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Assemblée plénière,
Conférence des Évêques de France
Lourdes, 4-10 novembre 2000
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Mgr Carré
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Homélie du 31ème dimanche ordinaire

Lourdes  -  Dimanche 5 novembre  2000
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Cela aurait pu être une discussion d'école : quel est le plus grand commandement parmi les 613 recensés (nombre des lettres du Décalogue). Mais une telle question rejoint une aspiration de l'être humain : « que faire en définitive ? », « n'y a-t-il pas un chemin à trouver pour sa vie ? ».

Si on renvoie au centre de la Loi d'Israël « Shema Israël » : apprendre à vivre, en un mot, c'est apprendre à aimer.
Mais voilà, nous sommes devenus très méfiants sur notre capacité à aimer. On trouve presque malhonnête de vouloir aimer au-delà de ce qu'on ressent, au-delà de l'horizon présent. Quant à nous, nous savons bien que nous sommes maladroits pour aimer : notre expérience nous l'a appris. Aimer vraiment est une grâce, un signe même de la présence du Christ auprès de nous.

C'est ce qui est arrivé aux Apôtres ! L'enseignement que l'on vient d'entendre, dont ils ont été les témoins, cet enseignement n'est pas donné au début de la vie de Jésus, mais à la fin, dans les derniers jours. Il ne peut être entendu dans toute sa profondeur qu'après un long parcours, qu'après des chutes et des échecs. Car on l'oublie trop facilement, la réponse de Jésus dans ce passage commence par : « Ecoute Israël », les  termes mêmes du Deutéronome. Il n'est pas d'abord question de se retrousser les manches et de s'encourager à aimer Dieu qu'on ne voit pas et les autres qu'on voit. Tâche qui excède les forces de tout un chacun ! !
Il s'agit d'être saisi par une Parole qui résonne en soi et révèle que nous sommes attendus, désirés, aimés, conduits à l'existence sans avoir rien fait. « Ecoute Israël »,  prends conscience de cela. et dès lors, mesurant  ta  faiblesse, ose dire  : « Oui, Seigneur, tu sais que je t'aimes ».
Il faut aussi signaler  les difficultés évidentes à aimer comme Jésus le rappelle.

- Comment aimer Dieu « de tout son cour, de toutes ses forces. » sans risquer de devenir un « fanatique » ou un « fou de Dieu » tel qu'on se plait à les présenter ? Par ailleurs, peut-on aimer Dieu de manière raisonnable, présentable . ? Il est l'Unique, le Christ est le seul Sauveur. Tout notre être est pour lui.
- Comment aimer le prochain à la manière dont en parle Jésus ? Le prochain si différent, parfois gênant. le prochain à qui donner considération, argent, travail, relations. au risque de les perdre pour soi. ?
- Comment tenir les deux commandements alors que nous chrétiens, sans cesse, on nous demande de laisser l'un pour regarder l'autre ou l'inverse ?   Demandons que le Seigneur nous donne la grâce de le chercher et de l'aimer en toutes choses.

Mettre en ouvre ce double commandement ne peut pas nous laisser en repos. C'est un appel à entrer dans la logique du Royaume de Dieu. Cet appel nous dépasse, mais il n'y a pas d'appel de Dieu qui ne soit en même temps porteur d'une grâce de réponse.

Notre réflexion sur « des temps nouveaux pour l'Evangile » s'inscrit dans cette perspective.

- C'est parce que nous avons été saisis par l'amour de Dieu révélé en Jésus-Christ que celui-ci nous presse de le manifester aux hommes et de le célébrer d'une manière sans cesse renouvelée.
- C'est parce que Dieu a tant aimé le monde qu'il lui a envoyé son Fils pour sauver le monde que nous avons à servir le projet de Dieu spécialement auprès de ceux pour qui ce projet ne signifie rien.

Comme l'a fait la Vierge Marie, recevons maintenant, chacun cette parole « Ecoute. Tu aimeras » non comme un poids,  mais comme une manière de vivre, d'être heureux en s'oubliant soi-même et de transformer le monde en cette « civilisation de l'amour » que le Pape appelle.

Aimer, c'est inscrire nos pas sur la route de la sainteté. C'est aujourd'hui le temps favorable !

+ Pierre-Marie CARRE
Archevêque d'Albi

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