Déclaration
des Présidents du Conseil d'Eglises Chrétiennes
en France
Paris, le 30 septembre 1999
Le Conseil d'Églises Chrétiennes en France
tient à rendre public l'appel, ci-joint, des Évêques
du Congo-Brazzaville. Celui-ci vient confirmer la situation
dramatique qui prévaut dans ce pays et que les Églises
n'ont cessé de faire connaître depuis des mois.
Le Conseil d'Églises Chrétiennes en France
appelle solennellement le gouvernement français à
intervenir auprès de la Communauté européenne
pour qu'elle conduise au plus tôt une médiation
politique en faveur d'un cessez-le-feu, de la reprise du
dialogue entre les belligérants et d'une intervention
humanitaire massive pour répondre au désarroi
des populations.
Mgr L.-M. Billé Président
de la Conférence des Évêques de France
Pasteur J.-A. de Clermont Président de la Fédération
Protestante de France
Mgr Jérémie Président du Comité
interépiscopal orthodoxe de France
Appel des Évêques du Congo
Aux responsables des FDU* et Partis apparentés
Aux responsables de l'ERDDUN* et Partis apparentés
Le cur meurtri, les pasteurs que nous sommes, venons
vous adresser cet appel urgent.
Voici déjà un bon moment qu'une grande partie
de notre population vit la tragédie la plus longue
et la plus cruelle de notre pays : une guerre inutile, sans
issue, aux conséquences matérielles et morales
incalculablement néfastes.
1. Notre jeunesse, à la fois actrice et victime
de ces guerres successives est particulièrement la
couche la plus touchée de notre société.
Les jeunes des différents partis se haïssent,
s'affrontent, se combattent et meurent par centaines.
2. A grande échelle, les femmes, les jeunes femmes,
les filles sont violées, déshonorées,
bafouées dans leur dignité de femmes.
3. A grande échelle, les enfants, les vieux, les
malades, les couches les plus fragiles, sont décimées.
4. La mort, tout court, sème la désolation
parmi les populations qui, dans les forêts, sont sans
secours alimentaires et sanitaires.
5. Tous les villages ont vu leurs cimetières s'agrandir
de nouvelles tombes.
Les populations sont dans un désarroi moral total.
Les "squelettes" ambulants qui entrent à
Brazzaville, témoignent encore des violences inouïes
exercées sur les gens, tant par les rebelles que
par la force publique. Des milliers de personnes déjà
appauvries par trois décennies d'un système
économique défaillant, se trouvent aujourd'hui
dans une extrême misère. Ce qu'ils ont gagné
et construit à la sueur de leur front, durant toute
leur vie, a volé en fumée à cause des
pillages systématiques et des destructions massives.
Si l'annonce du dialogue a été accueillie
avec un grand soulagement, il ne reste pas moins vrai que
ce dialogue tarde à venir. Et dans la situation de
détresse actuelle, un jour qui passe, se chiffre
par des dizaines de morts dans la population, alors que
cinq à six cent mille personnes, sans secours, continuent
d'errer dans les forêts du Sud du Pays.
Aussi venons-nous vous supplier, pour qu'un "cessez-le-feu"
soit rapidement déclaré par vous tous afin
de permettre :
1. Aux organisations humanitaires de se rendre dans les
grandes localités pour soulager, en urgence, les
populations désespérées.
2. Au dialogue de s'amorcer dans un climat de confiance
retrouvée.
Fait à Brazzaville, le 21 septembre
1999
Pour les Évêques du Congo
Mgr Anatole Milandou, Évêque de Kinkala
Président de la Conférence Épiscopale
du Congo
* FDU : Forces démocratiques unies
* ERDDUN : Espace républicain pour la défense
de la démocratie et de l'unité nationale
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