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Assemblée plénière 2002 :
Discours de clôture
par Mgr Jean-Pierre RICARD,
Archevêque de Bordeaux,
Président de la Conférence des évêques de France
Le 9 novembre 2002

[ en mp3]




 

Au cours de cette Assemblée, nous avons voulu nous mettre à l’écoute des "joies et des espoirs, des tristesses et des angoisses des hommes de ce temps" (Vatican II, L’Eglise dans le monde de ce temps, n° 1). Les questions de beaucoup de nos contemporains, de jeunes en particulier, ont été présentes à notre esprit : "Pourquoi vivre ? Pourquoi préférer la vie, même quand elle est dure ? Qu’est-ce qu’aimer ? Un amour durable est-il possible ? Comment être heureux ? Comment discerner le bien du mal ? Qu’est-ce qu’une société juste ?" Quand nous avons réfléchi sur la catéchèse, le mariage, la place de l’Eglise dans notre société, c’est bien cette recherche du sens de la vie que nous avons voulu prendre en compte.

Le Christ, lumière et force pour tout homme

Eclairés par la foi, nous savons que l’Evangile du Christ vient répondre à cette quête profonde de l’homme. Nous sommes habités par cette conviction exprimée par le Concile Vatican II : "L’Eglise, quant à elle, croit que le Christ, mort et ressuscité pour tous, offre à l’homme, par son Esprit, lumière et force pour lui permettre de répondre à sa très haute vocation" (L’Eglise dans le monde de ce temps, n° 10). C’est cette espérance que nous souhaitons offrir à tout homme comme une bonne nouvelle. Refusant de nous enfermer dans nos discours internes, nous proposons ouvertement notre foi dans son originalité. Renonçant à toute forme d’égocentrisme ecclésial, refusant de diaboliser notre environnement social tout autant que de le canoniser naïvement, nous voulons présenter à tous la lumière et le levain de l’Evangile. A chacun nous disons : laisse-toi saisir par le Christ, aimer par le Père, habiter par l’Esprit. Laisse-toi aimer et entre à ton tour dans cet amour qui est don et offrande de soi à l’autre.

Au cours de ses travaux, notre Assemblée s’est efforcée de délivrer un message finalement simple : l’homme ne peut être heureux que s’il se donne lui-même. Le don de soi conduit ainsi au cœur même de l’homme. C’est Dieu qui donne la vie. C’est le Christ qui dévoile le secret de cette vie, quand il déclare, avant de se livrer entièrement à un sacrifice librement consenti : "Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime" (Jn 15, 13). Certes, les chemins du bonheur peuvent s’avérer ardus ; nous en savons les exigences. Mais ils existent. Nous voulons en témoigner.

La catéchèse au cœur des préoccupations de toute communauté chrétienne

Cet Evangile dont nous sommes les serviteurs n’est pas seulement une parole humaine. Il est puissance de Dieu dans l’existence de ceux qui le reçoivent. Dans nos diocèses, quand nous rencontrons pour l’appel décisif les adultes qui se préparent au baptême, ces catéchumènes nous partagent souvent ce que cette rencontre avec le Christ et cette découverte de l’Evangile ont changé progressivement dans leur vie. Leurs yeux se sont ouverts, leurs relations ont été vécues autrement, leur existence quotidienne s’est transformée. Ils ont découvert une présence qui rayonne et éclaire leur route. Cette expérience est fondatrice. C’est bien elle que nous souhaitons proposer à tous, enfants, jeunes et adultes, dans le cadre de la catéchèse. Le 12 octobre dernier, lors d’un récent congrés catéchétique, le pape Jean-Paul II disait aux participants : "Au cours de ces intenses journées de travail, vous avez cherché à mettre en œuvre ce que j’ai écrit dans la Lettre Apostolique Novo Millennio ineunte : ouvrir le cœur à l’onde de la grâce et permettre à la parole du Christ de passer à travers nous avec toute sa puissance : duc in altum (n°38)".

Lors de notre Assemblée, nos journées de travail sur la catéchèse ont été, elles aussi, intenses. Sans doute notre entreprise s’est-elle révélée plus ardue et moins rapide que nous l’avions pensé au départ. Mais le défi est essentiel. Il s’agit au cœur de notre société de permettre à "l’onde de la grâce" de surgir dans des cœurs qui ne sont pas toujours préparés à la recevoir, à cause de l’influence de leur environnement ou de celle de la culture contemporaine.

Ce défi, nous ne pourrons le relever qu’en invitant les communautés chrétiennes à prendre toujours davantage conscience du mystère de la foi qui les réunit : "La catéchèse naît de la profession de foi de l’Eglise et mène à la profession de foi du catéchumène et du catéchisé"(Directoire général catéchétique, n° 82). Les communautés chrétiennes sont appelées à être ces lieux où des enfants, des jeunes et des adultes sont accueillis, invités à entrer dans l’expérience chrétienne et engendrés dans la foi grâce à l’action de l’Esprit. Cela implique que ces communautés vivent en profondeur du mystère du Christ, qu’elles aillent au cœur de la foi. Comment ne pas inviter chaque catholique, chaque communauté à vivre pleinement cette expérience ? Comment ici ne pas appeler les paroisses, les mouvements, les aumôneries à prendre au sérieux l’appel qui leur est lancé à réfléchir à leurs responsabilités catéchétiques ?

Catéchèse, catéchuménat, aumônerie de jeunes, accueil d’adultes qui se remettent en route sur le plan de la foi ont pu paraître à beaucoup comme des activités adjacentes, particularisées, sectorisées dans la vie des communautés chrétiennes. Aujourd’hui, ces activités doivent être au centre même des préoccupations de ces communautés. Fidèles à leur mission, elles pourront dire alors à nos contemporains qui cherchent, plus ou moins secrètement sans doute, les voies du bonheur : "Si tu savais le don de Dieu" (Jn 4, 10). Je remercie la Commission épiscopale de la catéchèse et du catéchuménat de leur fournir dans les meilleurs délais les moyens de cette réflexion et de cette recherche.

Par ailleurs, orientations et directives devront être données prochainement, pour que la proposition de la catéchèse soit actualisée en tenant compte des conditions dans lesquelles beaucoup vivent aujourd’hui et accèdent à la foi. Nous avons commencé toute une réflexion. Celle-ci doit encore se poursuivre. Je remercie par avance les membres des communautés chrétiennes, les catéchistes et les équipes diocésaines de catéchèse pour leur participation à cette élaboration. Puissions-nous proposer à tous ceux qui veulent rencontrer le Christ, quel que soit leur âge, leur formation humaine ou chrétienne, de se laisser conduire par Lui dans l’Esprit vers le Père !

Le mariage : un acte d’espérance

Notre Assemblée a conclu le travail engagé l’an dernier sur la préparation et la célébration du mariage. Il serait plus exact de dire que nous avons conclu une étape du travail. Le mariage, en effet, est une expérience tellement constitutive de l’aventure humaine que nous sommes régulièrement appelés à y réfléchir et à ajuster nos orientations pastorales aux évolutions des situations de ceux à qui nous nous adressons.

Nous avons regardé la famille d’aujourd’hui, en crise certainement, mais demeurant une grande espérance pour tous, et nous proposons des initiatives pour la soutenir. Il ne s’agit pas d’imposer un modèle mais de libérer des dynamismes présents en tous et de proposer le don de l’Evangile qui permet de dépasser les fragilités et les blessures. Notre parole se veut d’encouragement et d’espérance. Nous voulons dire à tous que le mariage est une chance pour les hommes et les femmes de ce temps, ainsi que pour notre société. Comme nous l’affirmons dans notre Message : "Nous sommes témoins des joies que l’amour authentique peut susciter chez un homme et une femme. Nous osons dire aussi que l’engagement libre et définitif constitue la meilleure voie pour approfondir cette rencontre et éduquer les enfants dans la stabilité."

Aux jeunes, aux futurs époux, nous souhaitons dire : l’engagement pour la vie est possible. Il est chemin de bonheur. Il passe par le décentrement vis-à-vis de soi et le don fait à l’autre. Sur votre route, vous n’êtes pas seuls. Dieu est avec vous. Le Christ sera votre compagnon de route. Si vous êtes attentifs à sa présence, il vous apprendra et vous aidera à aimer comme lui et ainsi à grandir dans l’amour véritable.

Cela nous appelle à soigner particulièrement l’accueil de ces couples nombreux qui viennent demander à l’Eglise de célébrer leur mariage. Cet accueil ne saurait se réduire à une simple préparation de célébration. Il doit être écoute, réflexion avec eux sur leur projet de vie et l’engagement qui va être le leur. Il sera aussi un lieu de proposition de la foi et de découverte du dessein de Dieu, en particulier pour des couples qui n’ont pas eu de contact avec l’Eglise ni d’initiation préalable à la foi chrétienne.

Cet accueil demande aux paroisses, mouvements et communautés une grande mobilisation. Comment ne pas dire, dans le cadre de cette Assemblée, un grand merci à tous ceux, prêtres, diacres, laïcs et couples chrétiens qui s’investissent dans ce travail d’accompagnement des couples, de préparation de leur mariage et de leur soutien à travers les différents moments de leur histoire ?

Notre message d’espérance sur le mariage ne veut pourtant pas ignorer ceux pour qui le mariage et la vie familiale sont malheureusement une expérience de souffrance, voire de rupture. Nous encourageons toutes les paroisses et tous les mouvements à accueillir ceux qui sont ainsi marqués par un échec de l’amour. Certains chrétiens, engagés dans une seconde union civile, vivent un sentiment d’exclusion. Nous souhaitons leur dire à nouveau qu’ils ont leur place et leur mission dans l’Eglise. Nous savons que la miséricorde de Dieu s’adresse à chacune et à chacun d’entre eux. Le Christ offre toujours à ceux qui veulent le suivre un chemin de vie et de progrès spirituel.

Une Eglise présente à la société

Nous avons commencé une réflexion sur la présence et la responsabilité de l’Eglise dans notre société. Nous avons évalué la place tenue par les catholiques dans le pays, aujourd’hui. Parce que celle-ci a changé, il arrive qu’on pronostique son déclin ou sa disparition. Une observation plus fine repère un levain qui travaille toujours la pâte. Nous ne cherchons pas une visibilité rassurante mais nous voulons une reconnaissance sociale qui permette un service de tous sans exclusive. D’ailleurs, notre ministère épiscopal nous donne de multiples occasions de pouvoir vérifier l’ampleur de la part que l’Eglise catholique, par ses membres et ses institutions, prend dans la vie de notre société. Elle participe aux réflexions, aux choix, aux débats de société, de multiples manières et spécialement grâce aux divers moyens de communication. Elle s’investit dans l’éducation des enfants et des jeunes. Elle se fait proche de tous ceux qui sont éprouvés dans leur santé, leur intelligence, leurs conditions de vie.

Les églises de nos villages, de nos quartiers, de nos villes ne sont pas seulement des édifices, témoins d’un passé qui serait révolu. Elles sont des lieux où se célèbre la foi, où se laisse pressentir, à travers leur beauté même, la présence de Dieu qui se révèle à l’homme.

Le partage entre nous, évêques, sur la place de l’Eglise catholique dans la société française d’aujourd’hui nous a ramenés à l’essentiel de notre mission : vivre comme des croyants, accompagner la recherche spirituelle de nos contemporains, nous engager dans le service de l’homme, œuvrer pour un monde plus juste et fraternel en osant risquer de nouveaux chemins pour la proposition de l’Evangile.

Nous n’oublions pas que pour les disciples du Christ les pauvres ont une place privilégiée dans l’annonce de l’Evangile. Un des signes que le salut est là n’est-il pas que la Bonne Nouvelle leur est annoncée (cf. Lc 4, 18) ? Nous pensons à tous ceux qui, dans notre société, vivent dans la pauvreté, la marginalité sociale ou l’exclusion. Ces dernières semaines, différents organismes ou associations ont exprimé leurs inquiétudes à propos des propositions de lois sur la sécurité intérieure. Ils ont fait part de leurs réserves, craignant des dérives possibles dans l’application de ces dispositions législatives. Nous entendons leurs inquiétudes et leurs questions. Nous appelons à la vigilance. Si l’exploitation mafieuse de la prostitution, de la misère, des migrations et des squatts doit être sanctionnée, il est important que nous n’en arrivions pas à criminaliser la misère et à suspecter systématiquement des catégories entières de population en situation précaire (gens du voyage, migrants, personnes sans domicile fixe, jeunes des banlieues, etc.). Il en va du respect de la dignité de tout homme, créé à l’image de Dieu.

Participer à la construction de l’Europe

Lors de notre Assemblée, l’avenir de l’Union européenne a été particulièrement présent à notre réflexion. L’horizon de l’année 2004 a retenu notre attention. Cette année-là, dix nations vont vraisemblablement entrer dans l’Union européenne.

Nous avons entendu le Président de la Conférence épiscopale de Hongrie, Mgr Seregely, nous dire le souhait ardent des pays d’Europe centrale de rejoindre l’Union. Soumis pendant près de cinquante ans à un athéisme imposé, ces nations d’Europe centrale se réjouissent de pouvoir bénéficier de nouveau d’une réelle liberté religieuse. Les évêques de ces pays connaissent les risques du sécularisme et du relativisme religieux qui marquent les pays d’Europe occidentale. Mais ils font confiance à leurs fidèles et à ceux de nos pays pour relever les défis de la proposition de la foi aux nouvelles générations d’Européens. Ils aspirent à voir s’améliorer leur niveau de vie tout en restant lucides sur les efforts qui leur seront demandés et les défis à relever pour sauvegarder la richesse de leur culture et de leurs traditions nationales.

Nous avons tous à être attentifs aux vrais enjeux de la construction européenne. Sans les sous-estimer, nous voulons rappeler que l’Union européenne ne se réduit pas à ses seuls aspects économiques et financiers. Depuis son origine, cette Union repose sur une volonté de réconciliation et de pardon entre nations trop longtemps ennemies et ainsi sur un désir de servir la paix dans le monde.

Nos diverses instances ecclésiales ont apporté leurs contributions à la préparation de la Convention européenne. Celles-ci stipulent dans les textes envoyés que le droit des différentes confessions religieuses doit rester de la compétence des divers Etats membres. Cela est de nature à sauvegarder l’originalité des traditions culturelles qui font la richesse de l’Europe. Avec le pape Jean-Paul II et beaucoup de conférences épiscopales d’Europe, nous souhaitons la reconnaissance positive, non seulement de l’héritage religieux de notre continent, mais aussi de la contribution qu’apportent à la vitalité de la culture et au renforcement du lien social les diverses traditions religieuses. Ce n’est pas défendre des intérêts catégoriels que de nous mobiliser pour ce qui engage l’avenir de l’homme, sa dignité et sa destinée.

Nous invitons donc les catholiques, les mouvements et les services de nos diocèses à s’intéresser au devenir de l’Europe et nous encourageons toutes les initiatives qui peuvent contribuer à renforcer ces liens de solidarité et d’amitié entre pays européens (jumelages, colloques spécialisées, initiatives des universités, des congrégations religieuses, des paroisses, Semaine sociale européenne de Lille en septembre 2004…).

Renforcer nos liens de communion

Notre Assemblée a été vraiment un temps de rencontre fraternelle, de prière, de réflexion commune, de discernement pastoral. Ensemble, nous avons cherché à servir l’annonce de la Bonne Nouvelle dont l’Eglise est porteuse. Nous devons encore améliorer nos méthodes de travail. Il nous faut poursuivre notre réflexion sur la réforme des structures de notre Conférence. Celles-ci seront appelées à être revues pour permettre un meilleur dynamisme apostolique et une plus grande adéquation à nos capacités d’investissement en personnes et en finances. Nous continuerons à travailler cette question en provinces et en Assemblée. Des propositions vous seront faites dans les mois qui viennent pour avancer dans ce travail. Puissent ces réformes de structures nous aider surtout à vivre l’expérience d’une plus grande collégialité ! Les enjeux de notre mission commune impliquent le renforcement de nos liens de communion.

* * *

Nous allons rentrer maintenant dans nos diocèses. La mission qui nous attend, les défis à relever, les initiatives à prendre peuvent nous paraître écrasants. Sans doute avons-nous aujourd’hui une conscience plus vive de nos limites, de la pauvreté de nos moyens et de nos capacités. N’est-ce pas là un appel à nous en remettre plus radicalement encore à l’Esprit Saint et à sa puissance ? N’avons-nous pas à accueillir comme une invitation à la confiance cette parole du Christ à Paul : "Ma grâce te suffit ; ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse" ? Et l’apôtre d’ajouter : "Car lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort" (2 Co 12, 9.10). Si Dieu est à l’œuvre, pourquoi avoir peur ? C’est lui qui agira. Ce qu’il attend de nous, c’est la foi, la confiance, la disponibilité à le servir. La fécondité de notre action, c’est Lui qui la donnera.

Lourdes, samedi 9 novembre 2002

Jean-Pierre RICARD
Archevêque de Bordeaux
Président de la Conférence des Evêques de France