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Sacrifice

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Dieu dans son royaume.

Le type du sacrifice est alors l’holocauste où, comme l’indique l’étymologie, la victime est « entièrement brûlée » : elle s’en va vers Dieu en fumée. L’immolation n’est pas principale, mais constitue simplement la condition négative qui s’impose, pour le but positif du « passage » ; elle prend néanmoins une valeur d’expiation ou de purification, car l’homme est toujours indigne d’approcher Dieu.

Alors que, dans la perspective du sacré immanent, c’est Dieu qui vient, pour ainsi dire, s’asseoir à la table de l’homme, dans la perspective du sacré transcendant, c’est l’homme qui, symbolique­ment, rejoint Dieu à sa propre table. Dans les deux cas, la structure est celle d’un repas. Ce n’est pas fortuitement, donc, que la dernière Cène du Seigneur donne le sens du sacrifice du Calvaire, et que le Royaume des cieux est présenté sous la forme d’un banquet où le Seigneur lui-même servira les siens à sa table (cf. Lc 12, 37).

Le sacrifice unique du Calvaire, tel que l’Eucharistie ne cesse de l’actualiser, est l’acte sacré par excellence (voir Sacerdoce), dans les deux perspectives qui viennent d’être définies. L’humanité du Christ est le temple de la Gloire divine : elle est suprêmement « touchée » par Dieu, car elle appartient à la Personne même du Fils de Dieu. L’incarnation, c’est l’amour divin descendant chez nous pour habiter avec nous (cf. Jn 1, 14) ; son chef-d’œuvre est l’acte du Père qui nous livre son Fils, et l’acte du Fils qui se livre pour nous sur la Croix.

Non seulement l’Eucharistie nous rend convives de Celui qui s’est livré, mais encore elle nous donne, comme aliment, son propre corps et son propre sang. Telle est la perfection du sacrifice du point de vue descendant. — En mourant sur la Croix, le Christ mérite pour lui-même et pour nous l’accession au temple qui n’est pas fait de main d’homme (cf. He 9, 11-12, 24). Par sa mort libre­ment acceptée, Jésus mérite l’entrée de son humanité dans la Gloire. Ce que recherchaient les holocaustes et autres « rites de passage », la Pâque du Christ l’a obtenu effectivement pour son humanité, et en espérance pour nous tous.

L’Esprit Saint, qui est au cœur de la vie divine, est aussi celui qui donne l’élan de la descente comme de la montée ; il n’est pas, sans lui, de sacrifice. La liturgie chrétienne n’a son âme véritable que si elle reçoit, par l’Esprit, le dynamisme divin qui nous porte à la rencontre de Dieu (voir Liturgie), dans l’attente de notre par­faite insertion dans la vie trinitaire, où nous « ferons pleinement le sacré », exerçant la vie même de Dieu.

Dom Robert Le Gall – Dictionnaire de Liturgie © Editions CLD, tous droits réservés

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