Lettre d'information

La fraction du pain [2]

vont être données, à la communion. Mais chaque participant recevant une part du corps sacramentel du Christ devient, par la même, ce qu’il reçoit, selon la très forte formule de saint Augustin : “Devenez ce que vous recevez.”

Par la fraction du pain, on va donc du corps sacramentel rompu, à la construction du corps mystique. L’unique pain mis en parts fait des participants un unique corps.

En fait, il s’agit là de la théologie la plus classique. Mais il semble bien que cette compréhension de l’eucharistie ne soit pas très bien passée dans la mentalité commune des fidèles. Est-ce une conséquence du fait que, pendant près de mille ans, on a très peu communié (au moins une fois l’an, à Pâques, se trouvait déjà obligé de demander le IVe Concile de Latran, en 1215) ? Est-ce une conséquence du fait que, pour contrebalancer cette absence de communion et pour maintenir l’importance de l’eucharistie, la piété populaire stimulée par le clergé, mit en relief le culte de la Présence réelle pour elle-même, parfaitement légitime par ailleurs, mais insuffisante si elle ne conduit pas à la communion ? Toujours est-il qu’il y a là un manque qui ne sera comblé que par une juste restauration de l’importance donnée au geste sensible et signifiant de la fraction du pain.

3 - Sacrifice de communion

Un acquis plus récent, dû aux progrès de l’exégèse et des sciences liturgiques, vient renforcer notre insistance sur le poids de la fraction du pain. Cet acquis concerne ce que nous avons mentionné plus haut au sujet du sacrifice juif de communion (ou de paix). Nous disions que de l’agneau offert en sacrifice, il était fait trois parts pour que soit établie une communion de convivialité entre Dieu, le prêtre et telle famille célébrant la Pâque. Or, l’eucharistie est bien une communion à Dieu par l’intermédiaire de la manducation d’une victime sacrifiée, le Christ ressuscité après avoir été mis à mort au calvaire. Le rapport à l’agneau pascal est clair : “Voici que le Christ, notre agneau pascal (notre Pâque) a été immolé (1 Corinthien 5, 7).” Mais, dans le sacrement de l’eucharistie, nous avons du pain, et non un agneau ! Expliquons-nous.

Le sacrifice du Christ est parfait et unique (Hébreux 10, 12) ; il a eu lieu “une fois pour toutes” (Hébreux 7, 27 ; 9, 12 ; 10, 26). Dans l’eucharistie, le Christ ressuscité continue bien à s’offrir à son Père, mais de façon non sanglante. Puisque le sacrifice du Christ est unique et parfait, il n’est pas question que soit encore versée une seule goutte de sang. Or, Jésus lui-même, pour maintenir sa présence offerte au delà de sa vie terrestre et de sa mort, a remplacé l’agneau par ce qui l’entourait, dans le repas pascal, à savoir la galette de pain et le vin. Jésus remplace l’agneau partagé par le pain rompu, et le sang versé par le vin consacré. Mais l’acte pascal de l’agneau

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