à un autre artiste-. L’abbaye de Bonport fournit des troncs d’arbres et Vincent Guiro y taille ses sculptures. Elles sont exposées pendant le temps pascal à Pont-de-l’Arche plusieurs années et en 2008 arrivent à la cathédrale d’Evreux (27). Vincent Guiro a illustré le triduum pascal : Jeudi Saint, Vendredi Saint et Nuit Pascale préludant au retable de la Résurrection.
Vincent Guiro. © D. R. Photographie : Diocèse d’Evreux.
La première étape est le Jeudi Saint, avec la cruche du lavement des pieds et le linge, deux sculptures tronquées. C’est en partageant en deux chacun des éléments, pot et linge, et en les rendant indissociables l’un de l’autre jusqu’à ne plus représenter qu’une seule masse qu’il a essayé d’exprimer la première étape de ce chemin. La deuxième étape, le Vendredi Saint, est figurée par un corps étendu sur le sol, corps marqué par la souffrance mais visage dans la paix de la mort. La troisième étape est la Nuit pascale : le corps, debout, semble marcher ; il surgit des ténèbres, de l’informe, pour avancer vers la lumière. C’est la Pâque. À Evreux, ces sculptures sont entourées du récit de la Passion (sur des vitraux du XVe siècle), d’une pietà du XVIe siècle et du tableau de G.A. Guardi daté du XVIIIe siècle et représentant les disciples d’Emmaüs avec le Christ au moment de la fraction du pain.
La Crucifixion de Paul Kallos
Paul Kallos naît en 1928 à Hernadnéméti en Hongrie. Il connait la déportation par les Allemands, mais n’aime pas en parler. Fuyant le stalinisme dès 1949, il est accueilli par Pierre Loeb qui le prend dans sa galerie. Proche de Raoul Ubac, de Tal Coat ou de Bazaine, il respire la peinture française et tout ce qui se crée à Paris.Dans les années 60, Paul Kallos redécouvre le sujet à travers la peinture des anciens tels Vélasquez ou Manet. Souvenir de ce qu’il a souffert dans les camps, il peint des crucifixions (1962), expression de la souffrance du Christ, expression de toutes les souffrances dues à la cruauté des hommes. L’une de ces crucifixions, la plus magistrale, déjà vue au musée d’Evreux (27) lors de la grande exposition en 1989, a trouvé place à la cathédrale de cette même ville. C’était le souhait de Paul Kallos que cette œuvre soit dans un lieu sacré. Elle a été offerte à la cathédrale en 2007. Au cœur du tableau pointe déjà la lumière du Ressuscité.
Paul Kallos. © D. R. Photographie : Cl. P. Roussel, archives AMSE.
La peinture de Paul Kallos évolue ensuite vers un paysagisme fluide et aérien que l’on peut voir dans le tableau qui appartient au musée d’Evreux. Peu avant sa mort le 10 août 2001, Paul Kallos réalise des vitraux dans une petite église du Jura, Saint-Antoine d’Ordonnaz.
Père Paul Bigo, Responsable de la CDAS du diocèse d’Evreux (27)
Vignette de l’article : Dominique Penloup. ©
