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La cathédrale de Reims



Vue intérieure de la nef

Plan de la cathédrale
C'est une des grandes cathédrales du monde chrétien par son unité de style, sa statuaire et les souvenirs qu'elle évoque -liés à l'histoire des rois de France.


Edification

Une première cathédrale avait été élevée en 401 par saint Nicaise. Elle fut remplacée au 9° siècle par un édifice plus vaste, détruit lors d'un incendie en 1210. L'archevêque Aubry de Humbert décida alors d'entreprendre la construction d'une cathédrale gothique à l'image de celles qui étaient déjà en chantier (Paris 1163, Soissons 1180 et Chartres 1194). L'élaboration des plans fut confiée au maître Jean d'Orbais et en 1211 la première pierre était posée.
Cinq architectes se succèderent qui suivirent assez fidèlement les plans d'origine, ce qui donne son extraordinaire unité à Notre-Dame de Reims. Leurs noms sont connus grâce au labyrinthe, dallage en méandres du pavement que les fidèles suivaient à genoux et où les maîtres d'oeuvre inscrivaient leur nom. Celui-ci fut malheureusement détruit au 18° s.
Jean d'Orbais travailla à la construction du choeur jusqu'en 1228 puis Jean le Loup éleva la nef et la façade, où son successeur Gaucher de Reims plaça les statues et réalisa le revers des portails.
Bernard de Soissons dessina la grande rose, les gâbles et acheva de voûter la nef. En 1285 l'intérieur de la cathédrale était achevé. Les tours s'élevèrent au cours du 15° s. La construction de quatre autres tours et sept clochers allait être entreprise lorsqu'en 1481 un incendie ravageant les combles arrêta ce projet.

Au 18° s. la cathédrale souffrit de quelques modifications (suppression du jubé, de certains vitraux, du labyrinthe) mais passa la Révolution sans grands dommages.
Au 19° siècle fut menée une longue campagne de consolidation et de restauration. Elle s'achevait à paine lorsque la guerre de 1914-1918 frappa la cathédrale de plein fouet.
Le 19 septembre 1914, un bombardement mit le feu à la charpente et l'énorme brasier fit fondre les cloches, les plombs des verrières et éclater la pierre. Des obus l'atteignirent tout au long des affrontements, cependant les murs tinrent bon et, à la fin de la guerre, une nouvelle restauration, financée en grande partie par la donation Rockefeller, fut entreprise.
L'architecte Henri Deneux conçut alors une charpente en béton ininflammable. En 1937 la cathédrale fut enfin reconsacrée.


Exterieur

L'extérieur de la cathédrale est habité par un peuple de statues nichant dans le moindre recoin. Plus de 2.300 ont été dénombrées, mais certaines, trop abîmées par la guerre et les intempéries, ont dû être déposées et sont exposées au Palais du Tau. La plupart furent remplacées par des copies taillées par Georges Saupique et Louis Leygue.


Façade

C'est l'une des plus belles qui soient en France. Elle doit être vue si possible en fin d'après-midi, caressée par le soleil. Elle présente un système d'élévation semblable à celui de Notre-Dame de Paris, mais ses lignes sont magnifiées par le mouvement vertical que créent les tympans, les gâbles et les pinacles aigus, les colonnettes élancées et les gigantesques effigies de la galerie des rois.
Les trois portails correspondent aux trois nefs. Ils sont surmontés d'un gâble important servant de support au groupe de sculptures qui habituellement se trouve sur le tympan, ici ajouré.


Intérieur

L'intérieur frappe par son unité, sa sobriété, sa clarté, ses remarquables dimensions avec une longueur totale de 138 mètres et une hauteur sous voûte de 38 mètres.
L'impression de hauteur, d'élancement, est accentuée par les dimensions de la nef, étroite par rapport à sa longueur, par le tracé des doubleaux formant des arcs très aigus.
La nef s'élève sur trois étages : au-dessus des arcades étayées de piliers cylindriques, un triforium aveugle (qui correspond à l'appui des toitures des bas-côtés) court sous les hautes baies divisées en lancettes par un meneau. Les châpiteaux englobant dans leur pourtour les quatre demi-colonnes engagées dans le pilier sont ornés d'une décoration florale plus ou moins élaborée selon l'étape de la construction.
Les plus anciens (en partant du choeur) dessinent des feuilles d'acenthe traitées en crochet, des monstres et même deux vignerons portant un panier de raisin (6° pilier de la nef à droite). Les plus récents illustrent avec fidélité et délicatesse la flore locale.
Le choeur ne compte que deux travées mais la partie réservée au culte déborde très largement sur la nef (de 3 travées) : le déroulement des sacres et l'importance du chapitre exigeaient un vaste espace.
Autrefois un jubé le clôturait qui servait d'élévation pour le trône royal. Les piliers du choeur diminuent de section et se ressèrent à chaque travée, accentuant l'effet d'élévation. Les chapelles rayonnantes qui s'ouvrent sur le déambulatoire sont reliées entre elles par un passage, à la base des ouvertures, très typique de l'architecture champenoise.

Le revers de la façade, oeuvre de Gaucher de Reims, est unique dans l'histoire de l'architecture gothique. Le grande rose (12 mètres de diamètre) surmonte le triforium qui découpe ses arcatures sur des verrières de mêm forme.
Au-dessus, dans le revers du portail dont le tympan est ajouré, s'inscrit une rose plus petite.
De part et d'autre, le mur est creusé de niches dans lesquelles ont été sculptées des statues. Les différents registres sont séparés par une luxuriante décoration florale, évoquant celle des chapiteaux de la nef.
Le revers du portail central est le mieux conservé. A gauche se déroule la Vie de la Vierge :
2° registre : l'archange Gabriel annonce à Anne et Joachim la naissance de Marie ;
3° registre : les deux époux se rencontrent à la Porte Dorée ;
4° registre : Isaïe présente la crèche ;
5° et 6° registre : Le massacre des Innocents ;
dernier registre : Le fuite en Egypte.
A droite est représentée la vie de saint Jean-Baptiste.
En bas, la Communion du Chevalier, en habits du 13° s., figure Melchisédech offrant le pain et le vin à Abraham.


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