Béatification du Padre Pio
Dimanche 2 mai 1999
A loccasion de la béatification
du Padre Pio (1887 - 1968),
il est intéressant de rappeler les grands traits
de sa vie, ainsi que la signification spirituelle des stigmates.
Biographie
Francesco Forgione naît le 25 mai 1887 à Pietrelcina
(Italie). Il prend le nom de Pio à son entrée
chez les capucins de Morcone (1903). Prêtre en 1910,
il réside dans sa famille, pour raisons de santé,
jusquen 1916. En septembre 1916, il est envoyé
au couvent de San Giovanni Rotondo, et y reste jusquà
sa mort, le 23 septembre 1968.
Les stigmates que portait le Padre Pio, attirèrent
lattention des autorités ecclésiastiques
et provoquèrent lattention du Saint-Office,
qui ordonna son transfert de S. Giovanni Rotondo (2 juin
1922) et déclara ne rien constater de surnaturel
dans les faits qui lui sont attribués . Le
Saint-Office lui interdit tout exercice du ministère,
à lexception de la messe quil pouvait
célébrer en privé dans la chapelle
du couvent. Ces mesures furent rapportées progressivement
: le 29 juillet 1933, on permit à Padre Pio de pouvoir
de nouveau célébrer la messe dans léglise.
Il est autorisé à confesser les hommes, le
25 mars 1934, puis les femmes, le 12 mai de la même
année.
Avant davoir atteint lâge adulte, il
comprit quil devait combler, en union avec Jésus,
lespace qui sépare les hommes de Dieu. Il mit
en uvre ce programme selon trois moyens : la direction
des âmes ; la confession sacramentelle ; la célébration
de la messe.
En matière de direction spirituelle, le Padre Pio
vivait et faisait vivre fermement la vérité
fondamentale de la foi.
Se confesser au Padre Pio nétait pas chose
aisée avec la perspective dune rencontre pas
toujours amène. Pourtant on se pressait continuellement
autour de son confesionnal.
Le moment le plus exaltant de son activité apostolique
était celui de la messe. La centaine de milliers
de personne qui y ont assisté ont perçu par
cette célébration la hauteur et la plénitude
de sa spiritualité.
Cet intense ministère sacerdotal attira autour du
premier prêtre stigmatisé une clientèle
mondiale (Paul VI) qui accourut de tous les coins
de la terre pour lapprocher. Dautre part, les
gens lui confiaient, en dinnombrables lettres, le
fardeau de leurs problèmes matériels et spirituels.
Limage du Padre Pio est inséparable du chapelet,
signe de sa tendresse envers la mère de Jésus.
Au plan social, le Padre Pio sengagea beaucoup pour
soulager les souffrances et les misères de nombreuses
familles, principalement par la fondation de la Maison
du Soulagement de la Souffrance (inaugurée
en 1956). Il fonda également des groupes de
prière .
En 1954, les capucins décidèrent la construction
dune église plus vaste. Laffluence des
foules fut telle quil fallut distribuer des numéros
darrivée pour les confessions. Les lettres
arrivèrent par centaines
il en arrivait jusquà
10 000 par jour auxquelles sajoutaient parfois jusquà
700 télégrammes
De 1959 à 1964, nouvelles persécutions. De
la part des capucins, accusations de malhonnêteté
à cause des sommes énormes que le Padre recevait
de partout pour son hôpital. Il souffrait à
nouveau de mesures visant à restreindre son ministère.
Enfin le 30 janvier 1964, Paul VI demande que Padre Pio
puisse exercer son ministère en toute liberté.
Décédé le 23 septembre 1968, son corps
repose dans léglise de S. Maria delle Grazie
à S. Giovanni Rotondo. Les nouvelles générations
continuent à venir sur sa tombe. Et dans le monde,
la fécondité mystérieuse de
sa longue vie de prêtre et de fils de saint François
dAssise continue à agir, pourrions-nous dire,
selon une croissance visible (Jean-Paul II).
Le 29 novembre 1982, Jean-Paul II signa le décret
introduisant la cause de béatification du Padre Pio.
Louverture officielle du procès eut lieu dans
le sancuaire de S. Maria delle Grazie, le 20 mars 1983.
Le 2 mai 1999, le Padre Pio est béatifié.
Les stigmates. Lattitude de lÉglise
Le Padre Pio est connu comme le premier prêtre
stigmatisé même sil y a eu auparavant
quelques prêtres marqués des plaies du Sauveur.
Mais il est le premier qui a porté en permanence
les stigmates du Christ pendant plus de cinquante années.
Cest en 1918 que nous avons, par le biais dune
lettre adressée à son confesseur, son récit
de stigmatisation (cf. encadré).
Cest loccasion de rappeler lattitude
de lEglise à légard de la stigmatisation
en général.
LEglise na, en ce domaine, jamais rien défini
de façon stricte : les historiens, les médecins,
les théologiens sont donc libres de soutenir ou de
défendre lhypothèse quils jugent
la plus apte à expliquer le phénomène.
Ce sont les vertus qui intéressent lEglise
et non pas laspect extraordinaire de certains faits,
surtout quand il sagit de personnages béatifiés
ou canonisés.
La bulle de canonisation de saint François dAssise
en 1228 ne fait aucune mention de sa stigmatisation. Ce
sont les bulles de Grégoire IX, Alexandre IV, Nicolas
III, entre 1237 et 1291, qui prennent la défense
des stigmates du saint franciscain contre ses détracteurs
médiévaux. Elles ne prétendent pas
pour autant en donner une explication convaincante et irréfutable.
Il arrive également que lEglise déclare
de façon formelle ne pas engager son autorité
à propos de faits de stigmatisation.
Stigmatisation et sainteté
Les théologiens de la vie mystique ont toujours
affirmé quil ny pas de relation directe
entre stigmatisation et sainteté.
Il ny a pas, de toute manière, de relation
intrinsèque et nécessaire entre la stigmatisation
et la sainteté, entre celle-ci et celle-là.
La sainteté dun sujet ne se juge pas par sa
stigmatisation. On juge de sa stigmatisation par sa sainteté,
par lobservation des circonstances morales et spirituelles
avec lesquelles la stigmatisation est en affinité
et en liaison (R. Garrigou-Lagrange et M.B. Lavaud,
Les circonstances de la stigmatisation ,
Etudes carmélitaines , oct. 1936). Les phénomènes
physiques ne peuvent jamais être une preuve de sainteté.
Privés de portée religieuse et spirituelle
seraient des stigmates qui nauraient quune origine
pathologique. Il ne sagirait que dun fait anormal
et morbide (sinon frauduleux).
La passion du Christ est rendue en quelque sorte vive et
contemporaine à travers les stigmates que les croyants
vénèrent. Estimés par les uns comme
des amis de Dieu, ayant une mission providentielle à
remplir, les stigmatisés sont soupçonnés
par les autres, parfois leurs frères dans la foi
au Christ, de tares psychologiques et de maladies mentales.
La destinée des stigmatisés est dêtre
un objet de division entre humains et doppositions
réciproques. Cest là un des aspects
les plus évidents de leur identification à
la croix du Sauveur et à ses plaies salvatrices.
La vie du Padre Pio en est dailleurs une illustration.
Les contradictions, les humiliations
font
aussi partie des stigmates du crucifié et comptent
parmi les épines de sa couronne (R. Garrigou-Lagrange
et M.B. Lavaud, op. cit.).
Daprès lEncyclopédie
Catholicisme
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