La guerre qui vient de commencer est un dramatique « échec
pour l’humanité ». Aérienne ou
terrestre, longue ou courte, cette guerre va tuer et meurtrir
des hommes et des femmes déjà accablés
par des années d’embargo et de tyrannie ; des
soldats aussi vont tomber. Autant de morts d’autant
plus tragiques que – nous le redisons fermement, avec
Jean Paul II, le Conseil œcuménique des Eglises
et tous les responsables des Eglises – cette guerre-là n’était
pas nécessaire, car d’autres voies restaient
ouvertes. Nous espérons au moins que les organismes
humanitaires pourront, rapidement et sans entraves, porter
secours aux populations, et nous invitons les chrétiens
de France à se montrer généreux pour
soutenir de leurs dons ces secours, notamment pour faire
face aux flots de réfugiés que va provoquer
le conflit.
Notre solidarité va aussi vers nos frères
chrétiens vivant dans les pays du Moyen-Orient, dont
certains pourraient être victimes non seulement de
la guerre, comme tous leurs concitoyens, mais aussi d’actes
d’intolérance suscités par ceux qui prétendent
présenter cette guerre comme celle des pays « chrétiens » contre
le monde musulman.
Il se peut que cette guerre ravive, dans certains quartiers
de nos villes et banlieues, des tensions entre communautés.
Nous invitons les responsables des communautés chrétiennes à prendre
contact avec les responsables des autres communautés
religieuses, notamment juives et musulmanes, pour lancer
ensemble un appel et organiser des rencontres pour la paix.
Que nulle part ne puisse subsister dans les esprits, même échauffés
par les tragédies du Moyen-Orient, le moindre doute
sur le fait qu’aucune violence ne plait à Dieu
: c’est un blasphème, pour tous les croyants,
que de prétendre tuer ses frères humains au
nom de Dieu.
En ce temps de carême, nous invitons les chrétiens à mettre
plus que jamais au service de la paix les armes spirituelles
de la prière et du jeûne. Que chacun, dans la
méditation de la Parole de Dieu et la contemplation
du Christ donnant sa vie, redécouvre ce que signifie
concrètement pour lui l’invitation à devenir « artisan
de paix ». Prions l’Esprit Saint de nous inspirer,
avec audace et créativité, de nouvelles initiatives
pour faire advenir la paix autour de nous et dans le monde.
Que personne, devant la violence du monde, ne perde l’espérance.
Demain, il faudra reconstruire : reconstruire l’Irak,
certes, mais aussi reconstruire un ordre international fondé sur
la paix et la justice pour tous.
Le 20 mars 2003
Pasteur Jean-Arnold de Clermont
Président de la Fédération protestante
de France
Monseigneur Emmanuel
Métropolite de France
Président de l’Assemblée des évêques
orthodoxes de France
Monseigneur Jean-Pierre Ricard
Archevêque de Bordeaux
Président de la Conférence des évêques
de France
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