Conférence des commissions justice
et paix d'Europe :
Déclaration sur les évènements du 11
septembre et leurs conséquences
1. Réunie à Budapest en assemblée
générale, nous, Conférence des Commissions
Justice et Paix d'Europe, condamnons avec force l'horrible
agression terroriste du 11 septembre contre les Etats-Unis.
Nous exprimons nos sincères condoléances aux
familles des victimes et notre admiration pour ceux qui
ont risqué leur vie ou trouvé la mort dans
les opérations de secours. Nous avons prié
pour les victimes pendant notre réunion ; nous les
garderons dans nos prières, eux et le peuple des
Etats-Unis, qui doit maintenant assumer l'héritage
de la catastrophe qui l'a frappé.
2. Ces crimes ont probablement été commis
par des groupes restreints, mais bien organisés.
Nous rejetons toute attribution de responsabilité
collective aux musulmans, aux peuples arabes en général,
ou aux peuples du Moyen-Orient, ainsi que toute thèse
interprétant cette agression comme la preuve qu'il
existe par nature un antagonisme entre les religions ou
entre les civilisations. Nous déplorons que les appartenances
religieuses soient exploitées pour défendre
des intérêts communautaires restreints, à
des fins politiques, ou pour inciter à la violence
et nous affirmons le pouvoir que peut avoir la religion
d'inspirer le renouveau des curs et de promouvoir
la réconciliation individuelle et collective, qui
seule peut nous ouvrir au don de la paix. Il est particulièrement
urgent de trouver des solutions justes à la crise
en Terre Sainte, lieu fondamental de rencontre des communautés
de foi.
3. Le terrorisme traduit un mépris total de la dignité
des êtres humains et des structures du droit et de
l'ordre internationaux. Aucun effort ne doit être
épargné pour l'éliminer dans le cadre
du droit international. Alors même que celui-ci reconnaît
le droit à l'auto-défense en cas d'agression,
en tant que chrétiens, nous soulignons également
que toute opération militaire sans retenue serait
totalement incompatible avec nos croyances et notre éthique.
La réponse à l'agression, quelle que soit
sa forme, ne doit pas non plus engager un nouveau cycle
de violence, potentiellement plus grave. Nous pensons en
effet que le défi actuel est d'éviter que
nos propres valeurs humaines soient bafouées par
notre réaction à l'inhumanité d'autrui.
4. Rien ne peut justifier des agressions telles que celle
qui a été commise le 11 septembre. Nous pensons
aussi que ces événements sont un appel à
la réflexion. De même que la paix est le fruit
de la justice, l'injustice durable peut se trouver à
la racine de la violence car elle crée les conditions
d'un désespoir qu'exploitent ensuite certaines formes
de terrorisme. Nous affirmons donc qu'une des réponses
essentielles à cette agression réside dans
un ré-examen et un changement radical, de la part
des pays riches, de leur relation avec les peuples qui sont
privés des moyens de vivre dans la dignité.
En tant que Conférence européenne, nous appelons
en particulier les pays d'Europe, et l'Union européenne
en tant que telle, à renouveler leur engagement à
construire un ordre économique international équitable.
Nous sommes solidaires des nombreuses voix qui, aux Etats-Unis,
en appellent de même à un ré-examen
de la place de leur pays dans un monde globalisé.
5. Dans de nombreuses régions du monde, des groupes
entiers restent privés de tout moyen de débattre
démocratiquement des choix nationaux, de choisir
leurs leaders politiques et d'exercer leurs droits humains.
Nous appelons les gouvernements à promouvoir une
pleine participation politique, laquelle n'est pas moins
importante que le développement économique
pour contribuer à réduire la violence.
6. La recherche d'un ordre mondial juste demande une réforme
en profondeur des instruments juridiques et politiques internationaux
: le renforcement de l'autorité et des ressources
des Nations unies, ainsi que l'établissement et le
développement de la Cour pénale internationale
offriraient, à notre avis, à la communauté
internationale et aux Etats-Unis eux-mêmes, des moyens
très précieux pour lutter contre le terrorisme.
7. Tous, nous devons nous engager à une réflexion
personnelle, à une conversion continuelle et à
un renouveau du dialogue entre les cultures et les civilisations.
En priant pour les victimes des attaques du 11 septembre,
pour ceux qui ont l'immense responsabilité de définir
une ligne politique dans la crise présente, et pour
toutes les victimes de la violence, nous nous engageons
à prendre part à la création d'un ordre
mondial où tous les peuples pourront jouir de la
justice, de la paix et d'une vraie liberté.
Conférence des commission Justice
et Paix d'Europe
30 septembre à Budapest
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