DE LA CONFUSION À L'INCOHÉRENCE
1. Les débats de ces derniers mois autour du "Pacte
Civil de Solidarité" pouvaient laisser espérer
qu'on en viendrait à plus de clarté et de
sagesse. C'est finalement une grande confusion qui a été
entretenue. La déclaration du Conseil Permanent de
l'Épiscopat du 17 septembre 1998, parlant d' "une
loi inutile et dangereuse", garde toute son
actualité.
2. Les amendements adoptés le mercredi 24 mars par
la Commission des Lois de l'Assemblée nationale préconisent
l'inscription du concubinage dans le code civil, assortie
de l'assimilation entre une union de personnes de sexe différent
et une union de personnes de même sexe. Ce choix est
d'une extrême gravité. Malgré les propos
lénifiants qui ont pu être tenus, il révèle
après coup certains des objectifs initiaux des propositions
de lois sur le PACS.
3. Il serait déjà inquiétant d'inscrire
le concubinage dans le code civil : dévaloriser le
sens de l'engagement encourage la fragilisation de la vie
sociale. Plus dangereux encore : brouiller les repères
de la différence sexuelle, qui fonde le couple et
la parenté, et en effacer les expressions juridiques,
ce serait porter atteinte à la cohésion sociale
et aux fondements mêmes de notre société.
4. Cette législation entraînerait inévitablement
des revendications nouvelles concernant, par exemple, l'adoption
et la procréation médicalement assistée
en faveur de personnes vivant une relation homosexuelle.
C'est l'avenir des enfants qui serait alors compromis.
5. Sans doute nous dira-t-on que les changements envisagés
n'atteignent en rien l'institution du mariage sous prétexte
qu'il s'agit d'autre chose. Qui peut le croire ? S'il veut
être cohérent, le législateur doit choisir
: ou soutenir la famille, ou promouvoir ce qui en est la
négation.
6. "Une vigilance s'impose, disait récemment
la Commission sociale des Évêques de France,
devant certains types de fonctionnement démocratique,
qui semblent saper progressivement ces vertus mêmes
dont la démocratie a besoin" (Réhabiliter
la politique § 19). Précisément,
nous y sommes.
L'avertissement est grave. Est-il trop tard pour entendre
raison ?
+ Louis-Marie BILLÉ
Président de la Conférencedes Évêques
de France
Le 28 mars 1999
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