Le don de l’Esprit
est un don définitif
Dimanche 27 mai, les chrétiens
célèbrent la fête de la Pentecôte
qui commémore le don du Saint Esprit aux Apôtres.
Mgr Jacques Blaquart, évêque auxiliaire de Bordeaux,
nous rappelle que l’Esprit de Dieu est donné
à l’Église de manière définitive
et que notre espérance de croyants repose dans son
action.
Vivre l’aujourd’hui de
Dieu.
Ce titre d’un livre écrit par Frère Roger,
le fondateur de Taizé, rappelle, à tous ceux
d’entre nous qui pourraient l’oublier, la présence
pleine et entière de Dieu à notre monde, à
notre temps.
Si Dieu a fait alliance définitive avec nous en Jésus
Christ, nous croyons que, dans ce monde et dans ce temps de
mutations profondes, Il n’est pas absent. Au contraire,
« c’est maintenant le moment favorable, c’est
maintenant le jour du Salut » (Is 49, 8), et si, chaque
année, nous fêtons la Pentecôte comme le
don de l’Esprit Saint fait à l’Église,
c’est pour nous rappeler que ce don est définitif.
« Même si nous partageons les angoisses de notre
monde, nous croyons que l’existence humaine est comme
portée et enveloppée par un amour sans condition
que rien ne pourra remettre en cause, et que la grâce
de Dieu accompagne et accompagnera toujours notre histoire
» (Lettre aux catholiques de France).
En célébrant la fête de Pentecôte,
nous rendons grâce à Dieu de nous avoir donné,
par Jésus, l’Esprit Saint, présence divine
qui veut agir aujourd’hui pour ce monde par l’Église,
c’est-à-dire par nous et en nous. Jésus
n’a-t-il pas promis à ses disciples qu’ils
accompliraient de grandes œuvres s’ils croyaient
en Lui ?…
Plonger dans l’histoire de l’Église
et la vie des saints nous fait découvrir que les paroles
de Jésus se sont réalisées dans et malgré
les bouleversements de la société. Aujourd’hui
encore, nous pouvons regarder ce qui disparaît et refuser
de voir ce que Dieu nous donne. Le Christ, qui a promis d’être
avec nous jusqu’à la fin du monde, est à
l’œuvre, par son Esprit, à la fois dans
des surgissements inattendus (comme Taizé, les communautés
nouvelles…) et dans des êtres providentiels (comme
Jean Paul II, Madeleine Delbrel, Charles de Foucauld, Mère
Teresa ou le P. Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus…),
mais aussi dans la vie ordinaire de l’Église.
Notre espérance repose dans
l’action de l’Esprit
Revenant d’un pèlerinage de mon diocèse
à Lourdes, je reste frappé par des dialogues
avec des personnes : une dame âgée dont le regard
et les paroles illuminent, la confession profonde d’un
enfant, l’échange avec un groupe d’Africains
ou avec des personnes handicapées… On ne parlera
pas de ces rencontres dans les grands médias et, pourtant,
« l’aujourd’hui de Dieu » est bien
palpable en elles. En les évoquant, comment ne pas
penser à cette parole de Dieu : « Vos fils et
vos filles prophétisent. En ce jour-là, je répandrai
mon Esprit. » (Jl 3, 1), ou au dialogue de Jésus
avec Nicodème : « Le vent souffle où il
veut, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où
il va » (Jn 3, 8).
Nous hésitons à reconnaître l’action
ordinaire du Saint Esprit parce qu’il nous échappe,
parce qu’il nous faut accepter d’être pauvres,
dégagés de nous-mêmes et de nos projets,
pour le percevoir. Et pourtant, inlassablement, l’Esprit
Saint travaille et agit, et notre espérance de croyants
repose dans cette action de l’Esprit, même si
elle passe par des soubresauts, des remises en cause, des
transformations profondes de la société et,
par conséquent, de l’Église.
Nous faisons l’expérience douloureuse mais salutaire
du Mystère pascal. Il n’y a pas de don de l’Esprit
sans combat, sans mort à soi-même, sans lutte
profonde pour rester fidèles et nous laisser renouveler
de l’intérieur par la mort et la résurrection
de Jésus. Ce combat, c’est celui de la foi, où
on croit sans voir, mais où l’humble fidélité
quotidienne à la prière et à la charité
reste notre seule arme.
Pour donner, il faut recevoir
Je suis frappé de voir trop de chrétiens engagés
fatigués, comme s’ils avaient épuisé
leur ressort intérieur. Est-ce possible ? N’y
a-t-il pas défaillance de ceux qui les ont appelés
à servir ? Pour donner, il faut recevoir, se nourrir
en profondeur ; notre agir chrétien ne peut reposer
sur nos seules capacités : « Paul a planté,
Apollos a arrosé, mais c’est Dieu qui donne la
croissance » (1 Co 3, 6).
Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus,
venant de recevoir comme mission l’accompagnement des
novices de sa communauté, écrit à sa
prieure : « Depuis que j’ai compris qu’il
m’était impossible de rien faire par moi-même,
la tâche que vous m’avez imposée ne me
parut plus difficile, j’ai senti que l’unique
chose nécessaire était de m’unir de plus
en plus à Jésus et que le reste me serait donné
par surcroît. En effet, jamais mon espérance
n’a été trompée, le Bon Dieu a
daigné remplir ma petite main autant de fois qu’il
a été nécessaire de nourrir l’âme
de mes sœurs. Je vous avoue, mère bien-aimée,
que si je m’étais appuyée le moins du
monde sur mes propres forces, je vous aurais bientôt
rendu les armes… » (M C, Folio 22 vo).
La Pentecôte nous rappelle opportunément qu’il
n’y a pas d’action missionnaire sans prière
personnelle et communautaire (Ac 1, 14), sans attente du don
de Dieu promis par Jésus. La vie de l’Église
dépend de l’action de Dieu et donc de personnes
habitées par l’Esprit Saint. « Ceux-là
sont fils de Dieu qui sont conduits par l’Esprit de
Dieu » (Rm 8, 14).
Mgr Jacques Blaquart
Évêque auxiliaire de Bordeaux
Texte paru dans la Revue "Catholiques
en France" n° 27.
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