Lettre d'information

Le chant et le rôle de la chorale

Par Louis Groslambert

attention ! L’overdose de chants nouveaux fait qu’au lieu de chanter « par le cœur », l’assemblée est condamnée à ne jamais dépasser le stade du déchiffrage.

Plus qu’un soliste, la chorale entraîne à chanter car elle donne une bonne image du chant collectif. L’assemblée qui entend un groupe, devine qu’elle peut se joindre à lui. Il est donc impératif que la chorale fasse entendre la polyphonie seulement lorsqu’elle est sûre que l’assemblée connaît bien la mélodie principale ! En effet, si une polyphonie vous arrive à l’oreille, votre réflexe n’est pas de chanter, mais d’écouter. Un bel unisson lors du chant d’entrée suggère que Seigneur veut rassembler ; un bel unisson lors de la profession de foi dit les liens des baptisés ; un bel unisson dans les acclamations eucharistiques exprime que nous chantons « d’une même voix »

Entraîner l’assemblée, c’est aussi dialoguer avec elle. Quand tout le monde fait tout, on s’épuise. Si la chorale dialogue avec les fidèles de la nef, elle se tait quand ces derniers assurent leur partie (sauf s’il faut les sécuriser). Le dialogue entre la nef et la chorale fait apparaître que l’Eglise est un lieu où l’on sait dialoguer et où l’on vit d’entendre les autres proclamer leur foi ; et de plus, le dialogue met en relief les actions et les personnes. Enfin, quand la nef entend la chorale seule (par exemple pendant le chant des couplets), elle reçoit d’elle le bon modèle de style et de tempo qu’elle avait peut-être perdu quand, au long du refrain, elle se laissait gagner par la lourdeur et la lenteur. Pour réaliser des dialogues intéressants, il convient que le responsable recherche des mises en œuvre qui ne soient pas systématiquement toujours les mêmes de manière à structurer le temps de manière active et volontaire. Un tel art de la mise en œuvre fait de la nouveauté à l’intérieur d’un programme. Du coup « c’est toujours la même chose » (le rite est sécurisant) mais « ce n’est jamais la même chose » (on rend le rite vivant). Cela n’est possible que grâce à la chorale.

La chorale entraîne parce qu’elle remplit cette double fonction : elle fait du connu avec de l’inconnu (elle aide à s’approprier des chants nouveaux) et elle fait de l’inconnu avec du connu (en renouvelant les mises en œuvre, elle stimule les esprits et les cœurs).

Tout ceci concerne les moments où le chant de l’assemblée est requis (chant d’ouverture, chants de l’ordinaire, dialogue, hymne après la communion). Mais il est des moments où l’acte liturgique ne suppose pas la voix de l’assemblée qui participe alors en écoutant. Avant le premier chant d’assemblée, la chorale peut ouvrir à la prière par un chant fait d’un beau texte et d’une belle musique à l’unisson ou en polyphonie ; après la Parole, elle peut prolonger la méditation par un chant dont le texte reprend des expressions de la

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