Appel des évêques catholiques romains de la région lémanique à leurs diocésains à l'occasion de la rencontre du G8 à Evian

Nous voyons que la rencontre du G8 provoque un grand émoi dans notre région. Les manifestations qu’elle suscite traduisent l'angoisse de beaucoup face à un avenir incertain. Dans un monde globalisé, la personne humaine est devenue trop souvent un objet. Elle souffre d'être le jouet d'un marché impitoyable. Or, nous croyons qu'elle est porteuse d'un projet digne de l'attention et de la protection des pouvoirs publics.

Nous reconnaissons que le fait du G8 ne saurait se réduire à une épreuve de force. La mondialisation sans marginalisation est une responsabilité digne des chefs d'Etat et de gouvernement qui vont converger vers Evian. Elargie à 21 membres, cette assemblée n'est pas seulement la démonstration de puissance des pays les plus riches de la planète : un dialogue avec les nations moins favorisées se met en place. La mondialisation doit permettre à la famille humaine de franchir une nouvelle étape dans le cadre d’un développement solidaire et durable.

Nous affirmons, en tant que chrétiens, que l'être humain est au centre de la création. Lui offrir les conditions d'une vie dans la paix, la dignité, le respect de ses droits fondamentaux, y compris ses droits économiques, sociaux et culturels, constitue la tâche essentielle de l'Etat de droit. Dans la violence de la compétition économique, la sagesse impose un sens aigu de l'équité sociale. La mondialisation de la charité et de la justice n'est pas une utopie vaine. Nos Pères dans la foi l'avaient exercée. Nous lisons dans les Actes des Apôtres : "Tous les croyants ensemble mettaient tout en commun." Le fruit de leurs richesses était partagé "entre tous selon les besoins de chacun" (Actes 2, 44-45).

Nous appelons les habitants de toute la région concernée par le G8, ainsi que les manifestants pour une autre forme de mondialisation à faire preuve dans leur action d'un discernement à la mesure de la fermeté de leurs convictions. En ces jours où nous faisons mémoire du Christ dans son retour vers le Père au jour de l’Ascension, nous sommes aussi dans l’attente de l'Esprit-Saint, donné à la Pentecôte. Que ce même Esprit nous inspire une prière vraiment universelle pour tous nos " frères et soeurs en humanité ". Destinés par le Créateur à transformer et à faire fructifier la terre qui nous est donnée en gérance, portons ensemble l'espérance des peuples.
Le 29 mai 2003