Le contexte de violence dans lequel nous plongent les attentats
dans diverses parties du monde nous conduit à réaffirmer
que le respect de toute vie humaine est la condition de la
paix.
Face à l’éventualité d’opérations
militaires déclenchées par les Etats-Unis contre
l’Irak, il est de notre mission de rappeler que, pour
régler les différends entre nations, la guerre
ne saurait être considérée comme un moyen
parmi d’autres, que l’on pourrait choisir en fonction
de considérations d’intérêt ou d’opportunité.
Pour la Charte de l’ONU comme pour la tradition éthique
catholique, tout recours à la violence des armes, même
s’il vise un objectif souhaitable pour le bien commun,
constitue une décision si grave qu’on ne peut
s’y résoudre qu’à la dernière
extrémité, et seulement si sont réunies
des conditions très strictes.
A ce jour, les informations disponibles ne permettent pas
d’affirmer que les conditions - telles qu’on les
trouve résumées dans le Catéchisme de
l’Église catholique (n° 2309) - soient réunies.
Nous partageons ce sentiment avec les conférences épiscopales
qui se sont exprimées sur cette question et avec l’observateur
du Saint-Siège auprès de l’ONU. Le régime
irakien, si condamnable soit-il pour ses violations des droits
de l’homme à l’intérieur et du droit
international à l’extérieur, constitue-t-il
une menace urgente et immédiate, de celles qui mettent
dans un cas évident de légitime défense
? S’il constitue une menace réelle, ne doit-on
pas mettre en œuvre tous les moyens autres que militaires
pour l’écarter ?
Les conséquences de cette « aventure sans retour
» qu’est toute guerre préoccupent l’opinion
: un affrontement entre un pays arabe et les Etats-Unis renforcerait
l’argumentation des idéologues de l’islamisme
radical pour attiser l’hostilité des foules désemparées
et désinformées envers l’ « Occident
» (abusivement identifié aux Etats-Unis) et ses
valeurs de démocratie et de tolérance. Une guerre
élargirait le fossé qui s’est déjà
creusé entre nos peuples et ceux de cette région,
où nous comptons d’ailleurs de nombreux frères
en Christ, fossé qu’approfondit le sentiment
que les grandes puissances usent de « deux poids, deux
mesures » pour faire appliquer les résolutions
de l’ONU dans la région. Plus que jamais, la
justice est le fondement et la condition de la paix.
Le Président : Mgr Jean-Pierre RICARD, le Vice-Président
: Mgr Georges PONTIER, Cardinal Jean-Marie LUSTIGER, Mgr Bernard-Nicolas
AUBERTIN, Mgr Louis DUFAUX, Mgr Bernard HOUSSET, Mgr François-Xavier
LOIZEAU, Mgr Yves PATENÔTRE, Mgr Michel POLLIEN, Mgr
Albert ROUET, Mgr Georges SOUBRIER, Mgr Guy THOMAZEAU
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