pratiquer la justice.
Des signes tangibles de la miséricorde
La miséricorde de Dieu se donne à voir dans une multitude de signes : les éléments de la création comme le vent (11) ou la pluie : « C’est lui qui fait tomber l’ondée lorsque les hommes sont désespérés… il est digne de miséricorde » (12). « Dans sa miséricorde, il a disposé pour vous la nuit pour que vous vous reposiez et le jour pour que vous recherchiez ses bienfaits » (13). Des hommes sont des miséricordes : Moïse, Mohammed (14) , et aussi Jésus comme Dieu en fait la promesse à Marie : « Nous ferons de lui un signe pour les hommes, une miséricorde venue de nous. Le décret est irrévocable. » (15)
La foi en la miséricorde de Dieu
Le musulman se confie dans la miséricorde de Dieu. En disant la Fatihah, dix-sept fois par jour, il invoque « Le miséricordieux » ! Le pèlerin qui se rend à La Mekke dit cette prière : « Je viens à toi espérant en ta miséricorde, me plaignant de la dureté de mon cœur, l’âme oppressée... Ô très miséricordieux, fais-nous goûter la fraicheur de ta clémence et la douceur de ton pardon ». Et au moment de la sépulture, on implore en ces termes : « Pardonne lui, fais lui miséricorde élargis lui l’entrée ; Lui, il a besoin de ta miséricorde et toi tu peux te passer de le châtier ».
Appelé à devenir le reflet de la miséricorde de Dieu
Le musulman doit vivre de cette miséricorde envers ses proches, parents, enfants, époux et envers toutes les créatures, y compris les animaux, en faisant preuve de compassion et envers les pécheurs en étant indulgent. Comme le dit Christian de Chergé, « l’homme n’a pas d’autre fonction dans l’univers que d’être le reflet de la présence miséricordieuse de son Créateur ». (16)
« Venons-en à une parole commune entre vous et nous », dit le Coran (17) . Cette parole commune est offerte aux uns et aux autres. Plutôt que de creuser le fossé des différences, juifs chrétiens et musulmans peuvent contempler le mystère qui les unit : celui de la Miséricorde de Dieu et en témoigner. Christian de Chergé faisait remarquer que « Le monde serait moins désert si nous pouvions nous reconnaître une vocation commune, celle de multiplier au passage les fontaines de miséricorde ».(18)
Christian Salenson
Prêtre du diocèse de Nîmes, membre et ancien directeur de l’ISTR de Marseille Notes
1. FRANCOIS, Miséricordiae vultus, bulle d’indiction du jubilé de la Miséricorde, n° 23.
2. Nostra Aetate, n° 2
3. Lumen Gentium n° 16
4. Sourate n°9
5. Alain REY, Dictionnaire historique, art, Miséricorde
6. Denise MASSON, Le Coran, Ed de la pleiade. Gallimard. Note clé.
7. Azzedine GACI, L’islam et la miséricorde
8. Denise Masson fait remarquer que cette distinction ne doit pas être durcie, chacun des deux termes pouvant se déplacer.
9. Cardinal Walter KARPER, La