De nouveaux défis pour la paix du
monde
Après les attentats du 11 septembre 2001
Il y a moins de deux mois, le 11 septembre, le monde était
secoué par les attentats tragiques qui ont frappé
les USA : le terrorisme devenait mondial. Nous restons profondément
marqués par ces événements. Nous partageons
la douleur des familles des victimes et l'émotion du
peuple américain. Les menaces ne sont pas écartées.
L'onde de choc est loin d'être apaisée. Avec
le Synode des évêques, " nous condamnons
de manière absolue le terrorisme que rien ne saurait
justifier ".
Pour nous chrétiens, la pensée que des hommes
puissent tuer d'autres hommes au nom de Dieu, ou, bien pis,
sur l'ordre de Dieu, nous fait horreur. Nous sommes les disciples
de Jésus, le Fils de Dieu. En lui, nous savons que
Dieu est Amour. Par lui, nous recevons le pardon et la force
de pardonner. Avec lui, nous pouvons devenir des serviteurs
de la justice et des bâtisseurs de paix.
Beaucoup de musulmans ont été eux-mêmes
très choqués par cette violence et ont exprimé
leur réprobation. Avec ceux qui vivent dans nos diocèses,
au moment où ils se préparent au Ramadan, nous
voulons surmonter la méfiance et les tensions, poursuivre
le dialogue, intensifier les relations.
Des bombardements de plus en plus violents frappent maintenant
l'Afghanistan, dans l'intention d'y détruire les bases
du terrorisme. Mais ils font aussi des morts et des blessés
dans les populations civiles innocentes. Ils détruisent
les biens. La peur jette sur les routes ou dans les montagnes
des milliers de réfugiés. Une situation de guerre
s'étend dans le pays. Il est temps de chercher d'autres
moyens pour ne pas ajouter le mal au mal, la violence à
la violence.
Si notre humanité veut sortir de la violence, elle
ne peut se dispenser de combattre les situations de violence.
La paix est fruit de la justice et de la solidarité.
Il ne suffit pas de le répéter. Le seul combat
digne de l'humanité est l'engagement de tous, et spécialement
de nos pays plus favorisés, pour réduire les
inégalités criantes entre les peuples, qu'il
s'agisse de la nourriture, de la santé, de l'éducation,
de la liberté, de la dignité, du pouvoir. Beaucoup
d'hommes et de femmes y sont déjà engagés.
Mais cela nous concerne tous. Nous ne pouvons nous y dérober
! " Paix sur la terre " : c'est le message de Noël.
En ce moment où se réunit à Rome la
31ème conférence générale de la
FAO, nous tenons à réaffirmer la nécessité
des organisations internationales, et spécialement
de l'ONU. Plus elles pourront jouer leur rôle, plus
elles deviendront garantes d'un droit international contre
la loi du plus fort ou du plus violent. Nous souhaitons également
que l'Europe puisse assumer pleinement ses responsabilités
internationales.
Le conflit du Proche-Orient
Nous sommes tous particulièrement concernés
par la paix dans un pays qui est une "terre sainte"
pour tant de croyants. Et pourtant les conflits semblent s'y
enliser. La violence appelle la violence et crée un
engrenage sans fin. Elle entretient la haine et l'esprit de
vengeance. Elle ne cessera que si d'abord sont respectés
le droit et l'équité sur les questions fondamentales
: la sécurité de l'État d'Israël,
l'établissement d'un État viable pour les Palestiniens,
une juste répartition des ressources, et spécialement
de l'eau, l'établissement d'un statut adapté
pour Jérusalem, la prise en compte équitable
du problème des réfugiés, dans le cadre
des traités conclus et des résolutions de l'ONU.
Nous sommes convaincus que, malgré la méfiance
accumulée, il est de part et d'autre des hommes et
des femmes assez courageux pour faire advenir une paix durable.
Nous saluons fraternellement les chrétiens de Terre
sainte et leurs pasteurs. Nous partageons leurs souffrances
et leur prière. Nous prions pour qu'ils soient pour
leurs frères, musulmans ou juifs, des témoins
du Christ, le " Prince de la Paix ".
La situation du Soudan
Il y a deux ans, nous avons accueilli ici même Mgr
Zubeir Wako, archevêque de Khartoum. Nous connaissons
les souffrances de ce pays, en guerre depuis des décennies,
avec ses millions de morts et de personnes déplacées.
Aujourd'hui, de nouvelles exactions se produisent au profit
des intérêts pétroliers, dans les régions
du Sud, avec de nouveaux déplacements de population.
Il est important que les entreprises de nos pays restent vigilantes
pour ne pas devenir complices d'une situation d'injustice.
En août dernier, les évêques des Églises
catholique et anglicane du Soudan ont lancé un nouvel
appel " pour l'arrêt immédiat des hostilités
et une paix juste et durable ". Nous nous joignons à
leur appel en pensant aux souffrances de tous les habitants
de ce pays. Aux chrétiens du Soudan, comme à
tous ceux qui, par le monde, se trouvent dans des conditions
minoritaires difficiles ou sont victimes de persécutions,
nous voulons dire notre solidarité.
Aujourd'hui, la paix est devenue l'affaire des opinions publiques
et des gouvernements de tous les pays. La mondialisation n'est
pas qu'une compétition d'intérêts. Il
dépend de tous d'en faire une mondialisation de la
justice et de la solidarité. Responsables pour notre
part du message de paix et de fraternité de l'Évangile,
nous avons voulu lancer cet appel, comme l'avaient fait déjà
les évêques rassemblés au Synode autour
du Pape Jean-Paul II.
Nous prions et nous invitons les chrétiens à
prier Dieu, le Père de tous les hommes, de répandre
son Esprit de paix, et de soutenir les efforts de tous les
artisans de paix. " Heureux les artisans de paix : ils
seront appelés fils de Dieu ".
Les Évêques de France,
le 8 novembre 2001.
ANNEXE : Télégramme envoyé par Mgr Ricard,
le 7 novembre 2001.
A Mgr Alberto GIRALDO JARAMILLO, Archevêque de Medellin
(Colombie), Président de la Conférence épiscopale
de Colombie
Monseigneur,
Vous deviez être des nôtres pour nous partager
les joies et les inquiétudes du peuple colombien, les
projets et les engagements de l'Église de votre pays.
Et voilà que vous-même êtes pris dans le
climat de violence qui sévit depuis trop longtemps
déjà chez vous.
Nous tenons à vous assurer de notre amitié,
de notre soutien et de notre prière.
Nous savons que beaucoup de défis sont aujourd'hui
mondiaux et que la recherche de solutions nous concerne tous.
Veuillez transmettre à vos frères évêques
l'assurance de notre fraternel engagement à vos côtés
et celle de notre prière au Dieu de la vie et de la
paix.
Au nom des évêques de France,
Le Président,
+ Jean-Pierre RICARD
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