Lettre d'information

Pourquoi l’immersion ?

il faut que la mère s’en dessaisisse, pour le remettre au prêtre ; après les trois immersions, le prêtre confie l’enfant sa mère. Geste de passage, encore une fois, qui est loin d’être sans résonance intérieure. La grâce nous vient de Dieu ; ce n’est pas en serrant L’enfant contre eux que les parents l’y ouvriront, Ils doivent se déposséder, fût-ce un moment, de la chair de leur chair pour la confier à l’Église. Celle-ci, à son tour, confiera l’enfant à ses parents, pour qu’ils l’éduquent dans la foi qu’ils viennent de professer.

Proposer l’immersion, ce n’est pas faire preuve d’archéologisme. Les recherches actuelles inclinent d’ailleurs à penser que l’Église ancienne ne pratiquait pas l’immersion totale ; selon toute vraisemblance, le baptême devait s’accomplir de la manière dont on voit si souvent représentée la scène du baptême de Jésus : l’eau du Jourdain lui montant jusqu’aux genoux ou à la taille, tandis que Jean Baptiste lui verse de l’eau sur la tête. Ultérieurement on a connu, pour les, enfants, des cuves où ils étaient plongés verticalement. Il semble que le geste soit plus beau s’il peut être exécuté horizontalement.

On comprendra que les raisons pratiques ne font pas le poids devant l’intérêt théologique et liturgique de l’immersion. On objecte en effet fréquemment que la chose est difficile à réaliser : le lieu doit être approprié — heureusement !—, il faut déshabiller l’enfant et le rhabiller, il faut surtout chauffer l’eau. Mais ces gestes, que je sache, sont exécutés chaque jour pour le bain de l’enfant ; il ne doit pas être plus difficile de chauffer de l’eau pour un baptême que pour le bain quotidien l Quant au rhabillage, on peut en occuper le temps parle chant et la musique. On pourrait aussi, et mieux, trouver un vêtement blanc, et chaud, à enfiler facilement.

On a envisagé principalement ci-dessus, l’immersion d’un bébé. Il devrait en être de même, analogiquement, pour les adultes, sans tomber dans le réalisme plat des baptêmes dans les piscines municipales. En ce domaine, la recherche est à poursuivre.

Tout l’intérêt de l’immersion, on l’aura compris, réside dans son expressivité gestuelle Ceci suppose une compréhension des sacrements qui n’oppose pas, comme c’est le cas trop souvent, le contenu théologique et la liturgie. Celle-ci n’est pas de nature rationnelle. Elle fait appel aux éléments de la création, elle en touche notre corps, elle aiguise notre sensibilité, pour nous faire entrer plénièrement dans l’œuvre de Dieu.

Puisse-t-il lui-même nous y plonger.

Paul DE CLERCK Directeur de l’institut supérieur de liturgie, Chroniques d’art sacré n°44, 1995

Illustrations vignette : Baptistère de Mamsit dans le désert du Negev

[Du baptistère à

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