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Bâtir une église abbatiale au XXIe siècle, un geste d’espérance

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est appelée à prendre corps. Comment donner figure à la communion dans un espace où l’harmonie n’est plus perceptible ? Au-delà des considérations esthétiques et pratiques, cette question touche au coeur la vocation baptismale des chrétiens (6) et par voie de conséquence, la vocation monastique.

« Tenons-nous pour psalmodier de manière que notre esprit soit en accord avec notre voix. » (Règle de saint Benoît, chapitre XIX).

« Stemus », « tenons-nous » lance saint Benoît, faisant écho au prophète Isaïe (7). La profession monastique selon la règle de saint Benoît comporte le voeu de stabilité qui engage le moine ou la moniale à durer dans un lieu et dans une communauté jusqu’à la mort. L’église abbatiale n’est donc pas un simple lieu de passage mais le lieu où ils sont, par vocation, « assignés à résidence ».

C’est dans l’église que, sept fois, de jour comme de nuit, Dieu convoque la communauté monastique pour la louange et la supplication au nom de l’humanité tout entière. « Et moi prière » peut redire chaque moine, moniale à la suite du psalmiste (8). Comment dans ces conditions pourraient-ils faire abstraction de l’espace qui devient pour eux le lieu de la Sainte Rencontre ?

De fait, l’unité de l’esprit et des voix ne suffit pas à ceux qui ont pressenti le mystère du Dieu-Relation et qui veulent le traduire dans toute leur existence. Aimantée par la vie divine, la communauté monastique n’a de cesse que l’ensemble de la création entre dans la communion trinitaire. Frères et soeurs, familles et amis, hôtes d’un jour, objets, sons et couleurs, odeurs, tout doit concorder pour tenter d’exprimer la circulation d’amour qui anime nos rapports depuis que le Christ, du haut de la croix, a répandu son Esprit sur le monde. A nous de l’inscrire dans nos murs, de la donner à entendre dans la jubilation de nos chants, de la refléter sur nos visages comme dans le moindre de nos gestes. Il en va de la présence de Dieu au milieu de nous.

Utopie diront certains, espérance répondons-nous, folle espérance qui nous donne le courage aujourd’hui de bâtir une église dont la simplicité et l’harmonie voudraient dire Dieu. Au-delà de ce projet, chacune de nous est consciente que l’essentiel dépend de son engagement personnel : édifier une communauté qui ne fasse pas mentir les pierres.

Soeur Bénédicte Avon

Article extrait de la revue Chroniques d’art sacré, n°84, hiver 2005, p 26-27

1. Matthieu, 9, 16.

2. Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et d’Environnement du Vaucluse.

3. Economes des communautés monastiques.

4. Les ressources de la communauté proviennent exclusivement de la fabrication d’hosties et des ventes de produits monastiques et régionaux dans notre magasin.

5. A la fois vie en communauté et vie

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