|
|
|
Désolé le fichier n'est pas valide
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Editorial : "Du bon usage des anniversaires ! "
1054 et 1204, 1964 et 1999… L’année écoulée aura été marquée par la célébration d’événements ayant eu une grande incidence pour l’unité des chrétiens. Evénements dramatiques, lourds de conséquences pour les deux premiers. Lumières sur un chemin incertain, pour les deux autres.
Comme en famille, dans nos communautés, entre amis, il y a en œcuménisme différentes sortes d’anniversaires, selon les événements qu’ils célèbrent. Ces événements dramatiques que l’on aimerait oublier, ou dont on ne perçoit pas toujours combien ils ont blessé les autres. En France, nous pensons bien sûr à la Nuit tragique de la saint Barthélémy ou à la Révocation de l’édit de Nantes. Nous mesurons moins l’importance, dans la mémoire de nos frères et sœurs orthodoxes, du pillage de Constantinople par les croisés, et nous ignorons totalement les terribles persécutions dont furent victimes d’autres chrétiens, comme ces martyrs anabaptistes sur lesquels le rapport du dialogue catholique-ménnonites a attiré récemment notre attention. Ce document, trop peu connu encore, commence d’ailleurs par une relecture commune de l’histoire qui devrait inspirer d’autres dialogues. Sans doute est-il essentiel, dans la démarche de conversion œcuménique d’exprimer la repentance de nos Eglises pour les péchés que leurs responsables et leurs fidèles ont commis naguère. Il est important également pour la purification des mémoires de regarder ensemble notre passé pour pouvoir nous tourner vers l’avenir.
Nous célébrons aussi des événements heureux, rencontres et engagements qui restent un émerveillement tant ils nous ont surpris et transformés. Il en est ainsi, en œcuménisme, de la rencontre de Paul VI et d’Athénagoras, ou du Concile Vatican II. Evénements qui nous ont tellement fait rêver que tout ce qui est venu par la suite nous semble parfois dérisoire, peut-être même cette déclaration commune sur la justification pourtant impensable il y a moins d’un demi siècle ! Tellement habitués aujourd’hui à des changements rapides, nous sommes vite impatients de toucher au but, et nous en oublions le besoin de beaucoup de temps pour surmonter les fractures creusés par des siècles de divisions et…la complexité des questions théologiques. Pressés par le défi du dialogue interreligieux, nous sommes tentés de minimiser celles-ci, d’autant plus que nous appartenons à un monde soupçonneux vis à vis des doctrines et des institutions.
Finalement, n’y a-t-il pas trois manières de célébrer des anniversaires ? Souvent tournés vers un passé qui nous retient dans la douleur ou la nostalgie ; parfois aussi, hélas, par habitude espérant peut-être entretenir des liens dont on pressent qu’ils se défont ! Ces manières-là sont sans doute celles des chantres d’un œcuménisme « en panne ». Sans cacher les difficultés actuelles, notre numéro voudrait proposer une troisième manière : tournés vers un avenir, que nous regardons avec confiance, même si nous nous interrogeons peut-être sur la direction que prend le mouvement œcuménique, sur ses mutations, sur la pertinence des nouvelles formes qu’il présente. N’est-ce point ce que suggère le geste de S.S Aram I°, président du COE, qui illustre notre couverture ?
Ainsi, notre dossier propose une triple approche. D’abord il présente une analyse de l’évolution en cours du mouvement œcuménique, à travers le COE et les grands dialogues théologiques. Puis il traite des tensions internes aux grandes familles ecclésiales, dont le cardinal Kasper rappelait récemment qu’elles constituent un handicap majeur sur la route de l’unité. Enfin, il évoque, à travers analyse ou témoignages, quelques domaines dans lesquels se manifestent des avancées significatives : le développement des conseils d’Eglises dans le monde, de nouvelles formes d’évangélisation ou de rencontres de prière, des actions communes en faveur de la défense des droits de la personne.
Fr. M. Mallèvre
|
|
|
|
|
|
|
|
|