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Dossiers spéciaux

3ème RASSEMBLEMENT OECUMENIQUE EUROPEEN
Sibiu, Roumanie
4 – 9 Septembre 2007




 

 

Message du Cardinal Ricard

Chers amis, au terme de cette assemblée, je voudrais vous partager les sentiments qui m’animent et les conclusions que j’en tire :

1) La joie et l’action de grâce

Je suis très heureux d’avoir participé à une assemblée comme celle de Sibiu, qui s‘est tenue en Roumanie, un des derniers états à être entrés dans l’union européenne. Merci à nos frères de Roumanie qui nous ont si bien accueillis.

Je n’ai pas participé aux précédentes assemblées de Bâle et de Graz. Aussi suis-je plein d’admiration pour l’expérience de Sibiu. Je pense, en effet, que ce n’est pas rien de réunir ainsi 2.300 personnes passionnées par la foi chrétienne, son annonce, par l’engagement des chrétiens dans cette grande aventure œcuménique et européenne et par cette solidarité que doit vivre l’Europe avec le reste du monde. Certains pourront dire : c’était une réunion de convaincus. C’est vrai, mais nous avons besoin de ces convaincus, de ces veilleurs et de ces éveilleurs que vous êtes, et en particulier les jeunes qui êtes ici, pour aider nos Eglises et notre opinion publique chrétienne à porter davantage ces grandes préoccupations. Nous avons bénéficié de toute la réflexion de Bâle et de Graz. Là où il nous faut justement avancer désormais c’est sur une action plus résolue envers nos opinions publiques chrétiennes, pour une plus grande conscientisation et pour une plus grande mobilisation de leur part


2) Un échange des dons de Dieu entre Eglises

J’ai envie, avec vous, de rendre grâce à Dieu pour ce qu’il nous a donné de vivre ensemble ces jours-ci. J’ai été particulièrement marqué par la scène évangélique de la transfiguration. Celle-ci donne bien le sens de notre démarche. Avec le Christ, nous avons gravi la montagne. Nous avons contemplé le Seigneur dans toute sa lumière, celle de sa transfiguration, celle de sa résurrection. Nous avons été invités à nous laisser éclairer, transfigurer par lui. Nous avons été appelés à écouter sa parole qui vient dire à chacun : tu es aimé ; qui que tu sois, tu es aimé, tu es le fils, tu es la fille bien-aimés du Père. Laisse-toi aimer. Et tu verras combien cet amour sera en toi une illumination, une puissance de renouvellement et de transformation. Il mettra dans ta vie une joie, une confiance, une paix, une espérance et un courage que le monde ne peut pas donner. Il te libèrera de la peur. Et si tu es aimé, entre à ton tour dans cette dynamique d’amour. Tu es invité à aimer.

Voilà cet Evangile que nous avons à accueillir et dont nous avons à témoigner.
Voilà la Bonne nouvelle que nous avons à annoncer sur cette terre d’Europe. C’est bien là le défi qui nous est lancé. Or, pour devenir disciples et témoins du Christ aujourd’hui, nous devons nous entraider les uns les autres. Nous avons besoin ainsi les uns des autres pour accueillir cette lumière qu’est le Christ, pour chasser nos zones d’ombre, pour nous convertir toujours plus profondément à l’Evangile. Aucun de nous, aucune de nos Eglises ne peut dire : je n’ai pas besoin de mon frère pour cela. Dans cette conversion à l’Evangile, dans cet accueil du don de Dieu, nous avons à nous appeler, nous stimuler, nous entraider les uns les autres. Nous sommes porteurs de dons spirituels, de charismes, que l’Esprit a donnés gratuitement à chacune de nos Eglises, que nous ne pouvons pas garder pour nous tout seuls, comme nous le rappelle saint Paul, mais que nous avons à mettre au service de tous (1 Cor. 12, 7) Cela suppose entre nous, entre nos Eglises, une connaissance fraternelle, une humilité, car nous sommes tous sous l’Evangile, une bienveillance et une estime mutuelles. Il y a encore un vrai chemin à parcourir mais ce sera aussi - n’en doutons pas - un chemin de joie et de grâce.


3) Une compassion pour l’homme déshumanisé

L’œcuménisme ne saurait enfermer nos Eglises dans une seule communication interne. Quand les disciples reçoivent le souffle du Ressuscité, c’est pour être ses témoins. On ne peut rester sur la montagne.
Il faut redescendre dans la plaine. Avez-vous remarqué que chez saint Luc l’épisode de la transfiguration est immédiatement suivi de celui de la guérison du fils épileptique ? Dans les deux cas, il s’agit de « fils uniques » Après le Fils transfiguré, le fils défiguré. Après le Fils bien-aimé, qui apparaît en gloire, celui qui est rendu inhumain par un esprit démoniaque. A la suite de Jésus, ses disciples sont invités à venir en aide à cet homme, à le libérer, à le guérir et à le rendre à sa pleine humanité.

A notre tour, nous devons lutter, avec tous les hommes qui se retrouvent dans ces combats, contre tout ce qui déshumanise l’homme :

- Une vue purement marchande de l’homme qui ne tient pas compte de sa dimension filiale et fraternelle. Un non-respect de la liberté religieuse dans ses dimensions personnelle et collective.
- Un non-respect de la personne humaine à toutes les étapes de sa vie.
- La destruction de l’environnement et l’inattention vis-à-vis des générations qui viennent
- L’injustice sociale grandissante entre les pays du monde, entre les pays d’Europe, entre catégories de population – Les situations d’exclusion.
- Une vue purement sécuritaire de l’immigration.
- Les guerres fratricides et leur exploitation.
- Le racisme, l’antisémitisme et bien d’autres formes du rejet de celui qui est différent.
- Le fléau de la drogue.
- Une indifférence envers le handicap et les handicapés.
- La fragilisation de la structure conjugale et familiale.
- ……………

Sur tous ces points, nous ne pourrons pas dire : je ne savais pas. Sur toutes ces situations, chrétiens, nous sommes attendus, dans nos pays, en Europe, mais aussi comme européens vis-à-vis des autres pays du monde (et en particulier du continent africain).


4) L’invitation à la confiance et à l’engagement

Nous sommes en 2007. Devant l’aventure européenne, nous constatons que bien des sentiments peuvent traverser les opinions publiques de nos pays européens : le désintérêt pour ce projet, la peur face l’avenir, le besoin de sécurité, le repli nationaliste, le fatalisme de ceux qui pensent que rien ne peut changer ou le cynisme de ceux qui ne se préoccupent que de leurs propres intérêts. Il est important que les chrétiens, se désaltérant à la source qu’est le Christ, soient témoins, de confiance, d’espérance, de sens des autres, de paix et de réconciliation. Le Ressuscité vient toujours ouvrir des brèches là où la pierre du tombeau semblait condamner toute issue.
L’œcuménisme et le dialogue interreligieux doivent témoigner avec force que les religions, qui sont souvent accusées d’absolutiser les conflits, peuvent aussi être des ferments de paix, de purification des mémoires et de réconciliation. Là aussi, la violence n’est pas appelée à avoir le dernier mot !

Les chrétiens doivent aussi s’engager concrètement. On parle beaucoup de « valeurs européennes » (solidarité, respect des droits de l’homme, tolérance, justice, paix) Attention à ce que ces valeurs ne soient pas des coques vides ou des slogans non suivis d’effets. Il faut qu’elles s’accompagnent de mises en œuvre, de mises en pratiques, de programmes d’action avec la volonté politique que cela exige. Là aussi, il est important d’être présent.

La mission, à certains jours, peut nous paraître lourde. N’oublions pas que c’est le Seigneur qui nous la confie. Sur sa Parole, n’ayons pas peur d’aller au large et d’avancer en eau profonde.


Jean-Pierre cardinal RICARD
Archevêque de Bordeaux
Vice-Président du CCEE