Lettre d'information

Homélie et musique

n’est autre que l’auteur de ces lignes ‑ avait proposé aux organistes de ponctuer son homélie en introduisant chacune des parties. Cela a provoqué l’enthousiasme des musiciens au point que deux d’entre eux ont composé des interludes sur le chant Quand le Seigneur se montrera qui accompagnait l’entrée des célébrations dominicales des trois derniers dimanches de l’année liturgique, ceux dont l’Évangile nous parle du retour glorieux du Christ à la fin des temps. L’homélie était composée de trois parties : 1.Ce dimanche est le dernier de l’année liturgique. 2.Ce dimanche est celui du Christ, Roi de l’univers. 3.Ce dimanche est non jour de crainte et de tremblement, mais jour de louange. Le prédicateur annonçait la partie, puis l’orgue intervenait, avec notamment un grand plein jeu pour la deuxième partie, des rythmes dactyles pour la dernière... Après cette intervention, le prédicateur reprenait les paroles d’une strophe du chant pour commencer l’exposé de sa partie. Peut-être l’assemblée aurait-elle pu chanter cela ?

Un dialogue entre prédicateur et musicien ?

Et si nous allions encore un peu plus loin ? Cette dernière proposition constitue sans doute matière à réflexion. Si nous posons que le discours oral et le langage musical participent tous deux d’un même processus de communication, alors pourquoi ne pas réserver une place encore plus large à la musique dans l’art homilétique ? Il faut néanmoins préciser – et c’est là, à mon sens, que se trouve tout l’intérêt de la proposition – que si énoncé verbal et langage musical sont des actes de communication, le discours du prédicateur s’adresse plus à l’intellect de l’auditoire, même si, bien sûr, il peut jouer sur les intonations, les gestes, alors que la musique a une action plus directement « charnelle ». Elle laisse une part plus grande à l’interprétation personnelle d’un chacun ; elle fait advenir les profondeurs de l’affect. À l’intérieur du langage musical, le chant tient une place éminente puisque les paroles accèdent à un niveau d’expression inégalée : le verbe s’incarne dans toutes les dimensions de l’humain, à la fois physiques, sentimentales et intellectuelles. L’homélie, mieux encore que d’être ponctuée par la musique ou le chant, pourrait alterner entre ces diverses modes de communication, chacun se situant comme un discours autonome et suffisant. Cela demande, sûrement, un « feeling » et un savoir-faire parfaitement maîtrisé. Ici pourrait sans doute se déployer à merveille le jeu de l’improvisation. L’homélie serait un dialogue entre prédicateur et musicien, dialogue jamais fermé mais toujours ouvert où l’assemblée aurait toute sa place.

Les mises en œuvre sont assurément possibles. Et il ne s’agit probablement pas que d’un vœu pieux. Admettons que le défi en vaut la chandelle ! L’incarnation de la Parole

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