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Communiqués de Presse
 
 

Débat sur la laïcité
Le cardinal Bernard Panafieu propose "une lecture de la laïcité" dans un texte envoyé aux médias locaux à Marseille

le 21 Janvier 2003




 


"Nous sommes une nation à tragédies", disait l'historien Braudel. Des événements récents touchant à la laïcité en sont l'illustration. Voilà que le centenaire des lois de 1905 réveille de vieux démons et relance un débat que l'on croyait clos.
Les lois de Séparation qui, à l'origine, ont provoqué l'exil ou l'expulsion des congrégations religieuses par le gouvernement d'Émile Combes dès 1903, la rupture des relations diplomatiques entre le Saint-Siège et la République française, au ralliement de laquelle a pourtant contribué le Pape Léon XIII, le refus en un premier temps par l'Eglise des associations cultuelles, les campagnes de presse qu'alimente notamment l'affaire Dreyfus, le tout dans un climat plus polémique que serein, aboutissent finalement, en particulier lors des deux guerres mondiales, à "l'union sacrée" autour de la défense du territoire et de la sauvegarde des principes républicains de liberté, d'égalité, de fraternité, considérés comme les trois piliers de toute charte des "droits de l'homme".
Même si les chrétiens ont le sentiment que le légal n'est pas forcément moral, les lois de la République française garantissent de fait la liberté de conscience et la liberté de culte, selon ce qui est inscrit dans la Charte des Nations-Unies.

Mais voici qu'un phénomène nouveau est apparu dans le paysage français : l'Islam né de l'immigration de ces dernières années, avec ses organisations, sa culture, son histoire. N'ayant pas l'expérience de la pluralité des religions et de la sécularité des institutions, il a quelques difficultés à trouver sa place dans une société laïque et pluraliste. Il peut alors avoir tendance à se replier sur son identité et à manifester sa spécificité par des signes extérieurs "ostentatoires", qui apparaissent comme une provocation que ne manque pas de durcir l'inévitable inflation médiatique.

Je comprends parfaitement qu'un gouvernement, en charge de la cohésion nationale, rappelle avec vigueur les principes qui régissent la vie en société et les lois qui s'imposent à tous les citoyens. J'accepte même que les pouvoirs publics cherchent à mettre en place des instances représentatives des religions pour avoir des interlocuteurs, à condition de maintenir la liberté de celles-ci. Il convient alors que la nation ne soit pas amnésique, qu'elle n'oublie pas ses racines, et que l'Etat maintienne le consensus péniblement acquis au cours du temps. Voilà pourquoi il nous semble que, dans le domaine précis des signes religieux et de leur visibilité, il vaut mieux agir par persuasion que par contrainte, surtout quand la loi s'avère de fait inapplicable.

Il ne faut pas que la République porte atteinte aux droits des citoyens et qu'elle fasse preuve d'impérialisme militant par une législation qui blesse ou humilie. Il ne faut pas davantage qu'une religion, pour trouver sa place dans l'espace public, agresse les libertés individuelles et refuse d'assumer le patrimoine commun.

Nous ne sommes pas un pays "communautariste". Pour ne pas le devenir, il convient de lutter contre tous les cléricalismes religieux ou laïques. Nous avons une tradition d'intégration qui fait notre richesse, une capacité à accueillir les différences et à respecter les diversités. Restons fidèles à nos racines. Ce sont elles qui donnent à notre pays une image de tolérance, de respect d'autrui, et qui font de "la laïcité à la française" une exception dans un monde de violence ethnique et de nationalisme ou régionalisme exacerbé !

Que souhaiter pour notre pays, sinon qu'il connaisse une laïcité ouverte, pacifiée et pacifiante, qu'il ne tombe pas dans le piège d'un cléricalisme étatique qui ne laisserait plus de place à la transcendance, ou dans un communautarisme qui créerait une société alvéolée et menacerait l'unité nationale. Ni la Nation ni les religions n'y gagneraient.

Bernard PANAFIEU
Cardinal Archevêque de Marseille