Discours d'ouverture
par le Cardinal Louis-Marie Billé, Président
de la Conférence
4 novembre 2001
Le 9 novembre 1996, je prononçais le discours qui
clôturait l'assemblée plénière
au cours de laquelle votre confiance et votre amitié
m'avaient remis la responsabilité de la présidence
de notre Conférence.
J'évoquais alors devant vous deux épisodes
de l'Évangile, qui demeurent pour moi une source
toujours vive d'espérance. Permettez-moi, cinq ans
après, d'y revenir un instant. Le discours de Jésus
à la synagogue de Nazareth manifeste que le projet
de Dieu est plus large que ce qu'imaginent les auditeurs.
Jésus est chassé. Il va son chemin, qui est
celui de Pâques. Ainsi commence, si je puis dire,
la proposition de la foi, dont le mystère est la
raison d'être de notre ministère et la passion
de notre vie.
Le second épisode est le signe des pains. Le Christ
rassembleur, le Christ pasteur, celui qui a en compassion
les foules, commence par partager le pain de la parole de
Dieu. De la foule informe, il fait une communauté
de table. Il donne le pain aux Apôtres pour qu'ils
le distribuent à tous. Tout le mystère de
notre ministère est comme en germe dans cette page
d'Évangile. Ce que nous avons vécu ensemble
durant ces cinq années s'inscrit, à mes yeux,
dans la lumière de ces deux passages. Ils n'ont cessé
pour moi d'être des sources, alors que nous explorions
de nouveaux chemins pour la mission, alors que nous remettions
à ses destinataires la "Lettre aux catholiques
de France", lettre de la fécondité et
de l'actualité de laquelle je ne peux pas ne pas
rendre grâce.
Ces deux passages n'ont cessé de m'habiter quand,
le 4 novembre 1999, je lavais les pieds de quelques frères
prêtres et diacres, alors qu'avec les jeunes prêtres
de France nous ouvrions le Grand Jubilé. Je le rappelais
alors : le Christ est le vrai Pasteur, parce qu'il accepte
de mourir pour que, dans sa mort, les brebis trouvent la
vie. Nous nous sommes efforcés d'écouter le
Christ ressuscité qui ne cesse de parler à
son Église, cheminant toujours sur la route d'Emmaüs.
Ces deux passages ont nourri ma prière aux grandes
heures des Journées Mondiales de la Jeunesse à
Paris. Avec le Pape, nous avons prié pour que la
Parole de Dieu retentisse dans le cur de tous ces
jeunes et rejoigne par eux tous leurs amis.
Ces deux passages m'inspiraient encore lorsque, l'an dernier,
ici même, je croyais devoir évoquer la rudesse
des temps pour l'Église dans la société
française. "L'absence d'évidence quant
aux moyens à employer, l'absence de recette, l'incertitude
sur les comment sont sans doute à recevoir comme
une grâce , la grâce qui nous est donnée
de devoir aller au cur de l'Évangile, au cur
du mystère de la foi, au cur du mystère
de l'évangélisation."
Ces deux passages, je les ai encore à l'esprit,
alors que nous commençons cette assemblée,
pendant laquelle nous allons aborder des sujets fondamentaux
pour la mission de l'Église en France.
Le contexte international
Ces sujets, je serais tenté d'en parler tout de suite.
Mais est-il possible de nous retrouver sans dire au moins
quelques mots de ce contexte international inédit et
dramatique, qui alimente tant de sentiments divers, tant de
peur, tant de réflexion aussi depuis le 11 septembre
dernier ? La brutalité de toutes ces morts, délibérément
provoquées, la volonté radicale de déstabilisation
ont frappé tous les esprits. On a parlé de choc
de civilisations, de guerre de religions. Serait-ce qu'en
retrouvant un monde bipolaire, on pourrait expliquer ce qui
est arrivé ?
Ce mot même d'explication est d'un usage difficile.
Il ne saurait être question de ramener le terrorisme
à des causes toutes repérables, dans lesquelles
sa gravité propre serait comme dissoute. De toute
façon, rien ne pourra jamais justifier une action
suicidaire entraînant des milliers d'innocents dans
la mort. En même temps, nous le savons bien, nous
ne pouvons pas nous dispenser de réfléchir
sur la situation de notre monde, de discerner les lignes
de fractures qui traversent notre humanité, si nous
voulons promouvoir les valeurs essentielles auxquelles nous
tenons.
Parmi mille et une routes à parcourir, je me contente
d'ouvrir de nouveau l'une ou l'autre.
· Peut-être a-t-on naïvement rêvé,
après la chute du mur de Berlin, à une ère
de paix et de démocratie pour tous ? En fait, l'effondrement
du communisme a fait que, depuis dix ans, un seul système
tend à gouverner le monde : le libéralisme.
Par définition, il ne connaît pas de frontières,
et l'extraordinaire développement des moyens de communication
a contribué à l'accélération
de ce qu'il est désormais convenu d'appeler la mondialisation.
Mais, au moins dans l'état actuel des choses, cela
ne fait pas que des heureux. La paix et la démocratie
n'existent pas pour tous, et des pans entiers de la population
mondiale continuent à vivre dans la pauvreté
et le dénuement. Les États-Unis, devenus l'unique
superpuissance et le principal modèle, cristallisent
sur eux toutes les haines et tous les mécontentements.
Est-il juste de dire que les attentats de septembre s'appuyaient
sur une contestation ou plutôt un refus total du monde
occidental à travers le modèle américain
? Peut-on éviter en tout cas de redire, avec Jean-Paul
II, que la mondialisation de l'économie doit s'accompagner
d'une mondialisation de la solidarité ?
· S'il nous est bien difficile de discerner comment
jouent les données d'ordre religieux dans de telles
tragédies, il faut hélas accepter de constater
que c'est au nom de Dieu que des terroristes s'appuient
pour agir comme ils le font. Il ne faut certainement pas
minimiser les conséquences de cela dans la manière
dont bon nombre de nos contemporains s'interrogent sur la
et les religions. Dire que le "facteur Dieu" est
"la plus criminelle des inventions" n'est sûrement
pas sans retentissement. Il n'est pas question ici de discuter
de tout ce qui est en cause. Du moins pouvons-nous rappeler,
comme chrétiens, que nous sommes les disciples de
Celui qui, au désert, a vaincu le Tentateur, refusant
de se servir de Dieu et appelant les hommes à le
servir librement.
· Parmi les questions qui se bousculent, comment
ne pas mentionner toutes celles qui touchent les valeurs
dont nous vivons, et en particulier le respect de la dignité
de la personne humaine ? On peut certes penser que nos démocraties
occidentales, manquant elles-mêmes sous tant d'aspects
à ce respect, donnent une image très brouillée,
qui peut expliquer en partie le rejet des valeurs qu'elles
véhiculent. Le problème n'en est pas moins
posé tant du caractère universel des droits
de l'homme que de la relation entre les cultures. Jean-Paul
II qui, dans son message pour le 1er janvier 1999, avait
réaffirmé l'universalité et l'indivisibilité
des droits humains, a parlé, le 1er janvier de cette
année, en des termes que l'on peut qualifier de prophétiques
à la lumière des récents événements,
du "dialogue entre les cultures pour une civilisation
de l'amour et de la paix." Après avoir redit
que "être homme signifie nécessairement
exister dans une culture déterminée",
il affirmait : "Les diversités culturelles sont
à comprendre dans la perspective fondamentale de
l'unité du genre humain, donné historique
et ontologique premier à la lumière duquel
il est possible de saisir le sens profond des diversités
elles-mêmes. En vérité, seule la vision
contextuelle aussi bien des éléments d'unité
que des diversités rend possible la compréhension
et l'interprétation de la pleine vérité
de toute culture humaine."
Comment oublier que, pendant que nous parlons, les forces
armées continuent à agir en Afghanistan ?
Comment ne pas partager les inquiétudes que suscitent
ces actions ? Comment ne pas redire à la fois que,
s'il est légitime de prévenir et de réprimer
les actes terroristes, la paix ne viendra pas d'une violence
répondant à une autre violence
si étroit
que soit le chemin que les responsables politiques ont à
tracer entre ceci et cela ?
Dans l'église en France, depuis notre dernier
assemblée
Changer d'horizon peut sembler dérisoire. Il nous
faut bien pourtant en venir à notre assemblée
et à ce que nous aurons à faire. Je voudrais
cependant, avant d'entrer dans le vif des sujets, jeter
un rapide regard sur l'année écoulée.
J'ai choisi de m'arrêter seulement à deux moments
que tout distingue l'un de l'autre, et qui ont toutefois
en commun de poser de façon nouvelle la question
du secret et, plus précisément, du secret
professionnel. L'Église a été éminemment
concernée. On se tromperait gravement, me semble-t-il,
si on pensait qu'elle est la seule à l'être.
Pourquoi cacher que nous avons tous vécu douloureusement
le procès de Mgr Pierre Pican ? Je tiens à
lui redire publiquement notre solidarité dans l'épreuve.
Puisqu'il a lui-même courageusement décidé
de ne pas faire appel, je ne me permettrai pas de revenir
sur la condamnation dont il a fait l'objet. Il ne m'est
pas interdit, pour autant, de redire que le Tribunal de
Caen a clairement rappelé que les ministres du culte
étaient bien dépositaires du secret professionnel
par état ; que ce secret professionnel s'étendait
bien au-delà du secret sacramentel ; qu'il existait
un secret professionnel partagé ; qu'il était
possible d'invoquer l'option de conscience en matière
de dénonciation. Une question difficile demeure,
dans la mesure où le Tribunal a lié à
la spontanéité de la démarche la confidentialité
ouvrant à l'application du secret. Ce lien contestable
comporte des risques évidents de dérive dans
l'appréciation de ce qui est secret et de ce qui
ne l'est pas.
Je ne reviens pas ici, même si nous sommes amenés
à en parler durant ces jours, sur notre position
par rapport à la pédophilie. Nous avons été
suffisamment clairs l'année dernière.
Je veux en revanche m'arrêter sur ce qui s'est passé
à l'Officialité de Lyon et qui a été
rendu public par d'autres instances que l'Officialité
elle-même. Une enquête canonique (portant en
l'occurrence sur un membre d'une congrégation religieuse)
a été réclamée par un juge d'instruction,
qui a d'ailleurs envoyé des policiers, agissant sur
commission rogatoire, perquisitionner les locaux de l'Officialité.
Je veux ici m'en tenir calmement aux enjeux, que je crois
d'une extrême gravité pour l'Église
et pour le respect des consciences.
L'Official agissant en qualité de vicaire de l'évêque,
n'est-ce pas notre activité même de ministres
du culte qui pourrait s'en trouver menacée ? Lorsqu'un
Official saura que ses notes et ses conclusions pourront
être produites impunément devant une juridiction
pénale, il perdra la liberté d'action qui
lui est nécessaire. Il sera empêché.
C'est bien la liberté du culte qui est en cause.
L'Église tient à collaborer à la manifestation
de la vérité. Mais comment peut-elle le faire
si ses procédures propres ne peuvent plus être
appliquées ? La justice française ne saurait
à la fois reprocher à l'Église son
inaction devant des crimes ou délits commis par les
clercs et venir bloquer le fonctionnement de sa justice
interne quand elle la met en uvre. Ce n'est pas en
niant délibérément le secret professionnel
des ministres du culte que la justice permettra à
l'Église d'assumer ses responsabilités et
de collaborer à la manifestation de la vérité.
Parmi les dossiers saisis à l'Officialité
de Lyon, beaucoup ont trait à des procès en
reconnaissance de nullité de mariage. Ils contiennent
des confidences, qui touchent la vie la plus intime des
personnes en cause. Ils contiennent des informations données
par des témoins qui ne déposent qu'en raison
de la garantie du secret. Comment accepter que de telles
confidences soient saisies et exploitées ? Comment
accepter qu'elles puissent être détournées
ainsi de leur finalité propre ? Comment accepter
que la confiance absolue qui nous est faite soit trahie,
confiance de ceux qui acceptent de se livrer justement parce
qu'ils savent que nous ne nous livrerons pas ? Il faudra
bien que soient apportées des réponses à
de telles questions. Ou bien serions-nous amenés,
dans telle ou telle situation, à choisir l'objection
de conscience et à en assumer les risques ?
Je n'ignore pas que le secret professionnel subit aujourd'hui
de nombreuses attaques, qu'il est souvent perçu comme
créant des lieux de non-droit permettant à
certains privilégiés d'éluder leurs
responsabilités ? Comment nier d'ailleurs qu'il y
ait des abus ? Comment nier qu'il y ait un contrôle
normal de l'institution judiciaire sur l'exercice de ce
secret ? Mais dans le secret professionnel, c'est fondamentalement
l'intérêt public, le bien commun de la société
qui sont en cause. Le secret professionnel préserve
un espace de parole, de confiance pour les personnes, espace
qui garantit leur autonomie, indispensable au fonctionnement
même de la démocratie.
Le travail de notre assemblée
J'en arrive pour de bon à notre assemblée.
Ceux d'entre nous qui ont eu la joie, sans doute un peu
austère, de participer au synode, nous diront ce
qu'ils en retiennent. Est-il prétentieux de penser
que notre recherche sur "Des Temps nouveaux pour l'Évangile"
s'inscrit bien dans l'optique d'un synode qui a parlé
de l'évêque comme serviteur de l'Évangile
? Nous ferons le point sur le dossier "Des Temps nouveaux
".
Surtout, nous inscrirons à l'intérieur de
cette perspective nos deux dossiers majeurs, sur le mariage
et sur la catéchèse.
A propos du mariage
Dans notre effort pour "proposer la foi" aux
hommes de notre temps, l'expérience conjugale se
présente à nous à la fois comme un
terrain de fragilité et le lieu d'expression d'une
profonde attente.
Fragilité de notre société, quand
elle récuse son propre droit et son devoir de favoriser
et de promouvoir des formes stables de l'union conjugale,
en vue de l'éducation harmonieuse des jeunes et de
leur socialisation. Fragilité de nos contemporains,
quand ils reculent devant les exigences et les charges d'un
engagement définitif, seul capable d'épanouir
l'amour des époux. Notre conviction, selon laquelle
il n'y a pas d'amour authentique sans engagement confiant
et définitif, semble situer notre Église dans
une défense de modèles archaïques.
Mais nous savons aussi que cette conviction est une bonne
nouvelle, qui correspond à l'attente sans cesse répétée
de familles stables et heureuses. Cette attente nous est
manifestée par les couples qui se tournent vers l'Église
catholique pour lui demander de bénir leur mariage.
Par-delà la tradition familiale et la recherche d'une
ritualisation, nous y reconnaissons une démarche
qui cherche à garantir et assurer l'amour mutuel
au cur des fragilités de ce temps.
Nos réponses à ces demandes ne sont évidemment
pas d'abord conditionnées par des données
statistiques. Elles expriment positivement notre intention
d'annoncer une bonne nouvelle sur l'amour vécu par
un homme et une femme, qui s'adressent librement à
nous et sont dans une attitude d'accueil et d'écoute.
Quel que soit le niveau mesurable de leur foi chrétienne
et de leur engagement dans l'Église catholique, ils
doivent savoir qu'ils seront toujours reçus avec
la préoccupation de les aider à réussir
leur mariage.
Nous allons consacrer un temps notable à partager
les expériences de nos diocèses dans cette
pastorale du mariage. Notre souci commun est de progresser
sans cesse dans la qualité évangélique
de notre réponse à ces demandes. Nous sommes
conscients que dans cette activité, portée
par les prêtres, les diacres et les laïcs de
notre Église, nous rendons service à chaque
couple qui se forme, nous rendons service à la société
tout entière.
A propos de la catéchèse
Le Concile Vatican II rappelle aux évêques
que la charge d'enseigner est la première de leurs
responsabilités (C.D. 12) et qu'ils doivent veiller
"à ce que l'enseignement catéchétique
dont le but est de rendre chez les hommes la foi vivante,
explicite et active, en l'éclairant par la doctrine,
soit transmis avec un soin attentif aux enfants et aux adolescents,
aux jeunes et même aux adultes" (C.D. 14) Il
est donc normal que, périodiquement, nous examinions
la situation de la catéchèse en France.
Nous le savons tous : grâce à des milliers
- je devrais dire des dizaines de milliers - de catéchistes,
la catéchèse demeure, à l'heure actuelle,
un des lieux d'Église où se vivent, à
proprement parler, des temps nouveaux pour l'Évangile.
Les catéchistes sont, sans aucun doute, un des trésors
de nos Églises et leur permettent, au jour le jour,
sans grand éclat, de prendre en considération
les aspirations et les questions des enfants et des jeunes
de notre temps. Grâce à l'Esprit Saint, mais
par leur travail et leurs compétences, nous pouvons
affirmer être une Église des commencements
: partout des groupes d'éveil à la foi surgissent,
des milliers d'enfants se préparent au baptême,
des parents sont accueillis dans leur recherche spirituelle
et des expériences sont menées en particulier
pour rapprocher liturgie et catéchèse. Comment
ne pas leur dire merci !
Il n'en reste pas moins que la catéchèse
traverse un temps de crise, voire même de rupture.
Il ne s'agit pas simplement de statistiques, de baisse de
rentrées ou de difficultés à recruter.
Il s'agit d'abord d'un constat. De plus en plus de jeunes
et d'adultes sont étrangers à la foi chrétienne,
même parmi ceux qui participent à la catéchèse.
Regardant ce qui naît, osant faire face aux ruptures,
nos débats devront nous aider à relever quatre
défis avec tous les chrétiens de bonne volonté.
Le défi de l'évangélisation
Dans la "Lettre aux Catholiques de France", nous
avons pris acte des bouleversements de la société
actuelle et nous nous sommes déterminés pour
une pastorale de la proposition. Il nous reste à
savoir comment vivre cette démarche vis-à-vis
des enfants et des adolescents. Notre réflexion devra
aussi penser aux adultes, et en particulier aux parents
"recommençants" à l'occasion de
la catéchèse de leurs enfants.
Le défi de l'initiation chrétienne
L'existence de différents rituels du baptême
comme la réflexion de "Catechesi Tradendae"
(19) invite à accepter que la maturité dans
la foi ne corresponde pas forcément à un âge
donné. Il est donc nécessaire de s'interroger
sur la réception en groupes d'âge de l'eucharistie
ou de la confirmation et sur les avantages des démarches
diversifiées et adaptées à chacun pour
la réception des sacrements.
Le défi de la formation de l'intelligence chrétienne
Il est essentiel que chaque baptisé vive une véritable
initiation chrétienne. Mais il est aussi essentiel
que chaque baptisé puisse témoigner de la
foi de l'Église avec les mots qui l'expriment le
mieux possible. Dans une société où
il est difficile de croire au Dieu de Jésus Christ,
le Concile nous invite à proposer la doctrine chrétienne
"d'une façon adaptée aux nécessités
du moment !" Il est important de voir comment.
Le défi de l'incorporation dans l'Église
J'emploie le mot "incorporation" en faisant référence
à saint Paul : il s'agit de permettre à chacun
de trouver sa place dans la communauté ecclésiale
pour participer à la transformation eucharistique
du monde.
Les questions sont vastes. La résolution de certaines
semble urgente. Nous sommes bousculés quelquefois
par la réalité. Raison de plus pour prendre
le temps de regarder la situation dans son ensemble, de
réfléchir de nouveau avec les catéchistes,
de chercher à discerner ce que Dieu veut. Nous ne
prendrons pas de décisions cette année. Que
l'Esprit Saint nous éclaire ! "Si l'homme ne
fait pas le vent, il peut hisser les voiles." (saint
Augustin)
***
Nous allons nous mettre au travail, après avoir
célébré l'Eucharistie. Alors même
que nous sommes éprouvés, nous n'avons pas
à rougir de la vie de nos Églises, du courage
du presbyterium de nos diocèses, de la générosité
apostolique de tant de chrétiens habités par
l'Esprit du Christ, de la soif de la Parole de Dieu qui
se fait de plus en plus sentir. Nous sommes appelés
à demeurer les témoins privilégiés
et nécessaires de l'espérance. Nous savons
que nos diocèses en ont besoin. Par la force même
de ce témoignage, plus que jamais la cohésion
et l'unité de notre conférence sont indispensables
pour entrer dans un nouveau siècle qui, dès
sa première année, est marqué par tant
de turbulences.
Puis-je clore mon propos comme je l'avais commencé,
en parlant à la première personne ? Mes deux
mandats à la présidence, qui s'achèvent
un peu plus rapidement que prévu, je les ai vécus
avec vous, je crois pouvoir le dire, comme un temps de fraternité
pour le service de l'Évangile. Avec vous, comme vous,
je n'ose dire pour vous, j'ai vécu ce temps de ministère
comme une possibilité d'entrer plus pleinement dans
la "sequela Christi", et cela dans le service
de l'Église, pour la défense de l'homme et
la recherche de la paix. L'élection que nous avons
à faire, et que nous n'avions pas prévue,
marquera, à sa manière, notre détermination
à garder le cap de l'annonce de l'Évangile.
Je reviens un instant au signe des pains. Le Seigneur ne
cesse de nous redire à tous : aujourd'hui, "donnez-leur
vous-mêmes à manger". Il est avec nous
sur la route. Son Esprit ne nous fera jamais défaut.
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