Editorial : "Le visiteur !"
Dans le petit monde de l’œcuménisme francophone, la session nationale Viviers, après Bièvres puis Chantilly, est une institution : un rendez-vous que les passionnés ne voudraient pas manquer ! Celle de cette année, la quatorzième, fut conforme à cette attente, avec un ensemble très riche de huit conférences, suivies attentivement par près de deux cents participants.
Le sujet, il est vrai, était stimulant, malgré son titre peut-être, qui commençait par un mot peu familier : « l’episcopè, autorité, communion, mission ». A la session précédente, en 2001, les débats sur la nature et la conception de l’Eglise (cf UDC n° 123) avaient mis en évidence la question de ce ministère de vigilance ou de supervision comme clé de l’unité entre nos Eglises. Il convenait donc de la revisiter
Visiter ! Précisément, dans sa conférence d’ouverture, le Père Y. M. Blanchard, nous rappelait que le terme episcopè évoque d’abord dans la Bible la « visite » eschatologique du Seigneur. Au terme de ces quatre journées, celui-ci n’était-il pas venu nous visiter en nous montrant dans cette confrontation comment nos Eglises pourraient s’enrichir mutuellement ? Chacun pouvait mesurer en effet la diversité des conceptions de ce ministère, que catholiques, anglicans et orthodoxes voient plutôt comme un ministère personnel, celui de l’évêque ; que les protestants connaissent aussi sous une autre forme, plus collégiale et communautaire. Grâce surtout peut-être à la grande honnêteté des intervenants, les participants prenaient la mesure de l’écart qui existe entre l’idéal de leurs confessions et les difficultés auxquelles elles se trouve confrontées pour manifester la « visite » du Seigneur.
Et l’on se prenait à rêver que prenne davantage forme cette convergence vers une episkopê à la fois personnelle, collégiale et communautaire, esquissée voici plus de vingt ans par le BEM. Plus récemment, un autre document de Foi et Constitution en a précisé les contours : la nature et le but de l’Eglise (1998). Mais ce texte, trop peu remarqué, est peut-être victime de cet engourdissement de l’œcuménisme que l’on se plait à déplorer actuellement.
Engourdissement ? Vraiment ? Cette interrogation, les participants la posèrent à leur manière lorsqu’ils saluèrent d’un murmure d’étonnement et de satisfaction le fait que plus de la moitié d’entre eux n’avaient jamais encore participé à ce rassemblement ! Bien plus, la bonne trentaine de « moins de quarante ans », parfois un peu perdue dans une session qui n’avait pas été conçue d’abord pour eux, montrait qu’une nouvelle génération d’oecuménistes pourrait se lever si l’on sait l’éveiller au défi de l’unité de nos Eglises.
Comme les participants des deux précédentes sessions estivales Jeunes chrétiens ensemble de Nîmes, qui continuent de se réunir, ceux de Viviers repartirent vers leurs régions respectives, bien décidés à se retrouver. N’était-ce pas là un autre signe de la Visite du Seigneur ?
Dans un monde en pleine mutation, de nouveaux réseaux interconfessionnels apparaissent ainsi et dessinent un nouveau visage de l’œcuménisme et de la mission. Témoin de la vitalité passée de l’œcuménisme en France, ce Viviers 2004 fut donc peut-être aussi le signe d’un renouveau. Vous en trouverez dans ce numéro l’essentiel des conférences, trop abondantes et trop nombreuses pour qu’elles soient reproduites intégralement. Puisse-t-il, comme tel, au moins nous aider à mieux nous comprendre et contribuer au rapprochement de nos communautés dans la diversité de leurs conceptions du ministère de l’episcopè et de la nature de l’Eglise!
Fr. M. Mallèvre
On peut se procurer le texte intégral des conférences de la session de Viviers 2004 auprès du Secrétariat national pour l’Unité des chrétiens et leur enregistrement auprès de Radio Evangile (Studio 2. BP 1. 26101 Romans cedex) |
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