
du motu proprio, a indiqué le cardinal Ricard, sont
les suivants :
pour la célébration de messe sans assemblée,
tout prêtre peut célébrer selon la forme
ordinaire du rite (missel de 1970) ou selon la forme extraordinaire
de ce même rite (missel de 1962).
De même, toute communauté ou congrégation
peut célébrer la messe selon l’une ou
l’autre de ces formes du rite, après décision
de ses supérieurs majeurs.
Un groupe stable de paroissiens peut demander au curé
la célébration de la messe selon le missel
de 1962. Si cela lui semble possible, compte tenu du bien
spirituel de ce groupe et du contexte particulier de sa
paroisse, le curé peut accéder à cette
demande.
Les sacrements de baptême, mariage, pénitence,
onction des malades et confirmation peuvent être également
célébrés selon l’ancien rituel,
ainsi que les funérailles.
Dans le cas où un curé ne peut répondre
positivement, il en réfère à l’évêque
qui étudie à son tour la demande. Si celui-ci
ne peut pas non plus répondre positivement, le cas
peut être soumis à la commission Ecclesia Dei.
Il est clairement indiqué, dans le texte du motu
proprio, que la célébration suivant le missel
de 1970 est la forme « ordinaire » de la liturgie.
La célébration suivant le missel de 1962 en
est la forme « extraordinaire ». Il ne s’agit
donc pas de bi-ritualisme, mais bien d’un seul rite
qui peut être célébré suivant
deux formes différentes, dont l’une –
celle de 1970 – est la forme habituelle. Autrement
dit, il n’est pas question d’un « retour
au latin » et ce motu proprio ne changera rien, en
pratique, pour une très grande majorité des
catholiques.
Le président de la Conférence des évêques
de France a également souligné que le Pape,
dans le motu proprio comme dans sa lettre aux évêques,
rappelle l’autorité du Concile.
Pour lui, le concile Vatican II ne constitue pas
une rupture, mais un enrichissement s’inscrivant
dans la continuité de l’histoire et de la Tradition
de l’Eglise. Le Pape a d’ailleurs, à
maintes reprises, invité les catholiques à
poursuivre la réception du Concile. Quant à
la liturgie ancienne – qui n’a jamais été
abrogée – elle ne saurait être supprimée.
Il estime qu’elle a nourri la foi des fidèles
pendant des siècles et qu’elle peut continuer
encore aujourd’hui à nourrir ceux qui y ont
recours. C’est pourquoi Benoît XVI incite à
accepter les demandes des personnes attachées à
la forme ancienne du rite, tout en restant convaincu que
ce mouvement, dans les faits, restera limité.
A ces personnes, le Pape demande expressément
de reconnaître les textes conciliaires ainsi que la
richesse de la liturgie de 1970. Il indique à
ce propos que ces deux formes du rite romain pourront mutuellement
s’enrichir.
Benoît XVI sait qu’entre catholiques «
conciliaires » et catholiques « traditionalistes
» les relations sont parfois tendues. Il demande aux
uns et aux autres de prendre un chemin de réconciliation
et de communion. Son motu proprio et sa lettre donnent aux
uns et aux autres des balises pour poursuivre la route.
Le cardinal Jean-Pierre Ricard a également évoqué
la mise en pratique de ce motu proprio, demandé par
le Pape pour le 14 septembre prochain. Ce délai donne
la possibilité aux évêques de réfléchir,
avec les prêtres de leur diocèse, à
l’application de ce texte. Sans nier les difficultés
possibles, le président de la Conférence des
évêques de France a appelé à
rentrer dans les motivations profondes du Pape – sa
passion pour la communion. Le cardinal Ricard a également
indiqué que Benoît XVI demandait qu’un
point soit fait dans trois ans pour évoquer les fruits
positifs de ce dispositif, les difficultés qui n’auront
pu être résolues ou les questions nouvelles
qui se seront posées.