" L'esprit
d'Assise "
Comment porter l'Évangile dans le monde entier
sans être confronté aux autres religions
? Soucieux d'une Église proclamant haut et fort
la Bonne nouvelle, Jean-Paul II souligne souvent, comme
dans son encyclique Redemptoris missio, que l'on peut
très bien affirmer son identité tout en
dialoguant. Mais aussi que l'on peut ensemble faire
progresser l'humanité. En témoigne l'une
des initiatives qui ont le plus marqué ces 25
années de pontificat : les rencontres d'Assise.
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Ses nombreux voyages lui ont offert des occasions de
rencontres avec les communautés religieuses locales,
dans des circonstances très diverses. Ainsi,
à Casablanca, en 1985, s'est-il retrouvé
à parler non seulement de Jésus Christ
mais aussi des droits de l'homme à des milliers
de jeunes réunis dans le stade de la ville. À
Damas en 2001, pour la première fois un pape
a pénétré dans une mosquée.
À Khartoum, à l'occasion d'une halte rapide
en 1993, il a interpellé un pouvoir islamique
soudanais accusé de persécuter les chrétiens
dans le sud du pays. À Tunis, en 1996, il s'exclame
: " Personne ne peut tuer au nom de Dieu ! "
Les moines de Tibhirine venaient d'être enlevés.
On apprendra leur assassinat quelques jours après.
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Les questions
de chaque continent
Ces rencontres illustrent parfois la difficulté
du dialogue. En Afrique, l'Église est confrontée
non seulement à un islam très présent,
mais encore aux religions traditionnelles toujours vivaces.
Le souci d'inculturation a ainsi amené Rome à
reconnaître en 1988 le rite zaïrois de la
messe. En Amérique latine, la confrontation s'est
principalement faite avec de nouvelles Églises
et des sectes très prosélytes. En Asie,
Jean-Paul II a connu, notamment au cours d'une étape
au Sri Lanka, la difficulté d'un échange
avec le bouddhisme. Les responsables locaux n'avaient
pas honoré sa visite parce que celui-ci avait
déclaré que " le bouddhisme est en
grande partie un système athée "
dans son livre d'entretiens Entrez dans l'espérance.
Le débat théologique, particulièrement
présent au sein même de l'Église,
a tourné ici autour de la question du salut dans
les autres religions.
Mission et communion
En se penchant sur la mission de l'Église dans
les diverses cultures, les synodes auxquels Jean-Paul
II a convié les évêques par continent
à Rome (Afrique en 1994, Amérique en 1997,
Asie et Océanie en 1998, Europe en 1991 et 1999)
ont approfondi la question de l'inculturation, mais
aussi cette interpellation permanente du dialogue entre
les religions. Dans son encyclique Redemptoris missio
comme dans les exhortations apostoliques qui ont conclu
les travaux de ces différents synodes, le Pape
a souligné que ce dialogue doit éviter
tout syncrétisme et s'assurer qu'il y a toujours
compatibilité avec l'Évangile et communion
avec l'Église universelle.
Invitation à
Assise pour le 24 janvier 2002
Lors de la prière dominicale de l'Angelus du
dimanche 18 novembre 2001, le Saint-Père a déclaré:
"La scène internationale continue d'être
troublée par des préoccupations et des
tensions". Dépassant le simple dialogue,
Jean-Paul II invite toutes dénominations religieuses
à se retrouver dans un même temps de prière.
..." Face à une situation rendue de plus
en plus dramatique par la menace du terrorisme, nous
ressentons l'exigence d'élever notre cri à
Dieu. Plus les difficultés semblent insurmontables
et plus les perspectives semblent obscures, plus notre
prière doit se faire insistante pour implorer
à Dieu le don de la compréhension réciproque,
de la concorde et de la paix".
..." Je voudrais par ailleurs annoncer que j´ai
l´intention d´inviter les représentants
des religions du monde à venir à Assise
le 24 janvier 2002, pour prier afin que l´on parvienne
à vaincre les oppositions et pour la promotion
de la paix authentique. Nous voudrions avant tout réunir
les chrétiens et les musulmans, pour proclamer
au monde que la religion ne doit jamais devenir un motif
de conflit, de haine et de violence. Celui qui accueille
vraiment la parole de Dieu, bon et miséricordieux,
ne peut pas ne pas ôter de son coeur toute forme
de rancune et d´inimitié."
..." En ce moment historique l´humanité
a besoin de voir des gestes de paix et d´entendre
des paroles d´espérance. Comme je l´ai
dit il y a quinze ans, annonçant la rencontre
de prière pour la paix qui devait avoir lieu
à Assise au mois d´octobre: "Il est
urgent qu´une invocation commune monte avec insistance
de la terre vers le Ciel, pour implorer le Tout-Puissant,
entre les mains duquel se trouve les destinées
du monde,! le grand don de la paix, condition nécessaire
pour tout engagement sérieux au service du vrai
progrès de l´humanité".
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