SALUT
INITIAL DU SAINT-PÈRE
Chers Jeunes du monde, chers amis !
1. Au nom du Seigneur, je vous salue tous avec affection
! Je suis heureux de vous rencontrer une nouvelle fois, après
les jours de catéchèse, de réflexion,
de partage et de fête que vous avez vécus. Nous
nous approchons de la phase conclusive de cette Journée
mondiale, qui trouvera son couronne-ment demain dans la célébration
de l’Eucharistie.
C’est en vous, qui êtes réunis à
Toronto des quatre coins de la terre, que l’Église
lit son avenir et qu’elle entend l’appel à
cette jeunesse dont l’Esprit du Christ l’enrichit
constamment. L’enthousiasme et la joie que vous manifestez
sont les signes de votre amour pour le Seigneur et de votre
désir de le servir dans l’Église et dans
vos frères.
2. Ces jours derniers, à Wadowice – ma cité
natale –, s’est déroulé le troisième
Forum international des Jeunes, qui a rassemblé des
catholiques, des grecs-catholiques et des orthodoxes provenant
de Pologne et de l’Europe de l’Est. Aujourd’hui,
à l’inverse, au même endroit, ce sont rassemblés
des jeu-nes de toute la Pologne pour s’unir à
nous au moyen de la télévision et pour vivre
ensemble cette veillée de prière. Permettez
que je les salue en polonais :
Je salue les jeunes de langue polonaise, qui sont venus très
nombreux de notre patrie et des autres pays du monde, ainsi
que les milliers de jeunes qui, de toute la Pologne et des
pays de l’Europe de l’Est, sont rassemblés
à Wadowice pour vivre avec nous cette veillée
de prière. À tous, je souhaite que ces jours
apportent des fruits abondants pour un élan généreux
dans leur adhésion au Christ et à son Évan-gile.
3. Au cours de la veillée de ce soir, nous accueillerons
la Croix du Christ, témoignage de l’amour de
Dieu pour l’humanité. Nous acclamerons le Seigneur
ressuscité, lumière qui brille dans les ténèbres.
Nous prierons avec les psaumes, reprenant les paroles mêmes
que Jésus a prononcées quand il s’adressait
à son Père durant sa vie terrestre. Ils constituent
aujourd’hui encore la prière de l’Église.
Nous écouterons enfin la Parole du Seigneur, lampe
pour nos pas, lumière sur notre route (cf. Ps 119,
105).
Je vous invite à être la voix des jeunes du monde,
de leurs joies, de leurs désespoirs, de leurs espé-rances.
Regardez Jésus, le Vivant, et refaites-lui la même
demande que les Apôtres : «Seigneur, ap-prends-nous
à prier» ! La prière sera comme le sel,
qui donne de la saveur à votre existence et qui vous
tournera vers Lui, lumière véritable de l’humanité.
DISCOURS DU SAINT-PÈRE
Chers Jeunes,
1. Lorsqu’en l’année 1985, désormais
lointaine, j’ai voulu lancer les Journées mondiales
de la Jeu-nesse, j’avais dans le cœur les paroles
de l’Apôtre Jean que nous avons écoutées
ce soir : «Ce que nous avons entendu, ce que nous avons
contemplé de nos yeux, ce que nous avons vu et que
nos mains ont touché, c’est le Verbe de la vie...
nous vous l’annonçons à vous aussi»
(1 Jn 1, 1.3). Et j’imaginais les Journées mondiales
comme un temps fort au cours duquel les jeunes du monde pourraient
rencontrer le Christ, éternellement jeune, et apprendre
de Lui à devenir les évangélisateurs
des autres jeunes.
Ce soir, avec vous, je bénis le Seigneur, lui rendant
grâce pour le don fait à son Église à
travers les Journées mondiales de la Jeunesse. Des
millions de jeunes y ont participé, trouvant ainsi
des motifs d’engagement et de témoignage chrétiens.
Je vous remercie en particulier vous qui, accueillant mon
invi-tation, vous êtes rassemblés ici à
Toronto pour «dire au monde votre joie d’avoir
rencontré le Christ Jé-sus, votre désir
de le connaître toujours mieux, votre engagement à
annoncer son Évangile de salut jus-qu’aux extrémités
de la terre» (Message pour la 17.ème Journée
mondiale de la Jeunesse, n. 5).
2. Le nouveau millénaire a commencé avec deux
événements contradictoires : celui de la foule
des pèlerins venus à Rome au cours du grand
Jubilé pour franchir la Porte sainte qui est le Christ,
Sauveur et Rédempteur de l’homme ; et celui du
terrible attentat terroriste de New York, icône d’un
monde dans lequel semble prévaloir la dialectique de
l’inimitié et de la haine.
La question qui se pose est dramatique : sur quelles fondations
faut-il construire la nouvelle époque de l’histoire
qui émerge des grandes transformations du vingtième
siècle ? Sera-t-il suffisant de parier sur la révolution
technologique en cours, qui semble être guidée
uniquement par des critères de produc-tivité
et d’efficacité, sans référence
aucune à la dimension religieuse de l’homme et
sans un discerne-ment éthique universellement partagé
? Est-il juste de se contenter de réponses provisoires
aux problè-mes de fond et de laisser la vie aux prises
de pulsions instinctives, de sensations éphémères,
d’enthousiasmes passagers ?
La question se pose à nouveau : sur quelles bases,
sur quelles certitudes édifier son existence et celle
de la communauté à laquelle on appartient ?
3. Chers amis, vous le sentez instinctivement au-dedans de
vous, dans l’enthousiasme de vos jeunes années,
et vous l’affirmez par votre présence ce soir
: seul le Christ est la ‘pierre angulaire’ sur
laquelle il est possible de construire solidement l’édifice
de son existence. Seul le Christ, connu, contemplé
et ai-mé, est l’ami fidèle qui ne déçoit
pas, qui se fait le compagnon de notre route et dont les paroles
réchauf-fent le cœur (cf. Lc 24, 13-35).
Le vingtième siècle a souvent prétendu
se passer de cette ‘pierre angulaire’, tentant
de construire la cité des hommes sans faire référence
à Lui et il a fini par l’édifier de fait
contre l’homme. Mais les chré-tiens le savent
: il n’est plus possible de refuser ou d’écarter
Dieu sans s’exposer au risque d’humilier l’homme.
4. L’attente que l’humanité nourrit au
milieu de tant d’injustices et de souffrances est celle
d’une nou-velle civilisation à l’enseigne
de la liberté et de la paix. Mais, pour une telle entreprise,
il faut une nouvelle génération de bâtisseurs
qui, animés non par la peur ou par la violence, mais
par l’urgence d’un amour authentique, sachent
poser une pierre après l’autre pour édifier
dans la cité des hommes la cité de Dieu.
Chers jeunes, acceptez que je vous confie mon espérance
: vous devez être ces bâtisseurs. Vous êtes
les hommes et les femmes de demain ; dans vos cœurs et
dans vos mains est contenu l’avenir. À vous,
Dieu confie la tâche, difficile mais exaltante, de collaborer
avec Lui pour édifier la civilisation de l’amour.
5. Dans la lettre de Jean – l’apôtre le
plus jeune et peut-être pour cela le plus aimé
par le Seigneur –, nous avons entendu que «Dieu
est lumière et qu’il n’y a pas de ténèbres
en Lui» (cf. 1 Jn 1, 5). Cepen-dant, observe saint Jean,
Dieu, personne ne l’a jamais vu. C’est Jésus,
le Fils unique du Père, qui nous l’a révélé
(cf. Jn 1, 18). Mais si Jésus a révélé
Dieu, il a révélé la lumière.
En effet, avec le Christ, «la vraie lumière,
qui éclaire tout homme», est venue dans le monde
(Jn 1, 9).
Chers jeunes, laissez-vous attirer par la lumière du
Christ et répandez-la dans les milieux où vous
vivez ! «La lumière du regard de Jésus
– est-il écrit dans le Catéchisme de l’Église
catholique – illumine les yeux de notre cœur ;
elle nous enseigne à tout voir dans la lumière
de sa vérité et de sa compassion pour tous les
hommes» (n. 2715).
Dans la mesure où votre amitié avec le Christ,
votre connaissance de son mystère, votre don de vous-mêmes
à Lui, seront authentiques et profonds, vous serez
«fils de la lumière» et vous deviendrez
à votre tour «lumière du monde».
Pour cela, je vous redis la parole de l’Évangile
: «Que votre lumière brille devant les hommes
; alors en voyant ce que vous faites de bien, ils rendront
gloire à votre Père qui est aux cieux»
(Mt 5,16).
6. Ce soir, avec vous, jeunes des différents continents,
le Pape affirme à nouveau la foi qui soutient la vie
de l’Église : le Christ est la lumière
des nations ; il est mort et il est ressuscité pour
redonner aux hommes, qui marchent dans l’histoire, l’espérance
de l’éternité. Son Évangile n’humilie
pas l’humain : toute valeur authentique, quelle que
soit la culture dans laquelle elle se manifeste, est accueillie
et as-sumée par le Christ. Conscient de cela, le chrétien
ne peut pas ne pas sentir vibrer en lui la fierté et
la responsabilité d’être témoin
de la lumière de l’Évangile.
C’est pourquoi je vous dis à vous ce soir : faites
resplendir la lumière du Christ dans votre vie ! N’attendez
pas d’être plus âgés pour vous engager
dans la voie de la sainteté ! La sainteté est
toujours jeune, comme est éternelle la jeunesse de
Dieu.
Faites connaître à tous la beauté de la
rencontre avec Dieu, qui donne sens à votre existence.
Dans la recherche de la justice, de la promotion de la paix,
de l’engagement en vue de la fraternité et de
la solidarité, ne soyez pas en reste !
Comme il est beau le chant qui résonne en ces jours
:
«Lumière du monde ! Sel de la terre !
Soyez pour le monde visage de l’amour !
Soyez pour la terre le reflet de sa lumière !»
C’est le don le plus beau et le plus précieux
que vous pourrez faire à l’Église et au
monde. Vous le savez, le Pape vous accompagne de sa prière
et de son affectueuse Bénédiction.
28/07/2002
Jean-Paul II,
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