Lettre d'information

Vedettes et mal-aimés du lectionnaire des saints et messes rituelles

Accueil > Liturgie > Vedettes et mal-aimés du lectionnaire des saints et messes rituelles

ouvrait leur couple à une nouvelle dimension de l’amour, et le choix de cette lecture signifiait visiblement cette envie de décentrement. Pour une fois, au moment de la célébration, j’ai eu le sentiment de ne pas construire mon homélie sur un malentendu. D’emblée, j’ai pu offrir à l’assemblée une parole fraiche, théologale, en exposant la particularité de l’amour chrétien qui n’est pas seulement choix réciproque, mais réponse à l’appel de Dieu.

Le deuxième cas est lié à une célébration de funérailles. Monique, 70 ans, était une fidèle de la messe dominicale. Elle venait de mourir au terme d’une « longue maladie ». Ses enfants avaient choisi d’entendre le début de la grande prière de Jésus avant sa passion, développée au chapitre 17 de l’évangile selon saint Jean. Prier pour les autres et les porter à Dieu, c’est ce que Monique avait fait pendant toute sa vie. J’ai pu m’appuyer sur cet évangile pour évoquer à quelle ouverture à Dieu la foi nous invite devant l’échéance de notre mort ; et la prière universelle, qui insistait sur la dignité des personnes en fin de vie, a pu résonner ainsi d’une manière très particulière.

Quelques pistes pastorales

A la lumière de ces deux exemples, nous pourrions nous demander quels sont les facteurs qui favorisent un tel choix. Comment aider ceux que nous rencontrons à tirer un vrai profit de la richesse offerte par le lectionnaire rituel ? Mon expérience m’inspire trois conseils…

Sachons d’abord formuler la question dans les bons termes. Si nous espérons un choix avisé, précisons d’emblée l’état d’esprit dans lequel nous souhaitons travailler. Évitons ainsi les propos qui risquent de faire croire que le texte biblique ne sert que d’illustration (« Choisissez ce qui vous plait, ce qui vous parle, ce qui vous ressemble »). Préférons une formulation qui aide à comprendre que la Parole qui sera lue vient de plus loin que nous (« Choisissez ce qui vous touche, vous étonne, vous apprend quelque chose sur Dieu »).

N’oublions pas de présenter brièvement l’éventail des choix possibles en les contextualisant. Redisons en quelques mots ce que sont l’Ancien et le Nouveau Testament. Soulignons la variété des genres littéraires. Rappelons que ces textes constituent un vrai trésor parce qu’ils ont traversé les générations et ont été reçus comme Parole de Dieu capable de nourrir notre vie.

Enfin, n’hésitons pas à proposer nous-mêmes ce qui nous semble convenir. L’éventail du choix ne suffit pas à garantir la liberté quand celle-ci n’est pas éclairée. Rien n’est plus tyrannique que de refuser de transmettre son expérience. Exposons-nous à la Parole que nous voulons faire goûter. Ce que nous en savourons nous-mêmes donnera alors envie à d’autres de s’attabler à nos côtés pour s’en nourrir à leur tour.

Olivier Bourion

Prêtre du diocèse de

<< 1 2 3 >>

Enregistrer au format PDF  Version imprimable de cet article

Sur le même thème :