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Qu’est-ce
que la Semaine de l’unité ?
Une institution centenaire
La Semaine de prières pour l'unité des chrétiens
est célébrée tous les ans, du 18 au 25 janvier,
par les chrétiens des diverses confessions à travers
le monde entier. Cette initiative est une institution centenaire
: c’est en effet en 1908 que Paul Wattson eut l’initiative
d’une « Octave pour l’unité de l’Église
» du 18 au 25 janvier, entre la fête de la chaire de
Pierre (déplacée depuis) et celle de la conversion
de Paul.
Malgré son âge, cette Semaine de l’unité
garde toute sa vitalité. Notamment là où des
groupes œcuméniques dynamiques sont en place, des chrétiens
aiment à se retrouver pour demander la grâce de «
l’unité que Dieu voudra, par les moyens qu’Il
voudra », selon la formule célèbre de l’abbé
Paul Couturier. « La Semaine de prière pour l’unité
est aussi une occasion de nous ouvrir aux préoccupations
de frères et sœurs d’autres continents »,
souligne le père Mallèvre, directeur du service national
pour l’Unité des chrétiens.
Chaque année, des chrétiens d’un pays différent
proposent le thème à une commission internationale
et interconfessionnelle, émanant à la fois du Conseil
pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens
et du Conseil œcuménique des Églises qui publient
conjointement le livret officiel de préparation.
En France, de nombreux outils sont élaborés par le
centre Unité chrétienne pour vivre cette Semaine de
prière : un document présentant le thème (avec
des commentaires bibliques, des témoignages, des pistes pour
la prédication, des suggestions pour une rencontre avec des
enfants…), une petite encyclopédie (progressive) de
l’œcuménisme, l’affiche, le livret, le signet,
le coffret de bougies…
Origine et enjeux de la
Semaine de l’Unité
- Interview du père Franck Lemaître, directeur du
centre Unité chrétienne, à Lyon, et membre
de la commission internationale en charge de cette Semaine de
prière
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Nous célébrons cette année
le centenaire de la Semaine de prière pour l’unité
chrétienne. Pouvez-vous nous rappeler l’origine de
cet événement ?
P. Franck Lemaître : La prière
pour l’unité chrétienne n’est bien sûr
pas une initiative du XXe siècle : les chrétiens n’ont
jamais cessé de prier, de multiples manières, pour
leur réconciliation. Mais c’est en 1908, aux États-Unis,
que cette prière a pris la forme particulière que
nous lui connaissons aujourd’hui, celle d’une «
octave » entre le 18 janvier (qui était alors la fête
de la Chaire de Pierre) et le 25 janvier (fête de la conversion
de saint Paul). Son « inventeur » est Paul Wattson,
un prêtre épiscopalien qui venait de créer une
communauté religieuse franciscaine au sein de l’Église
anglicane américaine.
Comment s’est ensuite développé
ce mouvement de prière pour l’unité chrétienne
?
L’unité des chrétiens, telle que Paul Wattson
l’envisageait, signifiait en fait l’unité autour
du Siège romain. Au milieu des années trente, c’est
l’abbé Paul Couturier qui, à Lyon, lui a donné
un nouvel élan : tout en gardant les mêmes dates, le
prêtre lyonnais fait le choix de parler de Semaine de prière,
un vocabulaire perçu comme moins catholicisant. Surtout,
il lui assigne un nouvel objectif : prier pour l’unité
« telle que le Christ la veut ».
À la même époque se développe en parallèle
un autre courant de prière pour l’unité des
chrétiens, animé par Foi et constitution, l’un
des mouvements qui donnera naissance au Conseil œcuménique
des Églises.
Au sortir du concile Vatican II, les deux courants fusionneront.
Pour la première fois, en janvier 1968 un autre anniversaire
à célébrer ! , les paroisses du monde entier
célébraient la Semaine de prière pour l’unité
chrétienne avec des textes préparés conjointement
par le Conseil œcuménique des Églises (Genève)
et le Secrétariat pontifical pour la promotion de l’unité
des chrétiens (Rome).
Comment est élaborée aujourd’hui
cette Semaine de prière pour l’unité chrétienne
?
Chaque année, le Conseil œcuménique et le Conseil
pontifical décident en concertation du pays qui choisira
le thème. Pour la Semaine 2008, c’est un groupe pluriconfessionnel
des États-Unis qui a sélectionné le verset
biblique (« Priez sans cesse » 1 Th 5, 17) et rédigé
des méditations pour chaque jour de la Semaine.
Ensuite, une commission internationale d’une douzaine de membres
retravaille ces textes en s’assurant qu’ils sont recevables
sur tous les continents et dans toutes les confessions chrétiennes.
Enfin, des associations œcuméniques adaptent cette version
internationale pour leur pays. Unité chrétienne fait
ce travail pour le monde francophone.
Quelle est la mission du centre Unité
chrétienne et comment s’articule-t-elle avec celle
du Service national pour l’unité des chrétiens
et celle de la déléguée diocésaine à
Lyon ?
Unité chrétienne est l’association multiconfessionnelle
créée après la mort de l’abbé
Paul Couturier (en 1953) pour continuer son œuvre. Quelques
années plus tard, au sortir de Vatican II, la Conférence
des évêques et les diocèses se sont dotés
de services œcuméniques. Pendant plusieurs décennies,
les rôles respectifs de ces différents acteurs (associatifs
ou officiels) n’ont pas toujours été clairement
tranchés. Le travail de ces dernières années
a permis de préciser les responsabilités de chacun.
À Lyon, la déléguée épiscopale
coordonne les activités œcuméniques du diocèse,
en lien avec les autres communautés chrétiennes. De
son côté, le Service national pour l’unité
des chrétiens a un rôle de représentation de
l’Église catholique et d’animation de la vie
œcuménique, en lien avec les services analogues, anglican,
orthodoxe et protestant. Ensemble, sous le patronage du Conseil
d’Églises chrétiennes en France, ils participent
à la publication de la revue trimestrielle Unité des
chrétiens. Pour sa part, Unité chrétienne a
notamment la charge de la préparation et de la diffusion
du matériel pour la Semaine de prière pour l’unité.
Si les tâches sont bien réparties, les collaborations
entre ces différentes instances sont nombreuses et fructueuses.
Les célébrations proposées
dans le cadre de la Semaine de l’unité font parfois
l’objet de critiques. Jusqu’où peut-on prier
ensemble ?
Il est vrai qu’une célébration œcuménique
est dépaysante pour tous. Sans doute n’a-t-on pas encore
suffisamment interrogé le rapport divers que les chrétiens
des différentes confessions entretiennent avec le rite ;
des échanges et une réflexion commune manquent sur
cette question. Ce sera l’objet d’un colloque organisé
par Unité chrétienne et la Faculté de théologie
de Lyon les 4 et 5 décembre 2008, auquel les délégués
diocésains à l’œcuménisme seront
invités.
Hormis les fidèles véritablement
engagés dans l’œcuménisme, la prière
pour l’unité n’est-elle pas éloignée
des préoccupations d’une majorité de catholiques
?
C’est toujours émouvant de voir partir des paquets
de matériel pour la Semaine de prière pour l’unité
chrétienne dans des coins de France où il n’y
a pas beaucoup de protestants, et encore moins d’orthodoxes.
Des communautés locales catholiques très variées
portent donc dans leur prière le souci de l’unité,
sans doute parce que c’est un choix irréversible de
l’Église catholique aujourd’hui, et que Benoît
XVI en fait une orientation claire de son pontificat. Prier pour
l’unité, c’est d’abord faire sienne la
prière du Christ au soir du Jeudi saint : « Qu’ils
soient un… afin que le monde croie » (Jn 17). Qui pourrait
s’en dispenser ?
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