Sibiu : l’œcuménisme
transfiguré ?
On pouvait craindre que le
troisième Rassemblement œcuménique
européen ne soit affecté par diverses
tensions récentes entre les Eglises,
ou encore par la « concurrence »
auprès des médias de la visite
du pape Benoît XVI en Autriche. Il n’en
fut rien, et malgré de modestes échos
dans la presse et d’inévitables
difficultés, cette manifestation fut
somme toute une assez belle réussite
: les quelque trois mille participants étaient
visiblement heureux de vivre ce temps privilégié
de partage d’expériences et de
réflexion sur les défis auxquels
sont confrontés les chrétiens
d’Europe. Une joie qui venait sans nul
doute d’abord de la reconnaissance mutuelle
que la même lumière du Christ se
reflétait sur le visage de l’autre.
Le mystère de la transfiguration fut
souvent évoqué lors de ce troisième
Rassemblement œcuménique européen.
Le thème choisi, La lumière du
Christ illumine tous les humains, y conduisait
tout naturellement, surtout dans un pays à
majorité orthodoxe. Il disait bien à
la fois la nécessité d’être
éclairé par le Christ pour surmonter
les défis actuels, le besoin de vivre
en ce moment une expérience œcuménique
dynamisante, et la conscience qu’il faudrait
bien « redescendre » pour travailler
ensemble à l’avènement du
Royaume.
De fait, pour les participants, le défi
sera bien sûr maintenant de savoir partager
cette expérience dans leur région,
leur communauté ou leur mouvement, pour
que l’œcuménisme devienne
vraiment une dimension constitutive de toute
la vie des Eglises et qu’ainsi les chrétiens
soient en mesure de contribuer à donner
un nouveau souffle à l’Europe.
Mais il n’est guère facile de rendre
compte d’une telle manifestation où
les rencontres ont sans doute plus d’importance
que la masse de discours entendus.
Pourtant l’un des apports de Sibiu aura
sans doute été de rassembler des
acteurs très différents : responsables
d’Eglises, oecuménistes engagés
dans des institutions ou des réseaux
habitués à se confronter au défi
de l’unité des Eglises, mais aussi
chrétiens engagés dans un même
combat pour l’Europe ou une même
lutte pour la justice, la paix ou la sauvegarde
de la création, sans préoccupation
œcuménique immédiate. Cet
élargissement de nos réseaux est
essentiel pour l’avenir de nos Eglises
: au moment où nous constatons un décloisonnement
géographique des confessions, il serait
paradoxal que les différents services
ou mouvements de chacune nos Eglises restent
repliées sur eux-mêmes ! Tel est
sans doute l’enjeu de la mise en pratique
de la Charte œcuménique, signée
en 2001 à Strasbourg, qui pour les habitués
du chemin vers l’unité ne fait
que rappeler des évidences tandis que
la plupart des fidèles, indifférents,
en ignore l’existence et le contenu !
Le temps ne nous permettait pas de consacrer
tout un dossier à ce Rassemblement, à
peine achevé au moment où nous
« mettons sous presse ». Vous en
trouverez au moins quelques échos, notamment
le Message, pour vous donner envie de reprendre
les nombreuses informations disponibles sur
les sites internet, en particulier : http://www.eea3.org/
et http://sibiu-2007.blogspot.com/.
Par ailleurs, comme nous vous l’avions
annoncé à plusieurs reprises,
Unité des chrétiens ne publie
plus de dossier sur le thème de la Semaine
de l’Unité et nous invitons nos
lecteurs à se tourner vers notre partenaire
: le centre Unité chrétienne de
Lyon. Vous trouverez donc dans ce numéro
une simple présentation du thème
de la Semaine, qui fête son centenaire
en 2008. Vous trouverez également un
bref dossier sur les Eglises et le cinéma.
En nous invitant à réfléchir
sur le rôle des images dans notre culture
et sur la place du spirituel dans ce média,
il nous propose aussi une piste intéressante
d’activité œcuménique
: les ciné-clubs s’avérent
souvent des lieux stimulants de rencontre entre
chrétiens. Une manière de prolonger
Sibiu où chaque soir fut présenté
l’un des films primés par les jurys
œcuméniques des principaux festivals
de cinéma d’Europe !
P. Michel Mallèvre
Exergue : Le défi sera maintenant que l’œcuménisme devienne vraiment une dimension constitutive de toute la vie des Eglises, et qu’ainsi les chrétiens soient en mesure de contribuer à donner un nouveau souffle à l’Europe. |