Eglise catholique en France - Unité des chrétiens

Editorial : "OEcuménisme d’ici et d’ailleurs"

Chaque année, la Semaine de prière pour l’Unité nous offre la joie de célébrer ensemble le Christ "unique fondement de l’Eglise" Elle est aussi, il est vrai, l’occasion de mesurer la persistance de nos divisions et parfois de nous laisser aller à des propos amères sur les lenteurs de la réalisation de l’unité visible.

Le chapitre trois de la première lettre aux Corinthiens, proposé cette année à notre méditation, nous rappellera opportunément l’importance du facteur temps à travers les images de la germination et de la construction. Le Christ, comme le soulignent plusieurs contributions de ce numéro, n’est pas tant le fondateur d’une institution que le fondement sur lequel, guidés par l’Esprit dans des contextes si divers, nous apprenons à vivre en communion ; à "nous accueillir les uns les autres", pour reprendre un autre texte de Paul (Rm 15,7) qui servait de fil conducteur aux travaux de la commission Foi et Constitution dont un batik illustre notre couverture.

Pour expliquer les lenteurs de la réalisation de l’unité de nos Eglise, on évoque souvent, avec raison, le fait que nos dialogues sont parvenus au « noyau dur » de divergences doctrinales que nous ne saurions éluder. Il est aussi une autre raison que nous oublions souvent : la marche vers l’unité ne se fait pas au même rythme partout. Les réalités œcuméniques de notre région ou de notre pays ne sont pas celles d’autres chrétiens du monde, peut-être moins "avancés" en ce domaine. Ceci est d’autant plus important que nos grandes familles confessionnelles ne conjuguent pas de la même manière le rapport entre le niveau local, le niveau national et le niveau mondial !

Depuis 1974, le projet de méditation pour la Semaine de prière est élaboré chaque année par un groupe de chrétiens d’un pays du monde que nous avons parfois du mal à situer sur une carte. Dont nous connaissons, plus mal encore, la réalité ecclésiale… Y prêtons-nous suffisamment attention ? Ne méditons-nous pas trop souvent le thème avec la seule préoccupation de notre réalité locale ou nationale ? Quel profit tirons-nous de ce tour du monde des Eglises pour mieux comprendre la complexité de la marche vers l’unité ?

Cette année, ce sont des chrétiens de Slovaquie qui nous invitent à partager leur méditation. Ce jeune Etat, né de la division pacifique de la Tchécoslovaquie en 1992, a une situation œcuménique bien particulière qui n’est pas la nôtre : très majoritairement catholiques aujourd’hui, du fait de la longue domination hongroise, les slovaques s’étaient pourtant ouverts à l’expression orientale de la Bonne Nouvelle grâce à l’activité missionnaire de Cyrille et Méthode au IX° siècle. Au sein d’un Conseil œcuménique national, avec l’Eglise catholique, les Eglises protestantes (9%) et orthodoxe(1%), s’attèlent aujourd’hui à répondre aux défis de l’ère post-soviétique et de l’ouverture à l’Union européenne. Ne les oublions pas dans notre prière !

Comme les années précédentes, le dossier de ce numéro est le fruit commun d’une collaboration de notre revue avec celle du Centre Unité chrétienne de Lyon. Qu’il me soit permis, pour conclure, de remercier le Père Lathuillière qui en quitte la responsabilité. Son expérience et son attention fraternelle, comme directeur de ce centre et comme délégué régional, furent pour moi une aide précieuse. Nous lui souhaitons un heureux nouveau ministère.

Fr. M. Mallèvre