C’est le titre d’une
des plus belles chansons de Georges Brassens, sur un poème
de Lamartine, chanson probablement moins connue que les autres,
mais dont la mélodie s’accorde parfaitement avec
l’atmosphère de notre célébration
des défunts, dans la pleine lumière de la Toussaint.
« C’est l’ombre pâle
d’un père, qui mourut en nous nommant ; c’est
une sœur, c’est un frère qui nous devance
un moment ; tous ceux enfin dont la vie, un jour ou l’autre
ravie, emporte une part de nous ; et murmurent sous la pierre
: ‘vous qui voyez la lumière, de nous vous souvenez-vous
?’ »
Malgré le ton triste ou nostalgique
du poème, le mot « lumière » est
prononcé. Certes, cette lumière est de notre
côté, mais comment ne pas affirmer, dans la pleine
foi chrétienne, que cette lumière que nous voyons
et qui nous éclaire, vient d’ailleurs que de
nous-mêmes ? Il y a entre la célébration
de la Toussaint et la commémoration de tous les fidèles
défunts un lien mystérieux mais réel.
Tous ceux et celles que nous honorons et
qui sont pour nous des modèles de sainteté,
dont l’Eglise a officialisé les noms, sont indissociables
de tous les anonymes, de tous nos proches, qui ont rejoint
l’autre rive de la vie. Si nous prions en pensant intensément
à eux, si nous prions pour eux, c’est bien parce
que nous espérons qu’une seule lumière
les éclaire définitivement et que cette lumière
c’est Dieu lui-même. La gloire de Dieu ne nous
écrase pas, elle nous révèle, malgré
notre faiblesse et notre fragilité, notre propre grandeur.
« Qu’est donc l’homme,
pour que tu penses à lui, l’être humain
pour que tu t’en soucies ? Tu en as fait presque un
dieu, tu le couronnes de gloire et d’éclat…
» Ainsi parle le psaume huitième, qui rejoint
à sa manière l’ouverture de la célébration
des funérailles chrétiennes, rappelant que Dieu
se souvient de ce qu’il y a eu de beau et de bien dans
la vie de ceux et celles qui nous quittent…
Seul Dieu décide, seul Dieu juge.
Mais nous savons qu’en Lui la lumière est indissociable
de l’Amour et de la miséricorde. Et la multitude
des fleurs déposée sur les tombes, dès
le jour de la Toussaint nous dit bien, au-delà de la
souffrance et du deuil, l’indéracinable confiance
et l’espérance en la vie éternelle.
La pensée des morts est une pensée
d’éternité…
Mgr André Dupleix, secrétaire
général adjoint de la Conférence des
évêques de France
Billet paru dans le Courrier Français, novembre 2007
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