Après le premier tour des "présidentielles",
Mgr Emile Marcus propose un éclairage Paris le 24 avril
2002
La politique est un domaine dans lequel les croyants - a
fortiori ceux qui ne le sont pas - détestent recevoir
du clergé ce qui pourrait ressembler à des consignes.
Certaines circonstances peuvent provoquer cependant les responsables
de l'Église à proposer un éclairage.
1. Je me suis exprimé dans un récent éditorial
de Foi et Vie sur la dignité de l'action politique
et ses enjeux pour notre vie quotidienne, individuelle et
collective, pour l'immédiat et le long terme, y compris
dans ses dimensions spirituelles. Que l'on m'excuse de mettre
les points sur les i : il fallait comprendre que l'abstention,
sauf impossibilité majeure évidemment, est une
faute.
2. Il est permis de se sentir démuni devant les choix
que comporte par définition l'exercice du devoir électoral.
On peut tout de même essayer d'éclairer sa conscience
! Les programmes des candidats et leurs discours ne disent
sans doute pas tout, mais ils disent quand même quelque
chose.
Nous ne sommes pas démunis de possibilités
de réfléchir. Nous ne saurions notamment perdre
de vue que la défense de la démocratie demeure
toujours un élément primordial de discernement,
que ce soit au moment de voter ou plus largement dans toute
action politique.
3. Devant les mutations de la vie en société,
les divergences d'analyse et de propositions sont légitimes.
Mais on voit mal que l'on puisse faire aujourd'hui une politique
qui n'affirme pas au premier rang de ses points de repère
un crédit indiscutable des droits de l'homme, la dignité
de la personne humaine quelle que soit son origine, le devoir
de secourir le pauvre et l'étranger, la nécessité
de vivre la citoyenneté tout à la fois au plan
de la nation, de l'Europe et du monde ? Tout cela évidemment,
pour un catholique, en fonction des exigences que manifestent
l'Évangile et l'enseignement de l'Église. Et
sans oublier ces autres objectifs que sont le soutien de la
famille et l'accueil des jeunes dans la vie active.
4. Ne faut-il pas de toutes façons éviter de
se laisser emporter par des réactions affectives, des
sentiments spontanés et des peurs même légitimes
?
Je fais mienne la conclusion du message que le Président
de la Conférence des Évêques de France
a rendu public dès le lendemain du premier tour de
cette élection présidentielle : " Dans
la période qui s'ouvre, nous devons tous faire appel
à l'intelligence plutôt qu'à l'instinct,
au discernement plutôt qu'à la seule spontanéité,
à la sérénité plutôt qu'à
la peur ". Autrement dit s'il importe d'avoir le cur
chaud il faut plus que jamais garder la tête froide.
Emile Marcus
Archevêque de Toulouse
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